Togo- 2025: Le front TPAMC appelle à l’unité et à la mobilisation pour sauver la République

À l’aube de 2025, une année cruciale pour l’avenir du Togo, Nathaniel Olympio, au nom du front « Touche Pas À Ma Constitution », dresse un bilan sans concession des épreuves sociales, politiques et économiques qui ont marqué le pays. Il appelle les Togolais, de l’intérieur comme de la diaspora, à l’unité et à la mobilisation pour construire une nouvelle République basée sur la justice, la liberté et l’intérêt général. Lisez!

Togolaises, Togolais,

Mes chers compatriotes sur le territoire national et dans la diaspora,

À l’aube de cette année déterminante, 2025, je m’adresse à vous, au nom du front « Touche Pas À Ma Constitution », avec gravité et une grande sincérité.

Personne ne l’ignore, l’année qui s’achève a été particulièrement éprouvante pour notre peuple, tant sur le plan social que sur celui des libertés publiques et de la vie politique. Je ne peux donc me contenter de vous présenter des vœux de circonstance, accompagnés des litanies habituelles, qui ne refléteraient pas notre pénible réalité du moment.

Sur le plan social

La précarité croissante de la population s’est généralisée. Elle s’est cruellement illustrée de manière singulière par la consommation de riz avarié, déversé sur un dépotoir à Lomé, sous les yeux de tous, y compris des pouvoirs publics. Personnellement, cet événement m’a fendu le cœur en 2024. Certains ont qualifié ce geste désespéré des Togolais d’inconscience ou de manque d’éducation. Je trouve cela à la fois injuste et cynique.

Ce geste est, au contraire, un cri de désespoir qui nous interpelle tous. Il est le tragique résultat d’une détresse causée par la faim, elle-même engendrée par la cherté de la vie. Ce drame vient s’ajouter aux souffrances quotidiennes liées au manque d’eau potable et à l’indisponibilité de l’énergie électrique.

Cette situation découle directement de la mauvaise gouvernance, qui entretient le cancer de la corruption tout en protégeant ses auteurs. Combien de temps infligera-t-on encore cela aux Togolais ? Cette gouvernance désastreuse explique également les situations dramatiques dans les préfectures de la région des Savanes, où plus de 33 % des jeunes sont au chômage et 76 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté.

Même à Lomé, la pauvreté ne cesse de croître, atteignant désormais 34 %. Les politiques sociales annoncées chaque année ne sont que des déclarations de pure forme, sans lendemain pour les Togolais. C’est dans cette atmosphère morose qu’est survenue la tragédie de l’effondrement de la passerelle d’Agoè, qui a coûté la vie à huit de nos compatriotes. J’ai une pensée, profondément émue, pour toutes les victimes. Ce drame illustre une gouvernance qui a perdu de vue l’intérêt général.

Pendant que nos familles s’enfoncent inexorablement dans la misère, Faure Gnassingbé se prépare à célébrer en grande pompe ses 20 ans au pouvoir, issu d’un coup d’État, et à commémorer la disparition de son père, le Général Gnassingbé Eyadéma, qui a laissé un Togo « socialement délabré, économiquement exsangue et politiquement divisé », pour reprendre les mots de l’actuel Secrétaire général du gouvernement.

Sur le plan des libertés publiques

L’année écoulée a été marquée par une restriction sévère de l’espace civique. Les libertés de réunion et de manifestation ont été confisquées, et des violences physiques ont été infligées à des acteurs politiques et de la société civile, pour empêcher des rassemblements ou des conférences de presse. Le député sénégalais Guy Marius Sagna en a été victime à Lomé.

Les médias, quant à eux, subissent une pression constante, entraînant une autocensure généralisée. Plusieurs journalistes courageux ont été privés d’antenne, emprisonnés ou contraints à l’exil. Même des jeunes mineurs ayant commenté le changement de Constitution sur TikTok ont été arrêtés abusivement. Dans nos prisons, au moins 93 détenus politiques croupissent derrière les barreaux, malgré les décisions de la Cour de justice de la CEDEAO ordonnant leur libération. Cette injustice doit être réparée d’urgence, et nos compatriotes, à la fois héros et martyrs, doivent retrouver leur liberté.

Sur le plan de la vie politique

L’événement le plus marquant – qui a franchi toutes les lignes rouges – c’est le changement de la Constitution dans des conditions illégales et illégitimes, sans consultation du peuple. Tout le monde l’a compris, le passage à un régime parlementaire vise uniquement à permettre à Faure Gnassingbé de conserver le pouvoir indéfiniment tout en supprimant l’élection présidentielle tant attendue par les Togolais.

Mes chers compatriotes de l’intérieur et de la diaspora

Malgré ce tableau sombre, l’espoir demeure, plus fort que jamais. Le front « Touche Pas À Ma Constitution » incarne cette aspiration collective à un Togo nouveau.

Pour 2025, notre feuille de route est claire :

1- Mettre un terme au désordre constitutionnel.

2- Libérer tous les détenus politiques.

3- Mettre en place une coalition nationale pour une transition démocratique dans le but de refonder une vraie République.

4- Offrir aux Togolais une gouvernance centrée sur l’intérêt général.

Notre stratégie repose sur trois piliers :

  • Une résistance pacifique et organisée, en créant les conflits, en dehors de toute forme de violence.
  • Une collaboration avec toutes les forces vives de la Nation avec lesquelles nous partageons les mêmes objectifs et avons des stratégies communes. Le rôle de la diaspora y est déterminant.
  • Une mobilisation nationale et internationale pour soutenir notre transition démocratique indispensable.

Nos parents et nos grands-parents, du Nord au Sud, se sont battus pour arracher des mains des colons l’indépendance de notre pays. C’est au tour de notre génération de faire son devoir et de libérer le Togo des mains de la dictature néocoloniale que nous subissons tous. J’appelle chaque Togolaise et chaque Togolais, à prendre sa part, courageusement, dans ce combat historique. Rejoignez nos comités citoyens, participez à nos actions de mobilisation, documentez et dénoncez pacifiquement les abus. Chaque geste compte, chaque voix compte. C’est sur vous que je compte.

L’unité est notre force. Notre diversité est notre richesse. Et notre détermination sera notre victoire.

Mes chers concitoyens, l’histoire nous regarde, droit dans les yeux.

Après 58 ans de ce régime dynastique et féroce, le temps du changement est enfin arrivé. Il est à notre portée, et nous le cueillerons, non par la violence, mais par la force de notre engagement et de notre sens du devoir.

Ensemble, construisons un Togo où la volonté du peuple est respectée, où les ressources nationales profitent à tous et où nos enfants peuvent rêver d’un avenir meilleur.

Que Dieu bénisse le Togo et protège son peuple en marche vers 2025, l’année de sa libération.

Nathaniel Olympio

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