Le conflit qui oppose les enseignants du Togo aux gouvernants serait-il révélateur d’un malaise beaucoup plus profond dans le secteur de l’éducation nationale ?
Il est bien connu que le travail a horreur du bruit.
Les gouvernants togolais ont, par conséquent, la responsabilité régalienne de créer, de favoriser et de maintenir les meilleures conditions pouvant garantir le droit à l’éducation des filles et fils du Togo.
Toutefois, la qualité de l’apprentissage ne peut être garantie si les enseignant(e)s, principaux acteurs de la transmission du savoir, sont méprisé(e)s et maintenu(e)s dans l’indigence voire l’esclavage.
En effet, la qualité du développement (économique, technique, scientifique, politique, social, écologique, etc.) d’un pays dépend largement des ressources (humaines et matérielles) investies dans l’enseignement de base.
La littérature scientifique et les témoignages font souvent état du caractère décisif de l’influence de l’enseignant(e) dans la réussite du parcours éducatif, académique ou professionnel des individus.
Enfin, au delà de sa pénibilité, le métier d’enseignant est très ingrat car il impose à celles et ceux qui l’embrassent de sacrifier leurs propres ambitions à l’aisance matérielle pour pouvoir garantir l’épanouissement des apprenant(e)s qui leur sont confié(e)s.
Pour preuve, combien sont-ils(elles), après leur parcours scolaire ou leurs formations, à chercher à savoir ce que sont devenu(e)s leurs enseignant(e)s d’écoles primaires ou secondaires ?
Combien sont-ils(elles), une fois dans la vie active, à se souvenir des peines que se sont donné(e)s leurs enseignant(e)s pour faire d’eux(elles) ce qu’ils(elles) sont devenu(e)s ?
À quand les états généraux de l’enseignement au Togo ?
Les méthodes et les contenus pédagogiques collent-ils toujours avec les besoins actuels pour assurer un développement harmonieux de notre pays ?
Les moyens consacrés à l’éducation nationale, les statuts des enseignants, etc. sont-ils à la hauteur des ambitions ou des objectifs visés par les gouvernants pour ce secteur clé du développement national ?
Comment impliquer efficacement les associations des parents d’élèves aux discussions et décisions qui engagent l’avenir de leurs enfants ?
Telles sont, entre autres, des questions auxquelles les acteurs de l’éducation nationale devront trouver, ensemble, des solutions adéquates et des pistes d’actions concrètes afin de pouvoir remettre l’enseignement au cœur du moteur de développement du Togo.
À la lumière du rôle crucial que joue l’éducation nationale dans le processus de développement du Togo, il est inconcevable de garder le silence ou d’adopter l’indifférence face aux tribulations subies par les enseignant(e)s qui n’ont fait qu’exprimer leurs légitimes aspirations à de meilleures conditions de travail et de vie.
Kokou Philippe AMEDODJI
Liège, le 15 avril 2022