Vingt organisations de la société civile, nationales et internationales, appellent à la libération immédiate et inconditionnelle de 48 jeunes activistes togolais encore détenus depuis les vagues d’arrestations qui ont suivi les manifestations de juin 2025. Selon ces organisations, au moins 133 personnes ont été arrêtées arbitrairement pour avoir participé à des rassemblements pacifiques ou exprimé des opinions critiques à l’égard du pouvoir.
Ces arrestations surviennent dans un contexte de fermeture accrue de l’espace civique depuis l’instauration de la Ve République, officialisée le 3 mai 2025. Cette réforme institutionnelle a transformé le régime politique, faisant de l’ancien président Faure Gnassingbé le nouveau Président du Conseil des ministres, un poste sans limite de mandats ni de pouvoirs définis.
Les manifestations des 5, 6, 26, 27 et 28 juin 2025, menées principalement par des jeunes, ont été violemment réprimées. Le Groupe d’intervention judiciaire Afrique de l’OMCT fait état d’au moins cinq exécutions extrajudiciaires, 21 cas de torture et plus d’une centaine d’arrestations arbitraires. Dix-huit manifestants ont été condamnés à un an de prison, dont onze mois assortis de sursis.
Parmi les cas emblématiques figure celui de l’artiste et cyberactiviste “Aamron”, arrêté le 28 mai 2025 après avoir publié des messages critiques du gouvernement. Sa détention incommunicado et les actes de torture qu’il aurait subis ont marqué un tournant dans la mobilisation de la jeunesse togolaise.
Depuis lors, les autorités ont renforcé les restrictions sur les libertés numériques et d’expression : limitation de l’accès à Internet, criminalisation de certaines activités sur les réseaux sociaux, interdiction de manifestations et arrestations ciblées d’activistes, parfois à travers l’infiltration de leurs comptes WhatsApp.
Les organisations signataires dénoncent également des cas de torture, mauvais traitements, violences sexuelles et refus d’accès à un avocat ou à des soins médicaux. Certaines détentions se seraient déroulées sans mandat ni notification des motifs d’arrestation.
Malgré les alertes répétées de la société civile et des procédures spéciales des Nations Unies, aucune mesure n’a encore été prise pour enquêter sur ces violations ou libérer les défenseurs des droits humains.
Les signataires rappellent que ces pratiques contreviennent aux obligations internationales du Togo, notamment à la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples et au Pacte international relatif aux droits civils et politiques. Elles appellent les autorités à garantir le respect des libertés fondamentales, essentielles, selon leurs mots, à “la paix et à la démocratie”.
