À l’occasion de la Semaine mondiale de l’allaitement maternel, célébrée du 1er au 7 août 2025, le Réseau des Médias Africains pour la Promotion de la Santé et de l’Environnement au Togo (REMAPSEN) a organisé, le 7 août, un webinaire continental destiné à ses membres. Objectif : renforcer les capacités des journalistes sur les bienfaits, les défis et les perspectives de l’allaitement maternel en Afrique.
Deux spécialistes de renom ont animé les échanges : Dr Soliou Badarou, médecin en santé publique et expert en santé maternelle et infantile, et Siméon Nanama, conseiller régional en nutrition à l’UNICEF pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre. La session a été modérée par Bamba Youssouf (président du Remapsen). Ensemble, ils ont livré un plaidoyer fort en faveur de cette pratique essentielle.
Le lait maternel, un bouclier naturel
Dès l’ouverture de la session, Siméon Nanama a rappelé que le lait maternel constitue « 100 % des nutriments nécessaires au bébé, y compris l’eau en quantité suffisante, même en période de forte chaleur ». Selon lui, le colostrum, ce lait jaune et épais produit dans les premières heures, est « une puissante dose d’anticorps naturels » qui protège contre la diarrhée, la pneumonie et d’autres infections graves. « Ce lait-là se comporte comme le tout premier vaccin naturel pour le nouveau-né », a-t-il affirmé.
L’allaitement exclusif pendant les six premiers mois — sans eau ni tisanes — réduit de 15 fois le risque de décès lié à la pneumonie et de 11 fois celui lié à la diarrhée, selon l’OMS et l’UNICEF. Il favorise également le développement cérébral, la croissance harmonieuse et l’attachement mère-enfant.
Un enjeu sanitaire et économique
Pour Dr Badarou, les avantages ne s’arrêtent pas à la santé de l’enfant : « Les tétées stimulent la production de prolactine, hormone qui bloque l’ovulation et empêche la maman de tomber enceinte ». Il souligne aussi les retombées économiques : un enfant allaité exclusivement tombe moins malade, réduisant ainsi les dépenses médicales et renforçant le pouvoir économique des ménages. « On sait qu’un enfant allaité exclusivement au sein tombera moins malade, ce qui veut dire qu’on peut préserver de l’argent », a-t-il insisté.
L’allaitement gratuit et toujours disponible permet d’éviter l’achat de substituts de lait, de biberons, d’eau potable, et diminue la pression sur les systèmes de santé. Selon l’OMS, son augmentation pourrait éviter chaque année 823 000 décès d’enfants, 20 000 décès maternels et 302 milliards de dollars de pertes économiques.
Des défis persistants
Malgré ses bénéfices, l’allaitement maternel se heurte à des obstacles : croyances culturelles néfastes (don d’eau ou de tisane aux nourrissons, rejet du colostrum), marketing agressif des laits infantiles, séparation mère-enfant après la naissance, manque de personnel formé, absence de soutien familial et communautaire, conditions de travail défavorables, et données statistiques insuffisantes.
Pour Siméon Nanama, la clé réside dans la solidarité : « Une seule mère ne peut pas laver un enfant », a-t-il déclaré.
Un appel à l’action collective
Sous le thème « Prioriser l’allaitement : créer des systèmes de soutien durables », l’édition 2025 de la Semaine mondiale de l’allaitement maternel met l’accent sur la création d’environnements favorables. L’initiative « Plus forts avec le lait maternel uniquement » de l’UNICEF se déploie à travers campagnes radio, ateliers communautaires, activités en maternité et mobilisations médiatiques.
En conclusion, Siméon Nanama a lancé un message clair : « Soutenir l’allaitement maternel, ce n’est pas seulement promouvoir une pratique. C’est protéger la vie, la santé, l’intelligence et l’avenir des enfants ». Un appel qui résonne comme une urgence pour l’Afrique, où le lait maternel demeure un allié vital face aux défis sanitaires et économiques.