On peut l’affirmer sans détours, la corruption et l’escroquerie sont devenues un mode de vie au Togo. La corruption s’est d’abord imposée et désormais plusieurs formes d’escroquerie se sont ajoutées.
Il y a-t-il un seul secteur de la vie dans ce pays qui échappe à la corruption? Non. Administrations publiques, entreprises privées, justice, police, armée, sports, santé, éducation, transport, services décentralisés, et même les églises, les mosquées, les couvents sont concernés. Là où se trouve un intérêt, il y a toujours la corruption, une obligation de donner des dessous de table, des pots de vin, ‘‘la bière’’, ‘‘le carburant’’, ou ‘‘déposer une pierre’’ sur un dossier avant d’attendre un bon résultat.
Qui est honnête et essaie de suivre la voie normale parait comme un idiot. Il perd son temps, fait des allers-retours inutiles et donne finalement l’impression de déranger. Ses amis, ses proches, ses collègues lui rappellent d’arrêter d’être ridicule.
La corruption est devenue une règle, une habitude, un réflexe que même les tout jeunes pratiquent, à force de voir les parents, les adultes, les patrons, les leaders, s’y adonner.
On évalue désormais le niveau d’intelligence sur la base de la capacité à corrompre et à être corrompu sans laisser de traces. Les incorruptibles et ceux qui refusent de corrompre sont considérés comme bêtes, naïfs, et sans ambition. Les valeurs de la droiture, de la vérité, du mérite sont dépassées. L’exemple est souvent donné par les responsables à tous les niveaux de décision dans le pays.
Celui qui a des ambitions ou qui veut être au moins sûr de ramener du pain à la maison pour sa famille, celui-là doit avoir compris que la corruption fait partie des conditions à remplir.
Pourquoi une telle situation ? Les gens expliquent que les salaires sont très bas, les emplois sont rares, les activités dans le secteur privé ne marchent pas. Quand tout va mal et les problèmes s’accumulent, il faut trouver autrement l’argent pour arrondir les fins de mois.
Un grand nombre de Togolais vivent couverts de dettes alors que leur situation ne s’améliore pas. Les prix de tous les produits de première nécessité augmentent sans cesse. Le loyer, le déplacement, la nourriture, les péages, l’école des enfants, les soins de santé flambent.
Pour sauver le Togo et le faire progresser, il faut aider les citoyens à redevenir honnêtes. Mais la question est de savoir comment moraliser la vie publique quand la corruption est si flagrante, si généralisée, si aggravée et perçu comme normale, même par les premiers dirigeants du pays?
John
Source : Sika’a Journal