Togo-Fovi Katakou : « Il nous faut un prototype nouveau de Togolais »

Les Togolais ont-ils besoin d’une «réinitialisation mentale collective » pour mieux mener la lutte pour le changement démocratique et la faire aboutir ? La question peut faire dresser des cheveux sur des têtes. Mais c’est la solution (sic) identifiée par Fovi Katakou, un des responsables du mouvement citoyen Nubueke, face à certains comportements nuisibles ou encore ce qu’il appelle une « mentalité primitive » constituant un obstacle à la lutte de libération et une tendance à nuire et détruire l’autre qu’il trouve au Togolais.

«J’ai longtemps refusé l’idée de ces mentalités primitives de notre société en l’attribuant à la dictature et à la misère (…) J’ai eu à faire un débat avec un homme politique pour comprendre la psychologie collective togolaise de lutte. Il m’a parlé de la nature méchante du Togolais. Les quelques pas dans l’engagement citoyen actif nous montrent à chaque niveau ces mentalités primitives qui caractérisent les Togolais », déplore le concitoyen.

« Personne ne vous a tenu la main pour être engagé. Mais si vous cherchez à créer un environnement propice aux autres pour qu’ils ne subissent pas les mêmes difficultés, c’est là où vous verrez ce qu’est la nature togolaise. Avec cette nature du Togolais, vous tenterez de dire qu’on n’a pas besoin d’accompagner un homme ou une femme pour réussir ou lutter», fait observer l’activiste de la société civile et de l’opposition engagé et de tous les combats malgré son handicap physique et les tribulations qu’il subit.

« Quand nous étions à l’Université, les gens dénigraient devant nous les leaders avec des faits et arguments non vérifiables. Mais aucun d’eux n’est capable de nous accompagner à devenir les leaders qu’ils veulent pour le peuple togolais », se souvient-il, et d’ajouter : « Des gens sont très virulents envers les leaders de l’opposition, mais mettez-les dans un regroupement pour une action collective, vous allez les découvrir dans trois mois, six mois, au plus trois ans ce qu’ils sont vraiment. Des gens crient que les leaders ne tracent pas la voie aux plus jeunes, qu’ils ne cherchent que pour eux. La personne qui crie fort, si vous avez de l’argent, une connaissance pratique nécessaire pour la lutte, essayez de l’accompagner ; au plus trois ans, si vous ne vous en débarrassez pas, vous risquez de sombrer ».

Fovi Katakou est convaincu que la société togolaise « est constituée des hommes et femmes aux mentalités de virus, parasites et de vers destructeurs » qui ne luttent pas, et « si vous les voyez autour d’un leader, c’est qu’ils ont leurs calculs ou ils sont en mission. Et généralement ceux qui viennent détruire l’image, la crédibilité d’un leader, ce sont toujours les proches collaborateurs ». Pour le compatriote, « pour ne pas subir le même sort que les SANKARA, LUMUMBA pour l’instant », il est impératif d’«être vigilant et les écarter simplement ».

« Toute personne en lutte pour un Togo meilleur, prospère et libre doit prendre conscience de ces différents états d’âme des Togolais. C’est ce qui va permettre d’identifier rapidement les prototypes d’hommes et femmes qui constituent des freins, obstacles pour une entreprise, un projet collectif, une lutte de libération. Une fois identifiées, ces personnes doivent être écartées sans état d’âme », indique M. Katakou.

« L’extrême précarité, le manque permanent font que les gens sombrent dans la haine, l’envie de l’autre. De même les modèles de réussite que la dictature familiale a créés font que beaucoup trouvent normal de détruire l’autre pour son intérêt personnel », déplore l’activiste, et de formuler des pistes de solutions « pour préserver la vie des leaders, des jeunes qui émergent du poison de la jalousie, de l’envie».

Pour la réussite de la lutte pour le changement démocratique, le compatriote appelle à la vigilance et à l’élimination des attitudes mentales pouvant constituer un frein. « Nous avons déjà un problème avec la violence, la propagande du système. Mais si nous laissons l’envie, la jalousie devenir une arme de destruction de la lutte, ça va être simplement une perte de temps inutile. Car nous pouvons déconstruire, mettre fin au moins à la jalousie, à l’envie », dit-il, et d’ajouter, sentencieux : « Nous devons réinitialiser la conscience collective togolaise pour un prototype nouveau de Togolais ».

Dont acte.

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