Au lendemain des tensions survenues à la Commission nationale de recensement général des votes, Issa Tchiroma Bakary prépare une riposte médiatique et politique. Le candidat de Front pour le salut national du Cameroun (FSNC) entend publier lui-même des procès-verbaux issus des bureaux de vote afin, dit-il, de démontrer l’existence de « manipulations » dans la compilation officielle des résultats de la présidentielle du 12 octobre.
Samedi 18 octobre, le représentant du FSNC avait quitté la salle des travaux de la commission en dénonçant des « fraudes flagrantes » sur les procès-verbaux des régions de l’Est et du Sud-Ouest, deux zones jugées décisives. Cet incident est intervenu alors que cinq régions avaient déjà été compilées.
« Des chiffres documentés pour éviter toute contestation »
Dans un communiqué publié ce dimanche 19 octobre, Issa Tchiroma détaille une stratégie destinée, selon lui, à “protéger la vérité des urnes”.
« Notre équipe de campagne diffusera dans les prochaines heures des tendances électorales basées sur les procès-verbaux signés dans les bureaux de vote et transmis par nos scrutateurs », affirme le candidat.
Il explique concentrer sa méthode sur 18 départements stratégiques représentant près de 80 % de l’électorat national. « En remportant ces 18 départements, la victoire nationale est garantie », précise le texte.
L’objectif est clair : appuyer ses chiffres sur des documents officiels collectés sur le terrain, afin de contester toute divergence entre les résultats publiés par la commission et ceux issus des PV de ses équipes.
« Chaque chiffre publié sera accompagné de preuves documentées pour éviter toute contestation », ajoute-t-il, appelant « la communauté internationale, les observateurs et le peuple camerounais à suivre attentivement ces tendances ».
Cette initiative survient alors que le Conseil constitutionnel du Cameroun reste la seule institution habilitée à proclamer les résultats définitifs, au plus tard le 26 octobre. Le gouvernement, de son côté, qualifie cette démarche de “sans valeur légale” et met en garde contre toute proclamation parallèle.
À 92 ans, Paul Biya incarne plus de quatre décennies de pouvoir au Cameroun. Chef de l’État depuis 1982, il s’appuie sur un appareil d’État solidement contrôlé et une majorité institutionnelle qui lui a permis de remporter chaque élection depuis son accession au pouvoir. Face à lui, Issa Tchiroma Bakary n’est pas un nouveau venu sur la scène politique. Ancien ministre et longtemps allié du régime, il a souvent défendu le pouvoir avant de se positionner comme challenger dans cette élection.
