Togo- Faure Gnassingbé dans le conflit RDC-Rwanda : Diplomatie ou opération d’image ?

Depuis sa désignation, le 12 avril 2025, par l’Union africaine comme médiateur dans le conflit entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda, Faure Gnassingbé s’illustre par une médiatisation intense et inhabituelle. Loin de la discrétion diplomatique traditionnelle, le régime togolais multiplie les communiqués et les comptes rendus officiels, au point de faire naître des doutes sur les véritables objectifs de cette démarche.

« Faites-vous les choses dans l’optique de recevoir une reconnaissance de l’extérieur, ou faites-vous les choses par passion pour vous ? », interroge Nicolas Robert. Une réflexion qui résonne dans l’esprit de nombreux observateurs face à ce qu’un citoyen togolais sur Facebook qualifie de « tintamarre ». Même scepticisme du côté de la société civile. « C’est de la politique-spectacle. On veut briller à l’extérieur pendant que l’on échoue à gouverner chez soi », tranche Togoata Apedo-Amah. La Dynamique pour la Majorité du Peuple (DMP) dénonce pour sa part une « insulte au peuple togolais » et une « complaisance envers un régime autoritaire de six décennies ».

Le contraste est frappant avec d’autres médiations menées dans le même conflit. Le Qatar, par exemple, n’a laissé filtrer qu’une simple photo. Le président angolais João Lourenço, médiateur dans le même conflit, a privilégié la discrétion. À l’inverse, le Togo semble faire précéder les avancées par une communication orchestrée. Un choix qui rappelle l’épisode de 2023, où Lomé avait tenté sans succès de jouer les intermédiaires entre la CEDEAO et l’Alliance des États du Sahel. Au final, c’est au président ghanéen John Mahama que ce dossier a été confié, surtout que le régime avait annoncé son intention de se rapprocher de ces putschistes, ajoutant à la confusion.

Cette offensive diplomatique, perçue par beaucoup comme une politique de prestige, intervient alors que le pays traverse une crise interne aggravée par l’adoption controversée d’une nouvelle Constitution. Tandis que l’attention est tournée vers l’extérieur, des dizaines de prisonniers politiques restent en détention. « Pendant que le régime se réjouit de jouer les pompiers à l’international, il reste indifférent aux supplices des innocents politiques », déplore un militant des droits humains.

Si cette médiation débouche sur des résultats concrets, elle pourrait renforcer le profil régional de Gnassingbé. Mais sans avancées sur le plan national, elle risque de n’être perçue que comme une manœuvre de diversion. « Quand ta maison est sale, tu ne vas pas nettoyer celle d’autrui », conclut Togoata Apedo-Amah.

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