Le Ghana vient de vivre une nouvelle alternance politique à l’issue des élections présidentielles tenues ce week-end. L’ancien président John Dramani Mahama, candidat de l’opposition, a remporté le scrutin, marquant une victoire historique. Avec ce succès, le Ghana devient le cinquième pays africain cette année où l’opposition parvient à accéder au pouvoir. Dans cette tribune, André Kagni Afanou salue cette alternance politique et se réjouit de ce qu’il considère comme un retour de la démocratie en Afrique, rendu possible par des élections libres et transparentes. Lisez!
Un modèle de transparence et de maturité politique
Depuis le retour au multipartisme en 1992, le Ghana s’est distingué par son engagement envers des élections libres et équitables. L’attitude exemplaire de Mahamudu Bawumia, qui a reconnu sa défaite avant même la proclamation officielle des résultats, illustre cette maturité politique. En félicitant son adversaire et en appelant à préserver la paix, il a démontré que la démocratie peut être un jeu où la compétition se conjugue avec le respect des institutions et de la volonté populaire.
Cette capacité à organiser des scrutins transparents et à garantir une alternance pacifique est un témoignage de la solidité des institutions démocratiques ghanéennes. La commission électorale indépendante, les médias libres et la société civile vigilante ont joué un rôle déterminant pour assurer un processus inclusif et crédible.
Une leçon pour la sous-région
L’exemple du Ghana est un message d’espoir pour la CEDEAO et au-delà. En dépit des récents coups d’État (Mali, Burkina-Faso, Guinée Niger) et et des défis sécuritaires, des pays comme le Liberia, le Sénégal et désormais le Ghana rappellent qu’il est possible de consolider la démocratie en Afrique. Ces alternances ne sont pas synonymes de chaos, mais au contraire, elles incarnent une modernité politique où les dirigeants cèdent pacifiquement le pouvoir, renforçant ainsi la stabilité et la confiance des citoyens dans le système.
Au Sénégal, par exemple, l’opposition a récemment réussi à triompher dans un contexte économique et social tendu, prouvant que même dans des conditions difficiles, la démocratie peut s’imposer. Ces victoires rappellent que les citoyens aspirent à des gouvernements responsables et ouverts au changement.
L’alternance, une clé pour l’avenir
L’idée d’une alternance politique comme moteur du progrès et de la maturité démocratique prend tout son sens dans ces contextes. Elle permet aux anciens partis au pouvoir de faire l’expérience de l’opposition et d’apporter des contributions constructives au débat public. Loin de marginaliser les voix alternatives, les systèmes électoraux ouverts permettent à des candidats issus de l’opposition politique, de la société civile ou du secteur privé de participer pleinement à la gestion des affaires publiques.
Dans certains pays comme le Cameroun, le Congo-Brazzaville, la guinée Equatoriale, les dirigeants continuent, malheureusement, de considérer le pouvoir comme un droit divin. L’exemple ghanéen devrait inspirer une redéfinition des relations entre gouvernants et gouvernés. La démocratie ne doit pas se réduire à des scrutins réguliers ; elle doit offrir des opportunités réelles de changement et de participation inclusive.
L’espoir pour 2025 et au-delà
Alors que 2025 s’annonce comme une année cruciale pour plusieurs pays africains, les citoyens espèrent que les leçons tirées des exemples ghanéen, sénégalais et libérien inspireront des processus démocratiques crédibles et compétitifs. Le défi est de transformer les élections en véritables opportunités de choix pour les populations, loin des scénarios frustrants de scrutins tronqués.
Pour que cela devienne une réalité, il est essentiel que les dirigeants, guidés par une vision inspirée et démocratique, créent les conditions nécessaires pour des élections inclusives et transparentes. Cela implique le renforcement des institutions, la garantie des libertés fondamentales et l’ouverture des espaces politiques.
Une prière pour un avenir meilleur
Enfin, prions pour que le temps des « hommes providentiels » cède la place à une gouvernance collective, responsable et respectueuse des aspirations populaires. Que l’Afrique puisse bâtir un avenir où l’alternance politique ne sera plus une exception, mais la norme, où chaque citoyen aura la possibilité de contribuer à la gestion de la nation avec responsabilité et équité. Inspirons-nous du Ghana pour transformer nos systèmes politiques et offrir aux générations futures une Afrique démocratique et prospère.
Qu’on se le dise: ici ou ailleurs, l’alternance est possible. La démocratie est possible. Et avec elle, l’avenir est plein d’espoir
Par André Kangni AFANOU, Juriste, Militant pro démocratie, Défenseur des DH
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