Directrice de la galerie Anidosse, Atafèinam Belei, dans cette interview exclusive, parle des difficultés que rencontre l’art togolais, ce qu’il faut faire pour que les artistes puissent s’exporter. Elle est revenue également sur les Résidences internationales de créations artistiques et culturelles (RICAC) qui auront lieu à Tsévié, en début d’année prochaine. Lisez plutôt.
Est-ce que vous pouvez nous parler un peu de la Galerie Anidosse ?
Pour faire face aux nouveaux enjeux et défis de la mondialisation, nous avons décidé de créer un lieu de mise en commun et de mutualisation des expériences des artistes Plasticiens créateurs, des collectionneurs, des marchands et professionnels d’arts, pour aborder les fondamentaux de l’art.
Ainsi, la galerie Anidosse est un lieu de rencontre entre artistes, amateurs, marchands et professionnels d’arts. Elle offre divers services artistiques, principalement dans le domaine de l’art contemporain africain dans toute sa diversité avec une double mission :
-communiquer pour rendre visible les créations : c’est mettre en scène le travail des Artistes Plasticiens. Elle est le premier lieu où les œuvres des Artistes sont vues par un public large et anonyme, et où ces œuvres sont donc soumises à une appréciation et à une critique extérieure (environ trois semaines d’exposition).
– organiser des expositions des œuvres des artistes : c’est-à-dire confirmer une validation par le public du travail des Artistes. La galerie et les Artistes en ont besoin pour vivre, mais aussi pour être confortés dans leurs choix. L’art étant soumis à une appréciation toujours très subjective, ils ont besoin de cette confirmation.
La galerie Anidosse joue donc actuellement un rôle clé dans le développement et l’avenir de la carrière des Artistes Plasticiens qu’elle représente.
La peinture sur toile constitue l’orientation artistique principale de la galerie Anidosse. Mais plusieurs disciplines artistiques sont également abordées pour présenter un large éventail d’œuvres d’arts (sculpture, céramique,…).
Vous présidez également le Réseau international des artistes en arts visuels. Quel est son rôle ?
Le Réseau international des artistes des arts visuels, en abrégé RIA-AV est une association apolitique et à but non lucratif, régie par la loi n° 40-484 du 1er juillet 1901 et son décret du 16 août 1901.
Le but de l’association est de promouvoir le bien-être de l’artiste des arts visuels.
Pour atteindre ce but, RIA-AV s’est fixé comme objectifs :
– fédérer tous les artistes des arts visuels qui participent au maillage artistique et culturel de leur pays, leurs structures respectives et leurs actions afin de pérenniser et de mutualiser leurs perspectives d’émancipation sociale et économique, dans le contexte actuel de la mondialisation.
– favoriser l’essor économique et social des adhérents dans leur finalités et projets ;
– permettre la connaissance mutuelle et les échanges des expériences individuelles de terrain des artistes des arts visuels ;
– aider à la création, à la réalisation et à la diffusion des œuvres artistiques et culturelles des artistes des arts visuels;
– développer les pratiques artistiques et culturelles amateurs et professionnelles ;
– contribuer à la formation des personnels techniques et administratifs, ainsi que des membres du Conseil d’administration appartenant aux différentes structures membres.
RIA-AV a été enregistré par le ministère de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités locales du Togo
Vous préparez des Résidences internationales de créations artistiques et culturelles (Les RICAC) qui auront lieu à Tsévié, en début d’année prochaine. Est-ce qu’on peut en savoir davantage ?
Depuis longtemps déjà, le Togo regorge de talents artistiques plastiques qui sont très peu connus, ce qui constitue un des freins au développement des arts plastiques dans notre pays.
Pour y remédier, et surtout apporter sa pierre à l’édifice de la renaissance d’une dynamique artistique et culturelle togolaise, le Réseau international des artistes en arts visuels a mis en place le maillage artistique « de MARTO à MARMO » par lequel elle organise le projet des Résidences internationales de créations artistiques et culturelles dénommée « ART TO GO », ce qui signifie « L’Art pour avancer ».
Au titre de l’édition 2023 – 2024, le thème autour duquel seront organisées les productions artistiques est : « Une seule connexion, plusieurs cultures ».
Le but recherché au travers de ces résidences de créations artistiques et culturelles « ART TO GO », est d’asseoir, de manière durable, l’esprit de rencontre, de partage d’expériences et de brassage entre les artistes plasticiens du Togo (MARTO : Mouvement des artistes du Togo) et ceux du monde entier (MARMO : Mouvement des artistes du monde), autour d’une thématique définie à chaque édition.
Pour atteindre ce but, « ART TO GO » s’est fixé les objectifs suivants :
A court terme :
. faire de « ART TO GO », un Festival international des échanges d’expériences artistiques plastiques entre les Artistes participants ;
. organiser un esprit d’équipe et de brassages culturels autour des productions artistiques d’œuvres plastiques, de la part des artistes participants ;
. rapprocher les arts plastiques et les artistes plasticiens de la population ;
. mettre en valeur le rôle essentiel de l’art au service du développement humain et économique ;
. changer le regard du public togolais sur les arts plastiques, afin d’augmenter son niveau de consommation des œuvres d’art ;
. susciter des vocations pour la formation de la jeunesse en art.
A long terme :
. enrichir le Patrimoine de la création artistique plastique au Togo et à travers le monde ;
. créer un cadre de recherches entre les artistes participants, les professionnels des arts, l’enseignement académique des arts et des spectateurs visiteurs ;
. mettre en lumière les potentiels de créations artistiques plastiques et renforcer les capacités d’expression individuelles et collectives des Artistes participants ;
Ainsi donc, par ces rencontres de brassages artistiques plastiques, RIA – AV entend :
– renforcer les capacités des talents artistiques plastiques togolais entourés de leurs homologues des pays étrangers ;
– amener l’Art vers les populations afin qu’elles puissent l’apprécier et le consommer.
Quels sont les artistes nationaux ou internationaux qui pourront prendre part aux RICAC ?
Les artistes plasticiens membres de RIA-AV sont les organisateurs des RICAC « ART TO GO ». Ils seront entourés de leurs confrères togolais et d’autres pays dont les candidatures, soumissionnées, auront été retenues par le Jury international.
De façon générale, comment vous trouvez l’art togolais ?
L’art plastique togolais est, à ce jour, dans un piètre état ! Pourtant, nous l’avons précisé plus haut, qu’il regorge de talents, qui sont malheureusement peu connus.
En réalité, l’art plastique togolais est aujourd’hui en froid avec un leadership dynamique de référence, avec les principes du progrès artistique ainsi qu’avec les mécanismes régissant la mondialisation !
Je cite pour compléments : la chaleur du début des arts plastiques au Togo est effrénée. Il en est de même avec son identité référentielle.
Quelle différence peut-on faire entre l’ancienne et la nouvelle génération d’artistes togolais ?
Pour aborder les fondamentaux de l’art plastique, l’ancienne génération savait motiver la création artistique, gérer et contenir les différends entre les artistes. Elle savait également placer l’intérêt supérieur de l’avancement de l’art plastique devant les menaces que représentent les distorsions.
La nouvelle génération a développé un individualisme nuisible et une solidarité de façade. Elle a ensuite instauré la concurrence entre les artistes plasticiens, dans un contexte actuel de la globalisation, où il faut justement unir tous les efforts pour être forts et vaincre l’ennemi qui nous retarde.
Selon vous, qu’est-ce qui fait que les jeunes artistes togolais peinent à émerger, à s’exporter ?
La théorie de l’évolution des espèces, développée par Darwin, nous enseigne que seules les espèces qui ont une grande capacité d’adaptation aux conditions environnementales survivent et se perpétuent. Nous lançons un vibrant appel aux artistes plasticiens togolais pour une résilience accrue aux nouvelles donnes mondiales de l’art plastique.
« Un peuple qui prend ses enfants par la main, est un peuple qui vivra longtemps ». Cette phrase n’est pas de moi, mais du journaliste Stéphane Peyron. J’en fais mienne pour inviter à la mise en place d’une véritable politique du mécénat de l’art plastique togolais, de la part des décideurs politiques et économiques de notre pays, le Togo.
J’invite, par ailleurs, les artistes plasticiens du Togo à taire leurs différends pour définir une vision commune des principes guidant la promotion de la carrière des artistes sur le plan national et sur le plan international.