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Diplomates des pays occidentaux à Lomé, spectateurs passifs ou complices de la descente aux enfers du peuple togolais ?

« L’épisode le plus troublant survient lors d’un voyage en Europe en 2019. En Belgique, son passeport est confisqué par la police. Les autorités belges lui expliquent que la France et l´Allemagne refusent de l´accueillir sur leur territoire, ayant reçu des informations des autorités togolaises le présentant comme « une personne dangereuse, voire un terroriste ». Ces quelques lignes ne sont qu´un extrait des tracasseries racontées dans le journal Liberté N° 4048 du lundi 3 novembre 2025 ; tracasseries dont est victime l´opposant Targone Sambiri N’Wakin, Coordinateur de la DMP, de la part du régime togolais depuis plusieurs années. Un homme politique togolais, opposant au régime de dictature de son pays, arrive en Europe, un continent des libertés et de démocratie, et se retrouve tout à coup sans passeport à l´aéroport, confisqué par la police d´un pays de l´union européenne. Peu importe comment l´information sur une prétendue dangerosité de l´opposant togolais fut transmise aux autorités belges, allemandes et françaises avant son arrivée à l´aéroport en Belgique, ce malheureux incident devrait nous interpeller sur le comportement des représentations étrangères et surtout occidentales au Togo, un pays sous le joug d´une dictature tribalo-familiale depuis plus d´un demi-siècle.

Car ce sont normalement ces représentations qui devraient informer leurs gouvernements respectifs sur la situation politique dans leur pays de résidence. Quelles informations les gouvernements allemand et français ont-ils de la situation togolaise, venant de leurs représentations, sur la persécution des opposants, par exemple, pour qu´un leader de l´opposition fût interdit de séjour, parce que le régime togolais l´a voulu ainsi ? Certes, selon la convention de Vienne sur les relations diplomatiques, adoptée en 1961, un diplomate ne doit pas s´immiscer dans les affaires du pays d´accueil. Oui, la sacro-sainte règle de la non-ingérence. Mais en fouillant sur la Toile, nous avons découvert qu´il existe des exceptions au principe de non-ingérence. En effet, sous l´impulsion de la France, dans les années 80, « la question s’est posée de savoir si dans certaines situations, on ne pouvait pas accepter une exception au principe de non-ingérence, prenant la forme d’un droit d’ingérence humanitaire. » « Par la suite, le concept de droit d’ingérence a été recadré dans celui de « responsabilité de protéger ». En d´autres termes, la notion de responsabilité de protéger affirme que la souveraineté de l’Etat n’est pas seulement une protection contre l’ingérence extérieure; il s’agit aussi, pour chaque État, d’un devoir de protection de sa population. Toutefois, une responsabilité résiduelle incombe également à la communauté des États dans son ensemble, qui est activée lorsqu’un État est manifestement incapable ou peu désireux d’accomplir sa responsabilité de protéger, ou est lui-même l’auteur des crimes en question.

La notion de responsabilité de protéger est finalement entérinée par l´ONU en 2005 dans le Document final du sommet mondial. Par ailleurs, la nature brutale du régime togolais, de père en fils, faite de répressions de toutes sortes, de détentions arbitraires, de torture et d´assassinats d´opposants ou supposés tels, est bien connue de toute la communauté internationale. Des jugements, des décisions et des condamnations des instances internationales, comme l´Union européenne ou l´ONU contre le gouvernement togolais, quant à son refus de laisser s´implanter la démocratie, de respecter les droits de l´homme et de libérer les prisonniers politiques, sont légion; et les représentants du «Groupe des 5» qui comprend l´Allemagne, la France, les USA, l´Union Européenne et le PNUD à Lomé ne peuvent pas nous dire qu´ils ne savent de ce qui se passe d´inacceptable dans le domaine de la malgouvernance, de la persécution de l´opposition, de la répression des populations togolaises, de la chasse à l´homme et des détentions arbiraires.

L´incident mentionné au début de notre article concernant l´opposant togolais Targone Sambiri, déclaré indésirable en France et en Allemagne en 2019, parce que tout simplement le régime togolais de dictature aurait donné des instructions qu´il s´agirait d´un homme dangereux, est inacceptable; surtout que les deux pays européens se trouvent sur un continent considéré comme une terre de démocratie, du respect des droits de l´homme et des libertés. Pendant ce temps, les soi-disant dirigeants, tortionnaires et assassins du régime Gnassingbé, plusieurs fois cités dans des rapports d´organisations internationales de défense des droits de l´homme, pour violation des droits humains, peuvent librement circuler en toute impunité en Europe. Si le rôle des représentations européennes et autres dans des pays de dictature, comme le Togo, se résume à seulement représenter et défendre les intérêts de leurs pays respectifs, en fermant les yeux sur ce qui se passe sur le plan politique, en termes de souffrances des populations locales par le fait d´un régime politique qui se comporte comme en territoire conquis, alors, il y a hypocrisie et il ne serait pas exagéré de parler d´une politique de deux poids, deux mesures ; parce qu´on voit les mêmes puissances occidentales monter le ton, pour crier haro sur des dictateurs sur d´autres continents.

En conclusion, quand on préfère taire les dérives d´un régime dictatorial sur son peuple, comme celui des Gnassingbé au Togo, allant même le caresser dans le sens du poil, en lui faisant plaisir en acceptant de créer des tracasseries à ses opposants en Europe, que devient alors ce vieux et grand continent, « supposé » terre de liberté, des droits de l´homme, de démocratie et d´asile depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, depuis 1945 ?


Samari Tchadjobo
Allemagne

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