Seize ans après leur délocalisation pour permettre l’extension du site d’extraction de phosphate de la Société Nouvelle des Phosphates du Togo (SNPT), plus de 400 familles de Zéglé dans la Préfecture de Zio vivent encore dans une précarité insoutenable. Privés de leurs terres, sans logement décent, et avec des enfants déscolarisés, ces déplacés lancent un cri de détresse vers les plus hautes autorités du pays.
Promesses trahies, espoirs brisés
En 2009, la SNPT engage des opérations d’extension de ses activités minières. Des centaines de familles sont contraintes de quitter leurs habitations, avec la promesse ferme d’un relogement rapide et digne. Mais seize ans plus tard, la réalité est toute autre.
« J’ai construit huit cases sur le site d’origine. Aujourd’hui, on m’a attribué un seul terrain. Huit personnes ne peuvent pas vivre dans une seule pièce », déplore un représentant des déplacés, également secrétaire de base UNIR à Zéglé. Selon lui, un recensement officiel avait pourtant été réalisé par la SNPT, avec des états nominatifs clairement établis.
Les familles affirment avoir envoyé plusieurs lettres aux autorités locales et nationales, restées sans réponse. Ce silence alimente un sentiment de trahison. « Nous avons soutenu le parti UNIR, nous avons cru aux promesses. Aujourd’hui, nous dormons à même le sol. Certains sont morts de chagrin », témoignent plusieurs victimes.
Des conséquences sociales désastreuses
La délocalisation a également entraîné la perte de terres agricoles, principales sources de subsistance pour ces populations rurales. « Avant, chacun de mes enfants avait sa propre case. Aujourd’hui, ils dorment tous entassés dans une seule pièce. Nous n’avons plus de maïs, plus de manioc. Comment nourrir ma famille ? », s’indigne Yawo Akouété, père de famille déplacé.
Pour Akouvi Ameyo, membre active de la communauté, les accusations d’« accumulation » portées à l’encontre de certains déplacés sont infondées. « Chaque case avait sa fonction. La SNPT a numéroté nos maisons. Pourquoi aujourd’hui nier ce qui a été recensé ? C’est une injustice grave. On a même utilisé de fausses photos pour nous discréditer. »
Un appel au sommet de l’État
Face à cette situation intenable, le collectif des victimes, conduit par Dekpuivi Kodjo, appelle à une intervention urgente des autorités compétentes. Les revendications sont simples : respect des engagements pris, relogement digne, accès à la terre et à l’éducation, et retour à une vie décente.
Mais surtout, les déplacés de Zéglé en appellent solennellement au Président du Conseil national, Faure Essozimna Gnassingbé, « garant de la justice sociale et de la cohésion nationale ».
« Monsieur le Président, nous ne sommes pas des opposants. Nous sommes vos électeurs, vos soutiens. Mais aujourd’hui, nous sommes abandonnés. Zéglé a besoin de vous. Notre dignité ne doit pas être sacrifiée au nom du développement. Il est temps d’agir. », implorent-ils.