L’émission récente de TV5Monde, où le ministre togolais des Droits de l’Homme, Pacôme Adjourovi, était invité à s’exprimer sur la crise sociale qui secoue le Togo, laisse un goût amer et interroge profondément sur la stratégie de communication du gouvernement. Plus qu’une simple prestation manquée, cette intervention est symptomatique d’une incapacité préoccupante à maîtriser la parole publique sur la scène internationale.
A l’heure où la réputation d’un pays se joue autant sur sa capacité à défendre ses positions que sur la crédibilité de ses représentants, la présence répétée de M. Adjourovi dans des émissions internationales s’apparente malheureusement plus à un risque qu’à une opportunité. Loin de convaincre, le ministre, bien que plus posé lors de son précédent passage sur France 24, se heurte à une journaliste chevronnée, armée d’informations et de faits précis, auxquels il peine à répondre de manière claire, cohérente et documentée.
La journaliste de TV5Monde a su, avec tact mais fermeté, mettre en lumière les contradictions et l’absence d’éléments concrets dans le discours ministériel. Largement dépassé par la précision des questions, le ministre a offert une image de communication gouvernementale affaiblie, marquée par un discours répétitif, une gestuelle encore hésitante et un argumentaire parfois décousu. Tel un élève pris au dépourvu, le ministre s’est vu contraint de répondre par un simple « oui » ou « non » à une question cruciale : la manifestation prévue le 9 août sera-t-elle autorisée, oui ou non ?, une exigence élégamment formulée par la journaliste, qui, sans hausser le ton, a pris l’ascendant intellectuel sur l’invité du jour. Surpris par le temps imparti, le ministre s’est même exclamé : « dommage », marquant une sortie quelque peu pathétique.
Cette situation n’est pas anodine. Elle traduit un malaise profond : celui d’un gouvernement qui, habitué aux médias nationaux largement contrôlés ou complaisants, n’a pas su ou pas voulu préparer ses représentants à affronter la rigueur et l’exigence d’un plateau international. Cette lacune coûte cher en termes de crédibilité et nuit à l’image même du Président du Conseil, Faure Gnassingbé, qui doit se demander si la visibilité médiatique de son ministre ne fait pas davantage de mal que de bien à sa gouvernance.
Au-delà de la personne, c’est la stratégie globale de communication qui doit être réévaluée. Face à un public exigeant et informé, la posture défensive et le recours à la démagogie, au déni de la réalité, ne suffisent plus. Il s’agit désormais de construire un discours solide, étayé, maîtrisé, capable de résister à la contradiction et de convaincre.
Dans cette perspective, il est recommandé au Président du Conseil de réexaminer la présence internationale de ses ministres. Avant de soumettre un ministre à la vindicte médiatique étrangère, il convient de s’assurer qu’il dispose des moyens intellectuels, stratégiques et factuels pour défendre efficacement la position du gouvernement.
Il est important de préciser que la décadence d’un pouvoir ne se corrige pas par la multiplication de figures peu préparées à la communication politique internationale. Plutôt que de défendre coûte que coûte un régime en perte de vitesse, une stratégie plus sage consiste à adopter un profil bas, permettant de préparer sereinement une transition acceptée par le peuple et les forces vives du pays.
L’envoi de ministres “imprudents” sur des plateaux internationaux, où règne une exigence médiatique élevée, s’avère non seulement improductif, mais il affaiblit davantage la crédibilité de l’État et de son chef. Faure Gnassingbé gagnerait donc à s’entourer de conseillers avisés qui sauront modérer la visibilité publique de certains porte-parole, en privilégiant la qualité et la préparation à la quantité.
La communication politique ne peut être réduite à une posture défensive face à la critique. Elle doit être un exercice de rigueur, de maîtrise et d’anticipation, surtout lorsqu’il s’agit de défendre un pouvoir qui vacille. La sagesse impose donc aujourd’hui plus de prudence et moins d’exposition hasardeuse.
Reconnaissons-le avec lucidité : le ministre Adjourovi, sans exagération, a contribué à humilier le pouvoir de Faure Gnassingbé. Il faut, sans délai, mettre un terme à cette hémorragie symbolique.
Ricardo Agouzou
Le Journaliste n’était pas neutre… Il avait choisi son camp. Ceux qui l’ont payé pour “salir leur pays”, sont satisfaits comme le démontre cet article.