Après deux mois de séjour à Lomé et de retour en Allemagne, j´ai fait un triste constat sur le plan politique. C´est que les Togolais eux-mêmes se créent des obstacles et ceux-ci pourront profiter encore au régime en place, les années à venir. Ces obstacles sont à deux niveaux et ont tous, un dénominateur commun : l´égoïsme et l´indifférence généralisée. L´un est observé chez les leaders des partis politiques et le second au sein de la population chez les Togolais lambda qui, pourtant souffrent.
Le premier niveau concerne les partis politiques. Au Togo, lorsque les leaders d´un parti politique par exemple, constatent qu´ils perdent la confiance du peuple ou qu´ils sont en train de perdre irréversiblement cette confiance, ils glissent ostensiblement vers le parti au pouvoir, RPT/UNIR et cela peut se constater désormais chez les leaders de l´ANC. Leur position me paraît inquiétante car certains dans leurs propos viennent souvent soutenir l´intervention des membres du gouvernement alors que ce n´était pas le cas avant les élections présidentielles de 2020. Des fois même, ils se muent dans le silence total quand il s´agit de critiquer le gouvernement pour une raison ou une autre alors qu´avant, ils critiquaient régulièrement l´action du gouvernement. Ils ne sont plus virulents dans leur critique vis- à-vis du gouvernement comme ils l´étaient avant. C´est un constat flagrant et tout le monde le voit.
Ce changement de posture est dangereux pour la lutte de l´opposition. Non seulement il est dangereux pour l´opposition dans son ensemble (car c´est un grand parti qui a un rôle à jouer, même minime pour l´alternance) mais aussi il constituera davantage un frein pour cette alternance pour laquelle ils ont toujours lutté dans le passé. L´ANC n´est plus un parti politique sur qui on peut compter au Togo pour l´Alternance, parce que les leaders de ce parti ménagent désormais le régime en place dans leur critique. C´est purement tactique, dans l´espoir de pouvoir bénéficier désormais des faveurs du régime pendant les élections prochaines pour reprendre leur première place du parti de l´opposition. C´est la stratégie que je vois dans le comportement des leaders de l´ANC quand j´analyse leur sortie des fois pour défendre certains membres du gouvernement dans leurs propos. Mais ça peut se retourner contre eux-mêmes car un régime dictatorial n´est jamais reconnaissant à ses bienfaiteurs. Quel service RPT/UNIR a pu rendre à UFC si ce n´est l´ingratitude et déception après leur ralliement en 2010. L´ANC sera aussi déçue si elle ménage UNIR dans les critiques. Leur tactique ne va jamais payer. Les gens de RPT/UNIR ne cherchent toujours que la part de lion. Ils sont toujours insatiables quand il s´agit des intérêts particuliers. L´intérêt commun ne les intéresse pas. Ils ont transformé le Togo en une entreprise privée qu´ils gèrent à leur guise sans rendre des comptes à personne.
L´ANC joue maintenant solo. Elle veut aller seule et au pire des cas, glisser vers RPT/UNIR pour que le régime lui attribue un score honorable lors des prochaines élections afin de reprendre sa place de premier parti de l´opposition. Cette attitude est dangereuse pour l´alternance. La raison est simple à observer. Elle perd du terrain et comme elle constate qu´elle perd du terrain, elle glisse vers le parti au pouvoir en le ménageant car elle ne trouve plus d´espoir au sein de la population pour parvenir au pouvoir un jour, compte tenu de son refus de soutenir DMK lors des récentes élections présidentielles. La majorité des Togolais ne leur pardonne pas cela, et les leaders de l´ANC le savent maintenant. C´est pourquoi ils multiplient les sorties et font des interviews, ces derniers temps comme c´est le cas tout dernièrement de Jean-Pierre Fabre lui-même dans une longue interview. Leur espoir repose désormais sur l´aide du parti au pouvoir pour prétendre venir au pouvoir un jour au Togo. D´où leur stratégie de ménagement du parti au pouvoir. L´analyse politique se fait à base des comportements des acteurs politiques. Leur comportement est regardé à la loupe et s´analyse.
Ils préfèrent maintenant critiquer la DMK que de critiquer le parti au pouvoir et sa politique.
C´est une attitude des leaders de l´ANC qui voudrait dire : « Nous avons perdu note popularité au sein de la population. Notre seule chance maintenant est de ménager le régime sinon on sera grillé des deux côtés ». Mais en se comportant ainsi, ils s´enfoncent de plus en plus et perdent du terrain.
Le Togo n´a plus de parti d´opposition crédible face à ce régime. Cela démoralise la population dans la lutte.
Aucun parti ne peut plus appeler la population de sortir dans la rue pour la manifestation contre ce régime et cette dernière sortira car la confiance n´existe plus, du moins ANC ne pourra plus le faire. La population préfère plutôt se livrer à ses quotidiens et compter sur elle-même pour survivre face à ce régime insensible à la souffrance des Togolais que d´obéir aux mots d´ordre de l´opposition très divisée et opportuniste. Face au constat de ce fait d´autodestruction, le régime se frotte les mains.
Même quand les responsables du mouvement des femmes contre la vie chère lancent des mots d´ordre pour s´habiller en noir, les femmes du marché ne respectent pas cela. Quand on silllonne les marchés, on ne verra pas les femmes s´habiller en noir alors que cette vie chère touche tout le monde et ce mot d´ordre de s´habiller en noir, vient d´un mouvement de société civile. C´est aussi un autre paradoxe que j´ai constaté à Lomé. Les gens ne comptent plus sur les partis politiques de l´opposition en place, moins encore sur les mouvements de société civile. Cette indifférence généralisée peut interpeller chacun de nous. C´est une crise de confiance qui s´observe au Togo. On souffre et subit mais on reste bizarrement passif sans réagir face à la douleur de sa propre souffrance. Seuls les psychologues politiques qui connaissent mieux l´histoire du Togo et son peuple, peuvent étudier ce comportement bizarre chez les Togolais de tous les âges. Ils donnent l´impression qu´ils ne souffrent pas alors qu´ils souffrent.
Pour faire renaître ce sentiment de confiance chez les Togolais en vue de leur donner encore d´espoir du changement, il faut vraiment de nouvelles têtes, sorties de nulle part pour créer des surprises au régime en place comme l´avait fait Tikpi Atchadam en 2017. Cette crise de confiance va s´installer durablement dans les esprits des Togolais. C´est fini. Les leaders des partis politique en place n´auront plus la confiance des Togolais. Ces derniers se sentent trahis et prennent les hommes politiques togolais pour des vendus ou qui ne cherchent que leurs intérêts personnels face à ce régime.
Le second niveau des problèmes qui constitue des obstacles au changement au Togo est le comportement de tout un chacun des Togolais que j´ai observé lors de mon séjour. Chacun cherche seulement pour lui-même et non pour l´intérêt général. Ça aussi peut affaiblir l´acteur politique qui vient et veut s´engager. Les gens sont prêts à tout pour saboter les mobilisations de l´opposition ou de leurs camarades. Il suffit que le régime en place leur donne des miettes ou leur promette quelque chose. Ce que les autres réussissent ailleurs pour le changement, si au Togo on ne peut pas le faire, c´est qu´il y a un problème et ce problème il faut le chercher et l´identifier chez les Togolais eux-mêmes. Cet individualisme ou cette indifférence vis-à-vis de sa propre souffrance ne rend pas la lutte politique facile.
Si quelqu´un qui vient de la diaspora, constate ces faits d´indifférence et d´individualisme au sein de la population, il va se demander pourquoi se sacrifier pour un peuple qui accepte sa propre souffrance ? Quand il voit cette ambiance, il est démoralisé. C´est comme s´il allait perdre seulement son temps, son énergie et le peu d´argent qu´il a pour se nourrir et nourrir sa famille, pour un peuple qui ne réagit plus ou ne veut plus réagir face à sa propre souffrance. Il verra tout cela comme un sacrifice inutile. Une seule personne ne peut pas mener une lutte pour un peuple qui ne veut pas se libérer lui-même.
Mais je dois dire aux Togolais de ne pas perdre d´espoir ni de confiance. On peut y arriver à condition que les gens sachent une chose :
Celui ou ceux qui peuvent faire sortir le Togo de cette situation doivent avoir deux caractéristiques : d´abord le régime ne peut jamais les avoir sous quelque forme que ce soit pour les corrompre ou les intimider. Il faut avoir le courage pour affronter ce régime et ne pas se laisser intimider. Ensuite celui-ci ou ceux-ci ne peuvent jamais se laisser influencer par la France ou avoir peur d´elle. Leur rapprochement avec celle-ci sera minime ou même quasi inexistant. Il faut observer ces deux caractéristiques chez les acteurs politiques au Togo avant de faire confiance à X ou Y dans la lutte politique si on veut vraiment se libérer, non seulement de ce régime mais aussi de la France.
Ce sont ces gens-là qu´il faut détecter au sein des hommes politiques togolais pour les soutenir et les encourager. Il y a un sentiment qui doit animer aussi les Togolais : la lutte politique n´est pas une affaire personnelle. On ne lutte pas pour soi-même mais pour un peuple. Mais lorsque celui qui lutte, a l´impression que le peuple considère sa lutte politique comme une lutte personnelle, ceci le démoralise. Ce changement de mentalité est aussi important si on veut atteindre l´objectif commun qui est le changement, puisque si le Togo change, il ne change pas pour celui qui se sacrifie et lutte mais le Togo changera pour tout le monde et pour les enfants de tout le monde, et non pas seulement pour la famille de celui qui lutte et se sacrifie comme certains ont tendance à le penser. La politique n´est pas une société. C´est un sacrifice commun car on vise un intérêt commun pour le bien-être de tout le monde.
Pensez-vous que c´est facile pour quelqu´un de laisser sa famille en Europe, que ce soit en France, en Allemagne ou partout ailleurs dans le monde et venir rester seul à Lomé pour la politique alors qu´il s´agit d´un intérêt commun et non familial? Si quelqu´un a ce courage ou audace, c´est qu´il aime vraiment son pays et il faut l´encourager. Mais s´il voit ou ressent le contraire, il va se démoraliser et repartir. La tâche qui nous attend au Togo est une tâche immense. Ça nécessite le sacrifice de tout le monde et d´encouragement pour ceux qui se lancent pour atteindre cet objectif commun.
Personnellement je m´y engage et me sacrifie pour cet intérêt général car j´ai envie d´apporter quelque chose de nouveau à mon pays et de le voir devenir un jour un beau pays pour les générations à venir. Je me convaincs que je ne fais pas la politique pour un individu ou un particulier mais pour mon pays, pour l´intérêt général. Quand par exemple j´ai toujours rêvé de voir un jour le Togoland nous revenir, c´est un rêve pour la grandeur de notre pays. C´est un sentiment patriotique qui m´anime depuis un certain temps, sinon à quoi sert de quitter l´Allemagne et laisser sa famille là pour venir à Lomé où tout coûte cher, même l´internet, et dans un pays où l´hôpital est un mouroir si par malheur on tombait malade. Il faut vraiment aimer son pays pour prendre ce gros risque de retour au pays. Ce courage n´est pas donné à tout le monde qui vit en Europe de revenir au pays, seulement à cause de la politique pour le bonheur de tout le monde. Ceux qui reviennent, pour la plupart des cas, c´est pour se ranger du côté du régime. Ils ne viennent pas pour lutter aux côtés du peuple ou pour la grandeur de notre pays mais pour leur ventre. En politique il faut mettre la dignité et l´honneur dans son action pour avancer.
Si moi, j´ai un soutien populaire un jour au Togo, je peux diriger le pays et le rendre grand à la taille de mon rêve que j´ai pour ce pays. La France saura ce jour-là qu´elle a rencontré garçon. Elle verra qu´il y a aussi des Togolais intraitables qui ne peuvent jamais vendre le pays comme il en est le cas aujourd´hui. Au même moment, l´Allemagne aussi dira qu´elle peut tout donner à son ancienne colonie car elle trouvera en moi un dirigeant fiable pour s´engager pour le Togo. Vous, les Togolais, vous verrez comment je ferai venir les ingénieurs allemands pour nous construire des usines industrielles et de technologie ainsi que celles de transformation de nos produits agricoles comme ils savent le faire chez eux ici en Allemagne et surtout la construction des chemins de fer de Lomé à Dapaong et d´Aného à Kpalimé sans parler même des hôpitaux de pointe avec des appareils derniers cris.
Dr chez pas quoi, votre diagnostic, tout le monde l’a fait depuis longtemps!!! Et maintenant on fait quoi? C’est ça la vraie question !!! Mgr Kpodzro a mobilisé les togolais pour réaliser l’alternance dans les urnes mais Faure Wetekle Gnassingbe, le gourou de la secte satanique RPT/UNIR, avec l’aide de son armée clanique et des hauts gradés de l’armée ne veut pas céder le pouvoir au vainqueur des élections, en reprimant dans le sang et la terreur toute contestation. Alors, on fait quoi???