Lancé en fanfare depuis la diaspora, le Mouvement de Libération Nationale Freedom-Togo (MNL) s’annonçait comme l’ultime rempart contre le régime de Faure Gnassingbé. Porté par des figures emblématiques de l’opposition, telles que François Boko, Koffi Yamgnane, et l’héritier de la lignée Olympio, ce mouvement avait suscité l’espoir d’un renouveau dans la lutte pour l’alternance au Togo. Aujourd’hui, cet espoir vacille, laissant la scène politique togolaise face à un éternel dilemme : l’union de l’opposition est-elle réellement une force ou, comme l’affirme Tikpi Atchadam, sa principale faiblesse ?
Le coup de tonnerre est tombé à travers un communiqué diffusé par le journal La Dépêche ce 28 janvier 2025. François Boko, ancien ministre de l’Intérieur e vice-président du MNL, annonce son retrait du mouvement, entraînant avec lui son courant politique. « Dans l’impossibilité de préserver l’indépendance et l’intégrité des objectifs de Freedom-Togo MNL, le vice-président et son courant politique ont le regret de se retirer de toutes les instances à compter de la date de signature du présent communiqué », peut-on lire
La crise interne au MNL, née de tensions sur les orientations stratégiques, a été exacerbée par des soupçons d’infiltration. Dans le communiqué signé par François Boko, les accusations sont explicites : « Freedom MNL, créé le 20 juillet 2024, a été infiltré en profondeur par les services togolais, leur permettant de dicter l’agenda du mouvement et de semer des divisions insurmontables. »
Une leçon pour la diaspora
La diaspora togolaise, longtemps critique envers les leaders politiques restés au pays, vient de faire une expérience amère. Ceux qui accusaient les figures historiques d’égoïsme et d’incapacité à fédérer découvrent que l’unité, présentée comme une panacée, peut se transformer en piège. Les infiltrations et les divisions internes semblent être une constante dans l’histoire des coalitions politiques togolaises.
Cette situation de perpétuel recommencement et ces dynamiques troublantes viennent donner raison à Ferdinand Ayité, journaliste avisé de la scène politique, qui affirmait que « le problème du Togo est aussi spirituel ». L’union forcée, loin de résoudre les maux du pays, devient parfois un terrain fertile pour les manipulations du pouvoir.
Avec l’éclatement du MNL, la branche de contestation extérieure perd son élan. Mais cela signifie-t-il pour autant que la lutte est terminée ? Les Togolais, qui continuent de porter leur croix face à un système verrouillé, savent qu’il n’y a pas de victoire sans persévérance.
Pour Faure Gnassingbé et son régime, ce revers de l’opposition est un répit. Mais l’histoire politique togolaise a prouvé que les soubresauts peuvent surgir là où on les attend le moins.
Trop souvent, l’appel à l’unité sert d’outil au pouvoir pour infiltrer et affaiblir les mouvements naissants. Il appartient désormais aux acteurs politiques, autant au pays que dans la diaspora, de tirer les leçons de cet échec. Une opposition efficace ne peut se limiter à des slogans ou à des coalitions hâtivement constituées. Elle doit se réinventer, s’organiser avec rigueur, et surtout, apprendre à neutraliser les stratégies d’infiltration.
Le MNL s’effondre, mais l’histoire du Togo n’est pas terminée. Chacun pourra tirer ses conclusions. En attendant, le peuple togolais reste dans l’expectative, scrutant les moindres signes d’un renouveau politique.
Ricardo Agouzou
L’opposition togolaise est au service du regime Militaire de l’unir Rpt.