Devant la presse locale ce mercredi à Lomé, le Front “Touche Pas À Ma Constitution” a lancé un vibrant appel à la mobilisation populaire pour contrer ce qu’il qualifie de « sacrilège constitutionnel » orchestré par le régime de Faure Gnassingbé. Dans un communiqué, le mouvement dénonce l’imposition d’une nouvelle Constitution, adoptée sans référendum. Cette démarche, selon le Front, déchire le contrat social et plonge le Togo dans un chaos institutionnel.
Une Constitution illégitime face à la volonté du peuple
Le 3 mai 2025, le régime togolais a franchi un cap décisif en imposant une nouvelle Constitution, qualifiée de « mirage institutionnel » par le Front. Ce texte, adopté par l’Assemblée nationale sans consultation populaire, est dénoncé comme une tentative désespérée de consolider le pouvoir de Faure Gnassingbé. « Deux Constitutions s’affrontent aujourd’hui », martèle le Front “Touche Pas A Ma Constitution”: celle de 1992, plébiscitée à 98 % par référendum, et celle imposée par un régime « aux abois ».
Nathaniel Olympio et ses collègues s’appuient sur des principes juridiques clairs : selon l’article 144 de la Constitution de 1992, la révision constitutionnelle ne peut se limiter qu’à des amendements ciblés, et non au remplacement total du texte. « Remplacer une Constitution par une autre sans référendum, c’est une falsification, une contrefaçon », affirment-ils, soulignant que seul le peuple, détenteur du « Pouvoir Constituant Originaire », peut légitimement adopter une nouvelle Constitution via un référendum. Par conséquent, le Togo demeure sous la IVe République, et la prétendue « Ve République » est dénuée de toute légitimité.
Un régime accusé de dérive monarchique
“Touche Pas A Ma Constitution” pointe du doigt une concentration inédite des pouvoirs entre les mains de Faure Gnassingbé, désormais président du Conseil, cumulant les prérogatives autrefois réparties entre le président de la République et le Premier ministre. Cette « dérive monarchique » est incarnée par des choix symboliques, comme l’installation de Jean-Lucien Savi de Tové, décrit comme une figure docile, à la présidence, vidée de sa substance.
Le Front n’hésite pas à qualifier cet acte de « crime imprescriptible contre la Nation », invoquant l’article 150 de la Constitution de 1992, qui enjoint chaque Togolais à « désobéir et s’organiser pour faire échec à l’autorité illégitime ». Cet appel à la désobéissance civile est présenté comme un « devoir civique sacré », un écho à l’héritage des luttes pour la démocratie menées par les générations passées.
Le courage de Marguerite Gnakadé, un tournant historique
Un moment fort de la conférence de presse de ce matin a été l’hommage rendu à Mme Essossimna Marguerite Gnakadé, ancienne ministre des Armées, dont la prise de position publique contre le régime a été qualifiée de « séisme politique ». En dénonçant un système « fondé sur la peur et l’impunité », où toute voix dissidente est écrasée par « l’intimidation, la violence, les arrestations ou l’exil », Mme Gnakadé a brisé un tabou. Son geste, à la veille de la finalisation des institutions de la « prétendue Ve République», est perçu comme une « fissure » majeure dans la forteresse du pouvoir.
Le Front salue cet « acte de bravoure patriotique » et appelle les cadres du parti UNIR, ainsi que tous ceux proches du régime, à suivre cet exemple. « La citadelle du pouvoir s’effondre de l’intérieur », proclame le mouvement, qui voit dans cette défection un signe d’espoir pour un sursaut national. Il évoque d’autres figures historiques, comme Dahuku Péré, Agbéyomé Kodjo ou François Boko, qui avaient tenté de défier le régime par le passé, mais souligne la gravité inédite du contexte actuel.
Un appel à la communauté internationale
Le Front interpelle également la CEDEAO, l’Union Africaine et la communauté internationale, les exhortant à reconnaître la gravité des violations des droits humains et des principes démocratiques au Togo. Les accusations portées par Mme Gnakadé, décrivant un système qui bafoue la dignité humaine, résonnent comme un cri d’alarme face à une gouvernance fondée sur la répression.
Vers une mobilisation nationale
Le Front “Touche Pas À Ma Constitution” appelle à transformer l’indignation en action concrète. Il invite les Togolais à amplifier l’écho du courage de Mme Gnakadé, à réveiller les consciences et à s’organiser pour défendre leurs libertés. « Que viennent les tyrans, ton cœur soupire vers la liberté ! », clame le mouvement.
Alors que les murs de la « tyrannie » se fissurent, le Front se veut porteur d’un espoir : celui d’un Togo libéré, où la souveraineté populaire triomphe.
Que voulez vous le peuple fasse concrètement !!!? Nous avons déjà entendu de ces discours guerriers… S’il vous plaît, il y a une action concrète qui compte… L’union de toute l’opposition, de tous ceux qui ne veulent pas de la 5ème République, pour aller conquérir tous les sièges de conseillers communaux…