Le colonel Michael Randrianirina a officiellement prêté serment ce vendredi 17 octobre comme président de Madagascar, quelques jours seulement après une prise de pouvoir militaire soutenue par un soulèvement populaire qui a poussé l’ancien chef de l’État, Andry Rajoelina, à fuir le pays.
La Haute Cour constitutionnelle de Madagascar a entériné sa nomination au cours d’une cérémonie organisée à Antananarivo, marquant ainsi la fin d’une semaine de bouleversements politiques intenses. Mardi, Rajoelina avait été destitué pour « désertion de ses fonctions », ouvrant la voie à une intervention de l’armée.
« Aujourd’hui marque un tournant historique pour notre pays. Avec un peuple animé par le désir de changement et un profond amour pour sa patrie, nous ouvrons un nouveau chapitre dans la vie de notre nation », a déclaré Randrianirina dans son discours d’investiture.
La cérémonie a réuni des officiers supérieurs, des responsables politiques, des représentants du mouvement de jeunesse à l’origine des manifestations, ainsi que des délégations étrangères venues notamment des États-Unis, de l’Union européenne, de la Russie et de la France.
Une transition militaire promettant des réformes
Le nouveau chef de l’État a promis une rupture avec le passé et une vaste refonte des institutions.
« Nous travaillerons main dans la main avec toutes les forces vives de la nation pour rédiger une nouvelle Constitution et convenir de lois électorales permettant d’organiser des élections et des référendums », a-t-il affirmé, rendant hommage à la jeunesse qui a joué un rôle déterminant dans la chute de Rajoelina.
« Notre mission principale est de réformer en profondeur le système administratif, socio-économique et politique du pays », a-t-il ajouté.
Le colonel Randrianirina, âgé de 51 ans et commandant de l’unité CAPSAT, a annoncé la dissolution de toutes les institutions à l’exception de l’Assemblée nationale. Il a également assuré que des élections seraient organisées dans un délai de 18 à 24 mois, et que des consultations étaient en cours pour désigner un Premier ministre de consensus.
Cette transition intervient dans un climat de fortes tensions sociales. Depuis plusieurs semaines, de vastes manifestations contre les pénuries d’eau et d’électricité ont fait plus de 20 morts. Le 25 septembre, un mouvement de jeunesse a lancé une contestation d’ampleur nationale. Les forces de sécurité ont été accusées d’une répression brutale avant que la CAPSAT n’annonce, le 11 octobre, son refus d’ouvrir le feu sur les manifestants. Cette décision a marqué un tournant dans la révolte.
Face aux critiques de la communauté internationale, notamment de l’Organisation des Nations unies, Randrianirina a rejeté toute accusation de coup d’État, soulignant que son accession au pouvoir était validée par la Haute Cour constitutionnelle.
Le camp Rajoelina dénonce pour sa part des « irrégularités procédurales » et estime que cette décision menace la stabilité du pays. L’ancien président, qui a confirmé mercredi avoir quitté le territoire « par crainte pour sa vie », aurait été évacué par avion militaire français vers La Réunion, puis aurait rejoint Dubaï.
Madagascar devient ainsi le dernier d’une série d’anciens territoires français à passer sous contrôle militaire depuis 2020, après des coups d’État au Mali, au Burkina Faso, au Niger, au Gabon et en Guinée.


