Togo – Budget rectificatif 2024 : Des anomalies et des insuffisances dénoncées

Les députés togolais ont adopté, vendredi 27 décembre, la loi de finances rectificative pour l’exercice 2024. Le budget rectifié prévoit des recettes et dépenses estimées à 2 250,6 milliards de francs CFA, en hausse par rapport à la loi de finances initiale qui était fixée à 2 179,1 milliards de francs CFA. Cependant, cette adoption n’a pas fait l’unanimité, notamment au sein de la Dynamique de la majorité du peuple (DMP), dont la députée Brigitte Adjamagbo a exprimé de vives critiques.

Un processus jugé précipité

« Ce retard a eu pour conséquence la pression mise sur tout le monde et celle de comprimer le processus d’examen et de le bâcler, je dirai. Nous n’avons pas pris le temps de bien faire les choses, en violation de la loi organique relative aux lois de finances », a dénoncé Brigitte Adjamagbo. Des propos relayés par le confrère “Linterview.tg“. Selon la parlementaire, les travaux ont été expéditifs, ce qui a empêché une analyse approfondie et un dialogue constructif avec l’ensemble des membres du gouvernement.

L’élue de la DMP a fait part de son mécontentement concernant le déroulement des débats. « Nous avons eu à poser des questions. À certaines de ces questions, il y a eu des réponses insatisfaisantes. D’autres n’ont même pas été prises en compte. Les gens ont voulu rapidement adopter le budget et passer à autre chose », a-t-elle regretté.

Une dette écrasante et des investissements jugés insuffisants

Parmi les principaux points de discorde, Brigitte Adjamagbo a pointé la part importante consacrée au remboursement de la dette, qu’elle juge disproportionnée par rapport aux autres priorités. Bien que le gouvernement affirme que 49 % du budget sont alloués au secteur social, la députée demeure sceptique quant à l’impact concret de ces fonds sur les populations.

« Nous ne sommes pas convaincus de la prise en compte réelle des besoins sociaux. On n’a aucune idée de ce à quoi cela va servir concrètement et de l’impact sur les populations », a-t-elle indiqué. Elle a également critiqué la faiblesse des investissements, notamment ceux financés par les ressources internes du pays, déplorant une dépendance excessive aux projets extérieurs.

Une pression fiscale jugée excessive

La députée a aussi mis en garde contre l’impact des nouvelles taxes et des pénalités infligées aux petites et moyennes entreprises, ainsi qu’au secteur informel. « Il y a une pression trop forte sur les petites et moyennes entreprises. Il y a un risque de tuer ces entreprises », a-t-elle alerté.

Des ressources sous-exploiteées

Enfin, Brigitte Adjamagbo s’est interrogée sur l’apport limité des entreprises publiques au budget de l’État, en dépit des ressources stratégiques qu’elles gèrent. « À quoi nous sert d’avoir tous ces gisements de phosphates si la SNPT ne peut apporter une contribution substantielle au budget de l’État ? Ça sert à quoi d’avoir un port autonome en eau profonde avec des résultats négatifs ? Ça n’est pas normal », a-t-elle déploré.

Pour la Dynamique de la majorité du peuple, ce budget, tel qu’il est conçu, ne répond pas aux attentes des Togolais. Brigitte Adjamagbo appelle donc à un réexamen des priorités budgétaires pour garantir un développement inclusif et durable.

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