2005, une année de bascule pour le Togo. A la mort du général Gnassingbé Eyadéma après 38 ans de règne sans partage, son fils, Faure Gnassingbé, accapare le pouvoir par un coup d’Etat, avec le soutien de quelques généraux. Suite au tollé des Togolais, et à travers le monde, il recule, puis organise une élection frauduleuse avant de s’installer à nouveau dans le fauteuil présidentiel. Un tour de passe-passe qui ne trompe personne.
Mais, alors que le Président de la Commission de l’Union Africaine, Alpha Oumar Konaré dénonçait avec vigueur ce coup d’Etat et excluait toute confiance à Faure Gnassingbé, le Président en exercice de la CEDEAO, Mamadou Tandja, et celui de l’Union Africaine, Olusegun Obasango, rangeaient bien vite leurs premières critiques en accompagnant l’élection frauduleuse. Ces deux institutions ont donc fermé les yeux sur cette captation du pouvoir qui s’est soldée par 500 victimes environ, selon le rapport commandé par les Nations Unies.
A l’époque, ces organisations vendaient subtilement aux Togolais que le fils du général, présenté comme jeune et bien éduqué, et surtout accepté par les généraux, était donc le mieux placé pour conduire le Togo dans la démocratie au bout d’un mandat de transition.
Après avoir accompagné un putschiste à prendre le pouvoir, durant 19 ans l’Union Africaine et la CEDEAO ont cautionné toutes les élections frauduleuses organisées par le régime en faisant fi des protestations des Togolais, alors que tout le monde constate clairement que Faure Gnassingbé s’accroche au pouvoir par la répression, la fraude électorale et la manipulation de la Constitution.
En 2019, sous prétexte de rétablir l’élection à deux tours que le régime avait supprimé de la Constitution auparavant, il remet à zéro les compteurs de son nombre de mandats. Bien que la CEDEAO cherche à limiter à deux les mandats présidentiels, elle se mure dans un silence assourdissant, laissant Faure Gnassingbé effectuer quatre mandats successifs.
Aujourd’hui, le chef de l’Etat togolais franchit le Rubicon en changeant tout bonnement la Constitution, sans jamais consulter ses concitoyens et sans leur mettre à disposition le texte de la nouvelle Constitution. En adoptant un système parlementaire, dans un contexte où les élections sont dénuées de toute valeur et que les institutions du processus électoral sont entièrement contrôlées par l’Exécutif, le chef de l’Etat togolais se garantit un pouvoir à vie, le vrai but poursuivi.
Ce dernier coup d’Etat constitutionnel est une ligne rouge franchie, ce que les Togolais ne comptent pas laisser passer. Cela donne à l’Union Africaine et à la CEDEAO l’opportunité de se mettre aux côtés des Togolais.
J’en appelle à ces deux organisations, afin que cette fois-ci, elles sortent du soutien inconditionnel à un chef d’Etat pour soutenir la lutte légitime d’un peuple qui a soif de liberté et d’un Etat de droit. Elles doivent contribuer à remettre de l’ordre dans la maison Togo, dans l’esprit de la CEDEAO des peuples. Cela fera grand bien à tous les Togolais soumis à une autocratie depuis 57 ans, et aussi à l’ensemble des ressortissants de la CEDEAO. Telle est l’espérance des Togolais.
Gamesu
Nathaniel Olympio
Président de Kékéli
Cercle d’Etudes Stratégiques sur l’Afrique de l’Ouest
Malheureusement, le cadavre en putréfaction de la CEDEAO n’a aucune dette envers les togolais! C’est du sentimentalisme, une erreur de jugement, de croire le contraire. C’est les togolais qui doivent faire le job, en sanctionnant nettement dans les urnes, dans un premier temps, le pouvoir familial qui s’est abrité derrière le RPT/UNIR, qui sert de cache-sexe aux violeurs récidivistes.
Au royaume des Gnassingbé, une campagne électorale est facile, dans un pays où tout est à faire, à cause de la paresse congénitale et impénitente de ceux qui se sont imposés à lui.
L’épisode de 2005 sur le président nigérian de l’époque, Olusegun Obasanjo est bien rappelé. Et il a suffi qu’une place permanente de l’Afrique au conseil de sécurité de l’ONU pour le Nigeria soit miroitée, pour que Obasanjo rentre dans les rangs. A l’arrivée zéro.
Mais la technique avait tellement bien marché qu’elle a été réutilisée en Côte d’Ivoire en 2011, lorsque l’Afrique du Sud de Thabo Mbeki est venue en aide à Laurent Gbagbo: une place permanente au conseil de sécurité que l’Afrique du Sud n’aura jamais. Ce que Mbeki regrettera plus tard.
Certains panafricanistes savent depuis un bon moment qu’il faut se méfier du Nigéria.
Soutien au peuple souverain du Togo!