À partir de la tentative de putsch du 7 décembre 2025 au Bénin, le journaliste togolais Rodrigue Ahégo interroge la crédibilité de la CEDEAO et de l’Union africaine face aux ruptures démocratiques, dénonçant le deux poids deux mesures entre coups militaires et coups d’État constitutionnels.
Par Rodrigue Ahégo
La Voix des Sans Voix
La tentative de coup d’État militaire intervenue le 07 décembre 2025 en République du Bénin, bien qu’avortée, a ravivé de vives inquiétudes quant à la fragilité des systèmes politiques en Afrique de l’Ouest en général, et au Bénin en particulier. Elle pose la problématique de la capacité et de la crédibilité des organisations régionales censées défendre, protéger et promouvoir la souveraineté des peuples, seuls dépositaires du pouvoir. La réaction rapide de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de l’Union africaine, marquée par une condamnation ferme, contraste pourtant avec leur silence ou leur passivité face à d’autres formes de ruptures démocratiques, notamment les coups d’État dits constitutionnels, institutionnels ou électoraux. Ce traitement à géométrie variable interroge sur les fondements mêmes de la gouvernance démocratique sur le continent et alimente une dangereuse légitimation implicite des dérives autoritaires légalisées.
En s’appuyant sur la définition élargie de coup d’État adoptée par l’Union africaine dans sa Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance adoptée le 30 janvier 2007 et entrée en vigueur le 15 février 2012 (article 23), cette réflexion propose une analyse critique des faiblesses structurelles de la CEDEAO et de ses partenaires, et de leur incapacité à prévenir efficacement les reculs démocratiques. A travers des exemples concrets, il s’agira de démontrer que le refus d’agir contre toutes les formes de confiscation du pouvoir participe à la banalisation des ruptures de l’ordre constitutionnel, qu’elles se fassent sous uniforme ou sous costume cravate. Il convient de replacer les institutions au-dessus des ambitions individuelles pour que soit restaurée la confiance des peuples africains en la démocratie. C’est dans ce souci que des recommandations sont formulées afin de refonder l’action des organisations régionales et internationales.
Quelle définition l’Union africaine adopte pour un coup d’État
La Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance adoptée par l’Union africaine en 2007 interdit explicitement toute prise de pouvoir anticonstitutionnelle, y compris les coups d’État militaires et d’autres formes de changement de gouvernement qui violent les normes démocratiques.
L’Article 23 de la Charte est claire et précise sur la définition, dans ce cadre normatif établi.
Contenu dudit article
Les Etats parties conviennent que l’utilisation, en autres, des moyens ci-après pour accéder ou se maintenir au pouvoir constitue un changement anticonstitutionnel de gouvernement et est passible de sanctions appropriées de la part de l’Union :
- Tout putsch ou coup d’Etat contre un gouvernement élu.
- Toutes interventions de mercenaires pour renverser un gouvernement démocratiquement élu.
- Toutes interventions de groupes dissidents armés ou de mouvements rebelles pour renverser un gouvernement démocratique élu.
- Tout refus par un gouvernement en place de remettre le pouvoir au parti ou au candidat vainqueur à l’issue d’élections libres, justes et régulières.
- Tout amendement ou toute révision des Conditions ou des Instruments juridiques qui porte atteinte au principe de l’alternance démocratique.
Concrètement, un coup d’Etat militaire est une prise de pouvoir par la force utilisant l’appareil militaire pour renverser un gouvernement légitime ; un coup d’Etat constitutionnel se produit lorsqu’une modification de la Constitution est artificiellement utilisée pour prolonger indûment le mandat d’un dirigeant ou contourner les règles démocratiques, ou éliminer de potentiels candidats ; un coup d’Etat institutionnel est une prise de pouvoir en instrumentalisant les institutions de la République (Exemple de ce qui s’est passé au Togo le 05 février 2005) ; un coup d’Etat électoral se produit lorsque le processus électoral est vicié, les résultats sont manipulés, le choix des électeurs est altéré pour empêcher le citoyen choisi par les électeurs de siéger ou d’accéder au pouvoir et l’exercer. La combinaison de coups d’état institutionnels et électoraux, c’est lorsque les procédures démocratiques sont détournées ou manipulées pour atteindre des fins non démocratiques.
La Charte Africaine de la Démocratie, des Elections et de la Gouvernance considère toutes ces formes comme des changements anticonstitutionnels de gouvernement. La Charte Africaine de la Démocratie, des Elections et de la Gouvernance appelle à les combattre de manière égale pour maintenir l’État de droit.
Le traitement du coup d’État au Bénin par la CEDEAO
Condamnation du putsch militaire
Dans ses communiqués, la CEDEAO a condamné la tentative du coup du 07 décembre 2025, affirmant qu’elle constituait une grave atteinte à l’ordre constitutionnel et une “subversion de la volonté du peuple béninois”. L’institution régionale a salué l’action des forces armées loyalistes et annoncé le déploiement de sa force régionale en attente pour soutenir la défense de la Constitution. Elle a insisté sur la primauté et le respect de l’ordre constitutionnel.
Cette réaction immédiate face au putsch militaire illustre l’attachement institutionnel de la CEDEAO au principe d’intégrité constitutionnelle.
Les faiblesses de la CEDEAO révélées par cette gestion et leur impact
Réponse réactive plutôt que proactive
La CEDEAO n’a souvent agi qu’après la survenue de coups d’État plutôt que de mettre en place des mécanismes de prévention robustes. Son action au Bénin est venue en réaction à l’événement, non en amont pour dissuader la tentation putschiste avant qu’elle n’éclate, reflétant une incapacité structurelle à anticiper les crises. La question immédiate à se poser est : la CEDEAO était où lorsque les causes se mettaient progressivement en place ? (Répression de la liberté d’expression ; fermeture de l’espace civique ; verrouillage du champ politique, réduisant les marges de manœuvres des partis d’opposition ; amendement ou révision du Code électoral et de la Constitution, donc des conditions ou des instruments juridiques, portant atteinte au principe de l’alternance démocratique et du libre choix du dirigent par les électeurs…).
Traitement à géométrie variable
Historiquement, la CEDEAO condamne fermement les coups militaires, mais est beaucoup plus discrète, laxiste ou silencieux face aux coups constitutionnels, institutionnels et électoraux notamment lorsqu’un régime manipule la Constitution, politise l’administration publique, instrumentalise la justice, politise et instrumentalise l’armée… pour s’éterniser au pouvoir.
Par exemple :
- en 2023 au Niger, la CEDEAO avait ordonné une intervention militaire contre les militaires conduit par Abdourahamane Tiani, qui venaient de renverser le Président Mohamed Bazoum. Mais l’opération n’a jamais été menée à son terme, exposant une faiblesse logistique et un manque de cohésion politique réelle.
- dans des cas de coups d’état constitutionnels (où des chefs d’État rallongent ou prolongent leur mandat par des réformes) l’institution régionale s’abstient souvent de sanctions strictes malgré les textes qui l’appellent à le faire.
Ce double standard alimente l’idée que la CEDEAO ne s’attaque qu’aux coups d’état militaires visibles, et tolère (par omission ou faiblesse) les manœuvres juridiques qui contournent l’esprit de la démocratie.
Absence de sanction effective pour ces coups constitutionnels
Alors que la Charte Africaine de la Démocratie, des Elections et de la Gouvernance condamne tout changement anticonstitutionnel, y compris les coups d’état constitutionnels, institutionnels et électoraux, la mise en œuvre reste inégale : sanctions économiques, suspension de membres ou pressions politiques sont rares ou peu appliquées dans ces scénarios, sapant l’universalité de la norme.
Oui, l’un des problèmes majeurs dans la lutte contre les changements anticonstitutionnels de gouvernement en Afrique de l’Ouest (notamment les tripatouillages ou les bidouillage des Constitutions) est l’absence de sanctions effectives, contrairement aux coups d’État militaires. Cette réaction à géométrie variable s’illustre par une ambiguïté politique et juridique. Les modifications constitutionnelles (ex. suppression ou prolongation des limites de mandat, passage au scrutin indirect, affaiblissement des contre-pouvoirs) sont souvent légalement encadrées, bien que moralement et politiquement discutables et souffrant de légitimité ou frappées d’illégitimité. Cela permet aux dirigeants de se maintenir au pouvoir sans effraction apparente, rendant difficile toute réaction juridique contraignante de la CEDEAO. Surtout que les auteurs de ces coups d’Etat se blottissent sous une certaine “souveraineté” de leur pays.
La réaction à géométrie variable s’alimente également du silence ou de la complicité tacite des pairs. Les chefs d’État membres de la CEDEAO sont souvent eux-mêmes engagés dans des logiques similaires ou hésitent à créer un précédent. Il existe donc une solidarité de fait entre dirigeants, qui freine l’adoption de sanctions collectives contre les coups de force légaux.
La faiblesse de la réaction de la CEDEAO s’incruste aussi dans la faiblesse des mécanismes de coercition. Contrairement aux cas de putsch militaire, où des sanctions immédiates (exclusion, embargos, gels de fonds) peuvent être prononcées, la CEDEAO ne dispose pas de mécanismes clairs et automatiques contre les coups constitutionnels. Il n’existe pas de jurisprudence forte en matière de sanction de ces dérives, malgré les textes en vigueur (comme la Charte Africaine sur la Démocratie, les Elections et la Gouvernance).
En conséquence, cela crée un climat d’impunité : les dirigeants ont au finish réussi à transformer la CEDEAO en un syndicat au sein duquel ils développent des compétences en contournement des règles « en douceur », évitant toute réaction internationale. Le cas du Togo, multi récidiviste et celui récent du Bénin en témoignent. Cette inaction affaiblit malheureusement la crédibilité des institutions régionales et nourrit le ressentiment populaire, ouvrant la voie à des ruptures violentes (coups militaires, révoltes…). Soyons-en sûrs : sans mécanisme contraignant, prévisible et impartial de sanction des coups d’État constitutionnels, sans mécanisme contraignant permettant à la CEDEAO de supplanter la couverture de “pays souverain” sous lequel les membres du fameux syndicat se cachent pour cultiver le banditisme d’Etat, s’octroyant des mandats anticonstitutionnels donc no limit et changeant de régime, de Constitution et de mode de choix du dirigeant, la CEDEAO ne peut pas prétendre défendre efficacement la démocratie. La cohérence dans les sanctions devient donc un impératif pour restaurer la confiance citoyenne et prévenir les prises de pouvoir extraconstitutionnelles.
Pourquoi alors les coups militaires préoccupent davantage que les coups constitutionnels ?
Question de visibilité et d’urgence sécuritaire
Les coups militaires, souvent violents, entraînent immédiatement des bouleversements institutionnels et sécuritaires (saisies d’armes, combats urbains, menaces directes contre dirigeants civils) ce qui attire rapidement l’attention régionale et internationale. Ils bénéficient généralement d’une visibilité immédiate et spectaculaire : chars dans les rues, dissolution de la Constitution et des Institutions de la République, fermeture des frontières terrestres, aériennes et terrestres, arrestations, communiqués militaires à la télévision nationale… Les médias et les réseaux sociaux s’en emparent vite, créant un sentiment d’alerte internationale.
En revanche, les coups d’État constitutionnels ou électoraux, bien que tout aussi dangereux pour la démocratie, sont moins visibles. Ils se déroulent à travers des lois, des votes parlementaires, ou des décisions judiciaires, souvent techniques, qui attirent moins l’attention immédiate du public ou des médias. Surtout que tout se règle à la coupe d’un homme fort, avec notamment les urnes sous les aisselles et une Cour Constitutionnelle sous les bottes ou aux ordres.
Aussi, faut-il le noter, la communauté internationale (ONU, CEDEAO, UA, etc.) réagit plus fermement aux coups militaires, les qualifiant de ruptures brutales de l’ordre démocratique, parce qu’ils déclenchent des risques directs à savoir une instabilité militaire, un afflux de réfugiés, un risque d’embrasement régional, un impact sur les opérations de lutte contre le terrorisme.
En comparaison, les coups constitutionnels, bien qu’ils sapent la démocratie à la racine, n’engendrent pas toujours une urgence sécuritaire immédiate, sauf quand ils débouchent sur des crises sociales.
Il existe en la matière, un problème d’équilibre. Cette inégalité de traitement accentue la crise de légitimité des institutions régionales. Elle alimente l’idée que tant que le régime au pouvoir s’accapare les institutions “légalement”, aucune conséquence réelle ne lui sera infligée, même s’il muselle la presse, manipule les élections ou réprime l’opposition.
Cette dichotomie favorise entre autres, la radicalisation d’une partie des populations frustrées, la perte de confiance dans les processus démocratiques, l’ouverture d’espaces aux groupes armés et terroristes qui exploitent ces failles de gouvernance.
Perception de menace à l’ordre public
Un putsch est perçu comme une rupture explicite de l’ordre constitutionnel, facilement identifiable comme illégitime, justifiant ainsi une action collective. Les coups constitutionnels, souvent légalisés par des réformes internes, sont plus difficiles à dénoncer car ils se déroulent dans l’apparence du droit, même s’ils sapent la démocratie.
La perception de menace à l’ordre public en Afrique de l’Ouest varie donc selon la nature de la crise. Elle est fortement influencée par la visibilité immédiate, l’impact psychologique, et la capacité de déstabilisation apparente.
On note des menaces perçues comme urgentes. Les coups d’État militaires sont rapidement associés à une rupture violente de l’ordre public. L’image de soldats dans les rues, de couvre-feux et de suspension des institutions provoque une peur immédiate, même si, parfois, ces coups ont un soutien populaire. Il y a également l’influence de la perception de terrorisme et d’attaques armées en ce qu’ils provoquent une panique collective, particulièrement dans les zones frontalières. Les États utilisent souvent ces menaces pour justifier un durcissement sécuritaire, parfois au détriment des libertés civiles. Le cas de la fermeture des frontières entre le Togo et le Ghana en est une parfaite illustration. C’est également le cas avec la fermeture des frontières entre la Bénin et le Niger.
On note également les banalisations ou invisibilités des menaces. Les coups d’État constitutionnels, institutionnels ou électoraux, bien qu’ils minent l’État de droit, ils sont perçus comme des jeux politiques entre élites. Le grand public y voit rarement un danger immédiat pour sa sécurité physique, ce qui réduit la réaction populaire ou médiatique, surtout que les médias et les leaders d’opinions sont poussés à l’autocensure. Il y a également la répression policière, la restriction de l’espace civique, la violence gratuite avec notamment le service des miliciens. Ces menaces sont souvent normalisées, même si elles créent un climat de peur durable. Conséquence de cette perception biaisée, les régimes exploitent cette hiérarchisation des menaces pour se protéger légalement, tout en criminalisant la dissidence. La population, parfois désabusée, peut minimiser les dérives constitutionnelles, jusqu’à ce qu’elles produisent des effets irréversibles. Et c’est ce qui malheureusement s’observe dans la lutte pour l’alternance et le changement au Togo, surtout ces derniers mois. Et c’est la raison pour laquelle les togolais doivent se départir des « gnadoè » pour se concentrer sur des actions communes bien réfléchies qui vont permettre de remobiliser le peuple, le mettre en ordre de bataille afin de provoquer un ultime soulèvement qui signifiera la fin du régime des Gnassingbé, donc la fin de la dictature au Togo.
Pressions externes et alliances politiques
Dans plusieurs cas, des puissances externes (France, Union européenne) coopèrent avec des gouvernements établis contre les coups militaires pour des raisons géostratégiques, ce qui accroît la pression sur des organisations régionales comme la CEDEAO à intervenir rapidement. Ce qui a été observé le 07 décembre 2025, dans ce cas de la tentative de déstabilisation du pouvoir de Patrice Talon au Bénin.
Les pressions externes et les alliances politiques jouent un rôle central dans la manière dont les régimes ou les changements de régime (qu’ils soient militaires, constitutionnels ou électoraux) sont perçus, tolérés ou dénoncés.
On peut noter dans un premier temps, des pressions externes sélectives et géopolitiques de la CEDEAO, de l’Union Africaine, de l’ONU, de la France, des USA, de la Russie, de la Chine. Leurs réactions dépendent souvent de leurs intérêts stratégiques, économiques ou militaires dans un pays. Il faut savoir qu’un coup d’État militaire dans un pays stratégique (exemple du Niger) entraîne une levée de boucliers rapide. A l’inverse, un coup d’Etat constitutionnel (exemple du Togo, de la Côte d’Ivoire, de la Guinée avant 2021) passe sous silence ou est diplomatiquement accompagné, malgré des violations flagrantes des principes démocratie, des règles établies par l’Union Africaine et la CEDEAO.
Dans un second temps, on note la prise en compte des alliances politiques régionales ou bilatérales. Les régimes en place s’adossent à des partenaires puissants pour se maintenir, même sans légitimité démocratique. Par exemple, Faure Gnassingbé bénéficie d’un soutien diplomatique silencieux malgré une longévité controversée, du fait de son prétendu rôle dans les équilibres sous-régionaux. Certains pays offrent des bases militaires, des contrats miniers, des marchés gré à gré à coût de dizaine et centaine de milliards de francs cfa, achetant ainsi une forme d’impunité internationale. LE cas Bolloré avec son rôle au Togo et en Guinée en est une illustration frappante.
Ce jeu entraine un double standard dans les sanctions. Un coup d’État militaire est sévèrement puni (fermeture de frontières, gel de comptes…), alors qu’un troisième et un quatrième mandat anticonstitutionnel est rarement sanctionné. Cela crédibilise les putschistes qui se présentent comme des “correcteurs” d’un ordre international hypocrite. Suivez mon regard. Et cette considération à géométrie variable affaiblit la légitimité des institutions régionales. Conséquences, on observe la défiance croissante des populations vis-à-vis des institutions comme la CEDEAO, la crise de légitimité des pouvoirs civils ou militaires et la multiplication des discours souverainistes et panafricanistes, souvent instrumentalisés. Cette histoire de 9ème congrès panafricain qui s’est déroulé à Lomé, du 08 au 12 décembre 2025 en est une illustration.
Sans passer par autres chemins, il convient de marteler que la CEDEAO doit, tout comme l’a fait l’Union Africaine, élargir la définition du coup d’État aux ruptures de l’ordre constitutionnel, même « légalisées ». La CEDEAO doit appliquer les mêmes standards de légalité et de démocratie à tous les États, quelle que soit leur position géopolitique. Elle doit renforcer la transparence des alliances militaires et économiques, pour limiter leur instrumentalisation politique. La CEDEAO doit surtout se doter d’un organe juridico-constitutionnel qui étudie et scrute à la loupe, les Constitutions et les propositions de modifications, afin d’empêcher le syndicat et ses membres de s’en servir pour porter atteinte au principe de l’alternance démocratique, écarter des adversaires politiques, de s’octroyer un nouveau mandat, constitutionnel ou anti constitutionnel, se donner des privilèges au détriment de l’intérêt commun et général.
Comme le disait Feu Jerry John Rawlings, il convient que l’Afrique en général et l’Afrique de l’Ouest en particulier, se dote d’institutions si fortes que, même si le diable en personne arrivait au pouvoir, il lui soit impossible de faire ce qu’il veut. Ce qui permettra au peuple de toujours avoir le dernier.
Et pour que les organisations régionales et internationales deviennent des garants crédibles de la démocratie, il convient d’uniformiser les sanctions. La CEDEAO et l’Union africaine doivent appliquer de manière cohérente les dispositions du protocole additionnel et celles de la Charte Africaine de la Démocratie, des Elections et de la Gouvernance pour tous types de coups d’État (conformément à la définition adoptée dans l’article 23 de la Charte) afin d’éviter les doubles standards. Il convient également de renforcer les mécanismes préventifs surtout afin de contourner la fameuse souveraineté évoquée par les membres du fameux syndicats. L’Union Africaine et la CEDEAO doivent développer des capacités de prévention et de médiation en amont des crises, incluant le soutien à des processus électoraux transparents, le renforcement des parlements et le monitoring civil. Elles doivent en finir avec des observateurs bitosards ou gombotiers qui viennent dormir dans des hôtels 5 étoiles et servir aux populations abusés, le fameux refrain « nous avons observé des incidents mineurs qui ne sont pas de nature à entacher la crédibilité du scrutin ». Cela doit cesser. Concrètement, il s’agit d’un coup de gueule qui exige que l’Union Africaine et la CEDEAO reforment le mécanisme d’observation électorale. Il faut plutôt monitorer tout le processus, avant, pendant et après le scrutin. Et faut-il le souligner, l’Union Africaine et la CEDEAO doivent s’assurer que la récitation du fameux refrain cesse et que de sérieuses recommandations soient formulées et soient contraignantes afin de venir à bout du syndrome des processus électoraux viciés et sortis du cadre légal. L’Union Africaine et la CEDEAO doivent penser à un organe continental ou régional neutre qui se chargera des processus électoraux pour mettre fin aux coups d’Etat électoraux et contribuer à rétablir la confiance des population en des joutes électorales. A défaut, l’Union Africaine et la CEDEAO doivent établir une autonomie institutionnelle en réduisant la dépendance aux décisions souveraines de chefs d’État qui utilisent leurs positions pour protéger leurs pairs. Cela peut inclure des mécanismes institutionnels contraignants ou des sanctions automatiques en cas de violation des normes démocratiques. Une coopération régionale et une sécurité civile doivent également être créées. Concrètement, l’Union Africaine et la CEDEAO doivent créer une force de maintien de paix bien structurée doté d’un mandat clair pour protéger l’ordre constitutionnel et non seulement pour des réponses militaires. Elles doivent renforcer la coopération judiciaire régionale pour poursuivre les auteurs, commanditaires et bénéficiaires des violations.


