L’attente se prolonge, quatre mois après la démission du gouvernement de Victoire Tomegah-Dogbé. En effet, depuis le 2 mai, ce sont les ministres sortants qui continuent d’assurer les affaires courantes.
Cent trente-quatre jours sans nouveau gouvernement. À Lomé mais aussi dans les régions du pays, l’attente inquiète et alimente les débats. Paul Amegankpo, directeur de l’Institut Tamberma pour la gouvernance, estime que ce silence traduit un manque de volonté politique. “À l’absence d’une raison objectivement valable pour justifier la léthargie institutionnelle dans laquelle le Togo est actuellement, la seule explication est le manque de volonté politique de la part du Président du Conseil et qui n’est pas capable de pouvoir constituer un gouvernement avec une feuille de route claire”, dit M. directeur de l’Institut Tamberma.
Selon l’expert indépendant, les conséquences sont visibles : la jeunesse, les femmes et l’ensemble de la population réclament des réponses claires sur la vie chère, l’emploi, l’éducation et l’accès aux services sociaux de base. “Dans ce contexte morose, il est urgent de constituer un gouvernement, ne serait-ce que pour adopter le budget et définir une nouvelle feuille de route.”
Rien de nouveau
Mais pour le journaliste Eric Johnson, la situation n’est ni inquiétante ni alarmante ni unique. “Je peux comprendre l’inquiétude, sinon l’impatience de tous les compatriotes, par rapport à cette durée de non-gouvernement dans le pays. Le Togo n’est pas le seul pays où il y a eu une si longue attente dans la formation d’un gouvernement. Vous savez, il y a un record qui était détenu par l’Irak pour une durée de 290 jours. Mais ce record a été battu par le gouvernement en Belgique, Di Rupo, qui a été élu et qui a attendu pratiquement 541 jours avant de former un gouvernement. Donc cela n’est pas forcément une panacée du Togo, mais on en a vu ailleurs”, estime Eric Johnson.
Une comparaison qui ne dissipe pourtant pas les inquiétudes exprimées par certains Togolais. Eric Johnson dit cependant que l’équipe gouvernementale démissionnaire continue de diriger les affaires courantes. “Il faut que le citoyen comprenne que gérer les affaires courantes ne veut pas dire que les ministres ne travaillent plus ou que le gouvernement ne peut plus rien faire.”
Dans un contexte économique et social tendu, beaucoup de Togolais espèrent, cependant, que le pouvoir exécutif dévoilera enfin la composition de la nouvelle équipe gouvernementale, la première de la 5ᵉ République.
Source: DW/Noël Tadégnon [Titre original: Le Togo toujours dans l’attente d’un nouveau gouvernement]