Ghana : Les premières décisions de Mahama enflamment les débats

Le 7 janvier dernier, John Dramani Mahama a pris ses fonctions de président du Ghana pour son second et dernier mandat, et en l’espace de quelques jours, ses premières décisions ont déjà fait couler beaucoup d’encre. Le retrait des passeports diplomatiques et de service des anciens responsables du gouvernement, l’ouverture d’une enquête sur la gestion des fonds du projet de la Cathédrale Nationale, ainsi que ses nouvelles directives concernant la loi anti-LGBTQ+ sont au cœur des discussions.

Retrait des passeports diplomatiques et de service

Le Ministère des Affaires étrangères et de l’Intégration régionale a publié une liste des responsables affectés par le retrait des passeports diplomatiques et de service sous l’administration de Nana Akufo-Addo. Le 15 janvier, le Bureau du président a ordonné la révocation de tous les passeports diplomatiques et de service délivrés sous l’administration précédente. Cette initiative s’inscrit dans le cadre des efforts « visant à renforcer l’intégrité des documents de voyage officiels du Ghana et à garantir des engagements diplomatiques transparents ».

Dans un communiqué, le Ministère des Affaires étrangères a précisé que plus de 10 catégories de responsables étaient concernées, incluant des anciens ministres, des membres de l’ancien Conseil d’État, des hommes d’affaires, des leaders religieux et traditionnels, ainsi que des responsables du projet de la Cathédrale Nationale. Ces derniers sont invités à restituer leurs passeports avant le 24 janvier 2025.

L’enquête sur le projet controversé de la Cathédrale Nationale

Le président Mahama a annoncé son intention d’enquêter sur le projet de la Cathédrale Nationale, un emblème religieux de 400 millions de dollars, promu par son prédécesseur. Ce projet, censé être financé par des fonds privés, a suscité de nombreuses critiques, notamment en raison de son coût exorbitant et de son caractère jugé inutile dans un pays confronté à des difficultés économiques. Des accusations de mauvaise gestion des fonds publics ont également émergé, après que 58 millions de dollars en fonds publics auraient été dépensés à ce jour.

La Commission ghanéenne des droits de l’homme et de la justice administrative (CHRAJ) avait recommandé un audit l’année dernière, soulignant des violations dans le processus de passation des marchés publics. Mahama a confirmé qu’une enquête serait lancée prochainement. Bien qu’il n’ait pas exclu la possibilité de terminer le projet, il a affirmé que toute décision à venir prioriserait « la responsabilité financière et l’intérêt national. »

Une position nuancée sur la loi anti-LGBTQ+

Sur le dossier sensible de la loi anti-LGBTQ+, Mahama, qui n’était pas contre, a changé de ton : « Si nous enseignons nos valeurs à l’école, nous n’aurons pas besoin de faire passer une loi pour imposer nos valeurs familiales. C’est pourquoi je pense que, plus encore que la loi sur les valeurs familiales, il est essentiel d’établir un programme qui inculque ces valeurs à nos enfants pendant leur croissance, afin que nous n’ayons pas besoin de légiférer à ce sujet », a déclaré Mahama lors d’une rencontre avec des leaders religieux.

Le projet de loi, adopté à l’unanimité par le Parlement en février dernier, n’a pas été signé par l’ex-président Akufo-Addo, et la Cour suprême a décidé de ne pas se prononcer sur sa constitutionnalité. Toutefois, l’actuel président a laissé entendre que son gouvernement pourrait, dans le futur, réintroduire une nouvelle version de la loi anti-LGBTQ+, une idée qui continue de diviser l’opinion publique et les partenaires internationaux du Ghana. Ces derniers ont exprimé leurs préoccupations, avertissant que l’adoption d’une telle loi pourrait nuire à la démocratie du pays et affecter le soutien économique international.

John Mahama promet un gouvernement réduit



En parallèle de ces décisions controversées, John Mahama a également promis de réduire la taille du gouvernement, soulignant la nécessité de réduire les dépenses publiques par rapport à la gestion de son prédécesseur. Alors que les ministres de son gouvernement sont encore en cours de nomination, l’attention se porte sur la manière dont ces choix influenceront la politique et la gestion des ressources publiques dans les mois à venir.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *