Où sont nos maires ? Où est notre gouvernement ? Le Togo semble s’être enfermé dans une étrange parenthèse politique où l’attente tient lieu d’action et où le provisoire s’installe comme une norme.
Le 17 juillet dernier, les Togolais se sont rendus aux urnes avec espoir. Les conseillers municipaux sont élus. Mais l’élection des maires, reportée à trois reprises, a finalement été suspendue sine die par une note officielle du ministère de l’Administration territoriale. Trois reports successifs — du 2 au 4 septembre, puis du 10 au 12, et enfin du 17 au 19 septembre — et toujours pas de nouvelle date. Pendant ce temps, les communes s’essoufflent, privées de la légitimité politique indispensable pour impulser leurs projets.
Cette paralysie locale fait écho à une situation nationale tout aussi inquiétante. Depuis le 3 mai, date de l’entrée controversée du Togo dans la Ve République, le pays attend toujours la formation d’un nouveau gouvernement. Même la nomination d’un secrétaire général du gouvernement, censée mettre en branle la machine, n’a pas suffi. Le train de la Ve République semble figé sur le quai, incapable de démarrer.
Ce double blocage — national et local — n’est pas sans conséquence. À Lomé comme à Dapaong, à Kara comme à Tsévié, l’action publique se réduit à une gestion courante sans souffle, sans vision, sans légitimité renouvelée. Les promesses de la décentralisation s’évaporent. La confiance des citoyens et des partenaires au développement s’érode.
Mais cette inertie n’est pas une fatalité. La démocratie ne se résume pas au geste électoral ; elle vit et se nourrit d’une gouvernance partagée. Les citoyens ont le droit, mais surtout le devoir, d’interpeller, de demander des comptes, de transformer l’attente en vigilance et le silence en engagement.
Le Togo ne peut pas se permettre une République suspendue et des communes orphelines. L’heure est venue de briser ce temps mort, de fixer une date pour les élections municipales, de former enfin un gouvernement et de donner à la Ve République le souffle démocratique qu’elle promettait.
Le peuple a voté. Le peuple attend. Mais le peuple n’attendra pas indéfiniment.