Le président béninois, Patrice Talon, a effectué une visite remarquée à la caserne militaire de Dessa, située dans la commune d’Allada, au sud du pays, le lundi 30 décembre 2024. Cette visite avait pour objectif de rendre hommage aux forces armées béninoises, de renforcer le moral des troupes et de mettre en lumière les récentes avancées dans la modernisation des infrastructures militaires du pays. Cependant, au-delà des éloges à l’égard de ses soldats, certains passages de son discours semblaient s’adresser indirectement aux pays voisins membres de l’Alliance des États du Sahel (AES).
Lors de son allocution, Patrice Talon a exprimé la reconnaissance de la Nation à ses forces armées, soulignant leur dévouement à défendre le territoire et à assurer la paix et la sécurité des citoyens béninois. Il a également mis en avant la construction de trois cités militaires comprenant un total de 500 villas et logements d’appartements, répartis dans des villes stratégiques telles que Parakou, Allada et Ouidah. Ces nouvelles infrastructures, selon le président, visent à améliorer non seulement les conditions de vie des militaires, mais aussi la capacité opérationnelle des forces armées béninoises.
Cependant, c’est la mention de plusieurs nouvelles bases opérationnelles pour la lutte contre le terrorisme et l’insécurité transfrontalière qui a particulièrement retenu l’attention. Ces installations, d’une modernité impressionnante, sont désormais au cœur des préoccupations de certains observateurs internationaux.
« La construction des multiples bases opérationnelles pour la lutte contre le terrorisme et l’insécurité transfrontalière dont la fonctionnalité et le confort, sont tout aussi enviés, au point qu’elles sont suspectées d’être des bases étrangères occidentales », a affirmé le président Talon. Bien que sans nommer explicitement les pays voisins, cette déclaration semble viser directement les membres de l’AES, notamment le Niger, le Mali et le Burkina Faso, où les discours politiques plus larges visant à critiquer la présence militaire occidentale dans la région, se sont multipliés ces derniers mois.
Cette sortie fait écho aux récentes accusations du général Abdourahamane Tiani, dirigeant du Niger, qui a pointé du doigt le Bénin pour des allégations de formation de terroristes sur son territoire, ainsi que pour des accusations d’acquisition de drones chinois et d’accueil de bases militaires françaises. Il y a quelques mois, le Président de la Transition du Burkina Faso, Ibrahim Traoré, a porté des accusations similaires contre Cotonou.
Patrice Talon a pris soin de souligner que la construction de ces bases de lutte contre le terrorisme, bien qu’admirée, suscite des suspicions injustifiées. Il a ajouté, d’un ton ferme mais mesuré, que le Bénin n’a besoin de recevoir de leçons de personne en matière de souveraineté et de sécurité nationale. Son discours, sans remettre en cause la coopération avec les puissances occidentales, semble proposer une vision alternative à celle de ses voisins de l’AES, privilégiant un renforcement des capacités internes tout en maintenant des partenariats stratégiques internationaux.