Le Togo est une sévère punition

Il y a deux ou trois ans, au lendemain de mon anniversaire, j’ai pris, au fond de moi, une résolution : consacrer, enfin, entièrement, ma présence sur internet au domaine de ma formation universitaire : la gestion d’entreprise, en faisant la promotion de jeunes entrepreneurs togolais et africains, en partageant avec eux des outils modernes et numériques de gestion de leurs startups, en les aidant dans l’élaboration de leurs business model, et ma passion: la littérature.

Je voulais prendre exemple sur la plupart de mes amis activistes d’autres pays africains avec qui j’ai commencé en 2009, et qui ont presque tous tourné par la suite leur présence numérique vers leurs domaines de formation : histoire, économie, informatique, environnement, médecine…

J’avais oublié un paramètre : ces amis que je voulais imiter viennent de pays qui ont connu sinon de profonds changements politiques, au moins des ébauches de changement qui les laissent présager des lendemains meilleurs.

Je suis peut-être resté le seul dont le pays, le Togo, n’a pas évolué, dont la situation politique s’est empirée, et qui suis comme maudit à répéter, depuis presque vingt ans maintenant, ” Libérez tel ” Libérez tel autre” à chaque emprisonnement d’un fils du Togo qui ose prendre la parole pour dénoncer ce qui ne marche pas dans son pays.

Au moment où je parlais de l’engagement de l’artiste Aamron sur cette page il y a à peine quatre jours, je savais déjà qu’il allait être arrêté dans pas longtemps. Il l’a été hier.

Et me voici donc, à répéter Libérez Aamron, à un moment où je veux parler de gestion d’entreprise, de startups, de business model, d’ERP, d’outils numériques, de livres…

Le Togo est une sévère punition. Ça te détruit de l’intérieur, t’épuise, te tourmente, te ronge et te retarde pour toute une vie.

Ces beaux enfants d’Aamron devant qui leur père a été violemment arrêté hier sont de nouvelles âmes innocentes traumatisées par ce pays. Ils porteront cette cicatrice toute leur vie, eux qui n’ont rien demandé, sinon à vivre, innocents, loin de toute forme de violence, comme tout enfant normal. Quand sortirons-nous de ce cycle, les amis ?

David Kpellyy

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *