Des affrontements entre éleveurs peulhs et paysans en terre togolaise ne datent pas d’hier. Pas plus que les drames qui en découlent. Dieu sait si les drames sont légion. Il arrive que les deux parties, non contentes de se regarder en chiens de faïence, en viennent aux mains, ou plutôt au couteau, jusqu’à ce que mort s’ensuive.
C’est ce qui est arrivé à un paysan dans le différend qui l’oppose à un éleveur peul dont le troupeau de bœufs voulait passer par son champ le 13 juillet dernier à Dansoupémé, un village sis dans la commune Bas-Mono 1. Le paysan s’opposait à cette traversée car, selon les informations recueillies, chaque passage se solde par la destruction de son champ de haricot.
« D’après la femme de la victime qui a assisté dans un premier temps à l’altercation entre son mari et le bouvier, c’est une habitude pour l’assassin de faire traverser leur champ avec ses bœufs. Le jour du drame, il était encore arrivé avec les bœufs et quand son époux voulait réagir, le Peulh a sorti un couteau. Ce qui a créé une altercation entre eux en présence de la femme et des enfants. Grâce au courage de la femme, elle a pu déposséder le bouvier de son couteau malgré quelques blessures. Par après, elle et ses enfants sont partis. Quelques instants après, toujours selon l’information donnée par la femme, le Peulh a appelé trois autres frères au téléphone qui sont venus s’ajouter à lui. Et les quatre ont frappé son mari jusqu’à la mort », a relaté un élu local qui s’est rendu dans la maison mortuaire. Remontés, les habitants de Dansoupémé ont voulu s’en prendre aux bouviers qui ont trouvé refuge auprès du chef du village dans un premier temps, puis mis à la disposition de la gendarmerie d’Afagnan. Reste que le châtiment qu’on infligera au coupable ne saurait ramener la victime à la vie. Et on doute que la gendarmerie punisse avec la manière ce peuhl qui, à l’image des centaines d’autres, s’en sont toujours tirés à très bon compte dans des conflits qui les opposent aux cultivateurs pourtant victimes des ravages qu’occasionne chaque passage des éleveurs.
Il y a des espaces, comme ceux du Bas-Mono, qui ne peuvent se prêter au phénomène de transhumance, le lieu étant destiné à la culture vivrière. La transhumance, elle, demande plus d’espace que n’en dispose les champs ordinaires où des bœufs ne peuvent passer sans qu’il n’y ait dégâts. Ce drame arrivé dans la commune Bas-Mono 1 vient remettre sur le tapis la question du bien-fondé de la transhumance et l’élevage même des boeufs partout et n’importe où. Le gouvernement doit légiférer pour que ces éleveurs qui se croient tout permis laissent les paysans à leur soin. Permettre la transhumance dans des champs ne fera qu’engendrer des conflits de ce genre. En clair pour éviter des drames pareils, les autorités doivent interdire aux éleveurs leur passage dans des champs que leur troupeau de bœufs saccagent en toute impunité.
Source : Le Correcteur / lecorrecteur.info