Dans cette tribune, le journaliste Carlos KETOHOU réagit au live de l’artiste Aamron, figure de la contestation, dont les propos récents sur Faure Gnassingbé et la lutte politique ont suscité trouble et incompréhension. Lisez plutôt!
J’ai volontairement quitté le live de Aamron, comme plus de 10 000 participants à ma suite, pour préserver mon équilibre mental, tant les propos devenaient graves, troublants et déroutants, et le malaise évoluait en crescendo.
3 raisons motivent mon retrait :
1- La tendance spécieuse pour Aamron à disculper Faure Gnassingbé des crimes d’État, dont la torture dont il a été victime, comme moi, frise une dangereuse manipulation de l’opinion publique. Elle compromet sérieusement la réalité et brouille les repères de la lutte politique.
2- L’incitation douce et répétée à des manifestations prétendument « pacifiques », face à un régime bâti sur la répression et la barbarie, relève d’une stratégie d’endormissement. C’est une manœuvre servile qui vise à neutraliser la dynamique de libération.
3- Affirmer que Faure Gnassingbé peut rester au pouvoir pendant que le peuple « arrache » sa souveraineté auprès d’autres personnes, c’est nier une évidence : cette souveraineté est comprimée, écrasée, confisquée et expropriée par un seul individu : Faure Gnassingbé. Et puisqu’il a échoué sur tous les plans, le plus grand service à rendre au Togo, à l’Afrique et au monde, c’est de quitter le pouvoir.
La libération des peuples dans l’histoire politique en Afrique, en Europe, dans les Amériques et en Asie a toujours commencé par une rupture : le départ du monarque, du dictateur, de l’élément encombrant, épicentre de la chienlit.
Enfin, il est superfétatoire de prétendre dispenser un cours magistral sur le rôle des ambassades dans la promotion des droits humains. Les Togolais débattent de ces questions quotidiennement. Ce n’est ni nouveau ni révolutionnaire.
Le peuple n’est pas dupe. Il sait discerner.
Pour moi, je continue d’accorder le bénéfice du doute à Aamron, redoutant que soit la torture a laissé des séquelles amnésiques sur lui, soit la fibre ethnique, arme récurrente du système, le pousse à la docilité.
Quoi qu’il en soit, la colère du peuple togolais demeure visiblement intacte.
L’histoire du Togo s’écrit, avec ses hommes et ses légendes. Elle ne demande pas la permission.
Mon ami, Grand Maître avocat, m’a toujours dit : “Carlos, on ne peut pas te juger sur ce que tu n’as pas dit.”
Aamron aurait pu épargner l’opinion de ce live… inopportun.
Carlos KETOHOU
Le 27 juillet 2025