Dans une lettre ouverte adressée au procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance de Lomé, la Coalition de la Diaspora Togolaise pour l’Alternance et la Démocratie (CODITOGO) critique vertement le point de presse tenu le 3 octobre par Takala Mawama. Qualifiant sa sortie de « maladroite, téléguidée et zélée », la coalition estime que les propos du procureur traduisent les signes d’« une dictature en fin de course » cherchant à museler les voix dissidentes sur les réseaux sociaux. CODITOGO interpelle le magistrat sur son « silence coupable » face aux cas de torture, de corruption et de détournements, tout en l’exhortant à se rappeler la noblesse de sa fonction, censée défendre la société et non un parti. Lecture.
La Coalition de la Diaspora Togolaise pour L’Alternance et la Démocratie
(CODITOGO)
LETTRE OUVERTE
À
Monsieur Takala MAWAMA,
Procureur de la République près le
Tribunal de Grande Instance de Lomé,
PALAIS DE JUSTICE
Tél. : + 228 90 10 75 65
Lomé – TOGO
Fait à Paris, le 13 octobre 2025
Objet : Votre point de presse du 3 octobre 2025, une sortie maladroite, téléguidée et zélée, digne d’une imposture qui cache mal le profond malaise et la torpeur au sein de la vieille dictature décadente Rpt/Unir !
Monsieur le procureur de la République,
La Coalition de la Diaspora Togolaise pour l’Alternance et la Démocratie (CODITOGO) a suivi avec attention et tristesse, mais dans un élan de grande sérénité, le point de presse que vous avez animé le 3 octobre 2025.
Ce point de presse, qui a concerné les réseaux sociaux, notamment Facebook, YouTube, WhatsApp, Instagram, TikTok, Snapchat, X (twitter), aurait, selon vos dires et déclarations, comme principal objectif « d’en appeler à la conscience des utilisateurs des différentes plateformes et, en même temps de rappeler à la loi et par voie de conséquence, à l’ordre ».
Cette sortie, déplacée maladroite et téléguidée depuis le cœur du système Rpt/Unir, loin d’être une œuvre de pédagogie comme le prétend, l’adepte, le partisan, le mandataire exécutant de procureur, ne véhicule en réalité que des menaces et des intimidations que vous brandissez contre les voix critiques et dissidentes envers votre mandant, la dictature décriée.
Au-delà de relever que vous êtes sorti du cadre de vos attributions en tant que procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance (TGI) de Lomé, CODITOGO dénonce et pointe du doigt un procureur, disciple et adhérent d’un système de prédation des libertés, auquel vous êtes affilié, alors qu’ès qualité, vous devriez avoir pour mission et rôle régalien de représentant et protecteur de la société, comme vous-même le reconnaissez au point 7 du texte de votre déclaration liminaire.
Et pour conclure votre point de presse téléguidé, Monsieur le procureur étonne et surprend : « La complicité par approbation expose également à des poursuites, car la loi nous impose à tous de dénoncer tout crime ou délit dont nous avons connaissance ».
CODITOGO relève à ce propos, avec gravité et déception, que non seulement le magicien et sorcier du droit de procureur s’est substitué au législateur pour créer l’infraction de « complicité par approbation », mais aussi il ose parler d’infraction de non-dénonciation de crime ou délit.
En tout état de cause, vous êtes très mal placé, voir indigne à parler aux Togolais d’infraction de non-dénonciation de crime ou délit, dans la mesure où dans vos bureaux jonchent des piles et des tas de dossiers de torture, de corruption, de détournements, des rapports de la Cour des comptes et de la Haute autorité de prévention et de lutte contre la corruption et les infractions assimilées (HAPLUCIA), auxquels vous n’avez réservé que des suites d’impuissance et de mépris.
Sinon monsieur le procureur,
Qu’avez-vous fait des tortionnaires que vous n’ignorez pas, des miliciens subitement mus en sentinelles de la République sous vos yeux complices, votre omission favorable et votre silence coupable, des bourreaux de Monsieur Tchala Essowè Narcisse alias Aamon, des agresseurs du député Guy Marius Sagna, des auteurs d’actes de corruptions et de détourneurs de nos deniers publics, des démarcheurs-escrocs avec qui vous osiez partager vos bureaux ?…
Mais au lieu de cela, vos mandats de dépôt systématiques, complaisants et fantaisistes ont brisé et brisent encore des carrières, des espoirs, des familles, des foyers, des vies humaines.
Monsieur Mawama, l’exercice de la noble fonction de procureur de la République reste aux antipodes et au-dessus du militantisme et de la partisanerie.
Soyez donc rassuré, monsieur le procureur : CODITOGO et le Peuple togolais restent sereins et ne céderont nullement à ces menaces et intimidations, signes d’une dictature en fin de course.
Et comme le dira si bien l’autre : « Quand un dictateur commence à surveiller les réseaux sociaux, à contrôler les commentaires, les partages ou même les likes, ce n’est pas une démonstration de force, c’est un aveu de peur. Un pouvoir solide n’a pas besoin d’espionner son peuple. Seul celui qui craint la parole veut la faire taire. Il a la peur du ridicule, la peur de perdre la main sur la narration. Dans les dictatures modernes, le pouvoir ne repose pas seulement sur les armes, mais sur la maîtrise de l’information. Ce genre de réactions n’est pas nouveau. Dans l’histoire, chaque fois qu’un tyran sent sa fin approcher, il devient paranoïaque.
Alors quand un gouvernement dit vouloir surveiller les réseaux sociaux, il faut comprendre le message caché : il a peur ; il a peur des mots, il a peur des idées, il a peur des vérités qui circulent trop vite pour être étouffées…. Et la peur du pouvoir devient le courage du peuple ».
Le Peuple togolais a d’ores et déjà décodé vos faits et gestes, votre message. Il vous a à l’œil.
Que viennent les tyrans ton cœur soupire vers la liberté !
Dans cette attente, recevez nos salutations.
Pour CODITOGO,
Raphaël GBADOE
Coordinateur général