Togo-Réaction et propositions d’un regroupement d’organisations de la société civile suite aux attaques terroristes

Onze (11) Organisations de la société civile ont réagi à l’égard des assauts terroristes contre le Togo. Dans un communiqué en date du 28 Juillet 2022, ces organisations ont invité toutes les forces vives du Togo à prendre leur responsabilité pour enrayer ces attaques. En voici la teneur :

Mouvements et Associations

ALCADES – ASVITTO – GAGL – GCD – GLOB – FDP– LCT – LTDH – MCM – MJS – SEET

DÉCLARATION

des organisations de la société civile consécutive aux attaques djihadistes : le Togo fait face à un péril national qui appelle au sursaut patriotique de toutes ses filles et de tous ses fils.

  1. Depuis novembre 2021, notre pays est la cible des entreprises djihadistes qui multiplient des attaques contre les populations togolaises. Au moins cinq attaques se sont succédées faisant de nombreuses pertes en vies humaines et des blessés dans les rangs des forces de sécurité comme chez les populations civiles. Le bilan peut être estimé aujourd’hui à plus de 30 morts, plusieurs blessés, des déplacés, ainsi que des dégâts matériels. L’atmosphère sociale reste la crainte, l’inquiétude et la psychose face à l’insécurité grandissante qui ronge le pays par le fait du terrorisme sans oublier les braquages.
  2. À ce climat de sérieux soucis que nous impose la recrudescence du phénomène djihadiste, viennent s’ajouter la confusion et l’absence manifeste d’une organisation et des stratégies efficaces pour la protection des populations civiles et des biens qui sont des responsabilités dévolues au chef de l’État et au gouvernement. La bavure militaire qui a supprimé la vie à sept adolescents togolais en est l’illustration qui marque une démarcation entre les propos qui vantent le professionnalisme de l’armée et la gouvernance d’une part, et la réalité de l’inefficacité des mesures de protection qui accroît la vulnérabilité des populations civiles vis-à-vis de la situation.
  3. Fort du constat du désastre social causé par la vie chère et du péril national dû à l’insécurité, il convient de situer les responsabilités de tous les acteurs de la nation :
    • Quant au chef de l’État et son gouvernement, il devient impérieux, de changer le paradigme de la gouvernance pour passer de l’égoïsme et du narcissisme au sens du partage des richesses du pays, du service et de l’obligation de reddition de compte, gage de la transparence et de la lutte contre l’impunité. Nos organisations demandent au gouvernement de considérer les conclusions pertinentes du rapport de L’ONG Konrad Adenaer Stiftung rendu public en mars 2022 et intitulé « la menace djihadiste au nord du Ghana et du Togo : état des lieux et perspectives pour contenir l’expansion ». À cet effet, l’adoption urgente d’une réelle politique d’ouverture, de comportements et actions moins frustrants ; la prises des mesures idoines pour atténuer les effets de la vie chère, la libération des prisonniers politiques et des syndicalistes, le retour des exilés politiques, le renforcement du dialogue entre les Forces de défense et la population civile, consisteraient en de véritables atouts devant créer une cohésion nationale et d’asseoir un processus inclusif et confiant de riposte contre l’avancée du phénomène djihadiste qu’il est hors de question de vouloir manipuler et instrumentaliser.
    • Quant aux Forces Armées Togolaises (FAT), nos organisations saluent le sens du sacrifice, l’encouragent et la volonté de protéger les populations contre les terroristes, qui doivent certes s’analyser à la lumière des résultats concrets enregistrés sur le terrain. Il serait mieux, dans l’intérêt de la nation togolaise, que le gouvernement du Togo fasse appel, sur des bases claires et pour une durée bien déterminée en fonction du contexte, au soutien des puissances étrangères plus expérimentées, si on est dépassé par la situation que de s’en enorgueillir en laissant les djihadistes tuer les populations. La vie est sacrée et la protection des populations et des biens doit être la finalité de toute armée et de toute coopération.
  • Quant à la classe politique de l’opposition démocratique, elle doit commencer par se dépasser et prendre en considération ses responsabilités vis-à-vis du désastre social et du péril national. Une dynamique unitaire cohérente, rigoureuse, désintéressée, plaçant le Togo, les Togolaises et les Togolais au-dessus de tout, s’impose à elle en vue d’apporter sa contribution par des stratégies pouvant impacter la gouvernance défaillante. Pour ce faire, nos organisations lancent un appel au leader du moment, conformément aux résultats de la dernière élection présidentielle au Togo, à poser, dans un sursaut patriotique, en plus et au-delà de ses revendications somme toute légitimes comme le confirme l’arrêt de la Cour de justice de la communauté CEDEAO ; ceci à travers des gestes patriotiques dignes d’un rassembleur autour de l’urgence de l’heure, en œuvrant au regroupement des partis politiques de l’opposition démocratique autour des revendications persistantes annoncées par le contexte et déclinées plus haut, et réalisables à court, à moyen et à long terme suivant un programme de vision.
    • Quant la société civile, nos organisations se félicitent d’être restées aux côtés du peuple et de la vérité. Elles rassurent et promettent de demeurer fermes dans la défense des principes et des valeurs humaines, de placer la dignité de l’homme au centre de toute préoccupation conformément à la déclaration universelle des droits de l’homme.
    • Quant à la population togolaise, nos organisations félicitent toutes les citoyennes togolaises et tous les citoyens togolais pour l’affection, la compassion et le soutien qu’ils apportent à leurs concitoyens de la région des savanes. Elles les encouragent à garder le sens du patriotisme et de fraternité dont elles ont fait preuve devant toute situation de crise et les appellent à plus de vigilance.
  • Enfin, sur la question relative à la mise des bœufs sous main de justice, nous prenons acte de la réunion d’explications entre les premières autorités du Togo et les populations de la région des savanes. Cependant, nos organisations réitèrent la nécessité de la mise sur pied d’une enquête indépendante en vue de faire la lumière sur cette affaire qui défraie encore la chronique au sein des populations et qui fait état de ce que plusieurs autorités de la région de la savane sont impliquées dans le bradage de le cheptel de bœufs. En considérant les propos non convaincants attribués aux autorités gouvernementales, il convient de gérer cette affaire sans esprit de parti en mettant sur pied une commission d’enquête indépendante pour faire la lumière et situer l’opinion. Les “raisons d’État” n’excluent pas la nécessité d’œuvrer à la manifestation de la vérité, sauf si l’on est dans la posture de caution à l’impunité.

Fait à Lomé, le 28 juillet 2022, Pour les organisations,

Le Président de la LTDH,

Me Célestin Kokouvi AGBOGAN

Tél. : +228 90 76 53 16 / +228 90 62 55 60 / +228 90 15 74 27

Courriels : [email protected] / [email protected] / [email protected]

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