C’est un discours chargé d’émotion, mais aussi de bilan et de projection, que le président Patrice Talon a livré ce mardi matin devant les députés à l’Assemblée nationale. Pour la dixième et dernière fois dans cette posture, le chef de l’État béninois a dressé son appréciation de l’état de la Nation, 65 ans après l’accession du Bénin à la souveraineté internationale, affirmant que le pays a « définitivement trouvé son chemin » vers le développement.
D’emblée, le ton est solennel. Patrice Talon assume le caractère particulier de cette allocution, la dernière de son second mandat. « Ce n’est pas sans émotion que je me tiens devant vous », confie-t-il, avant de s’adresser aux députés en leur qualité de représentants légitimes du peuple béninois. Plus qu’un simple exercice institutionnel, le président a voulu poser une question centrale : le Bénin a-t-il enfin engagé un progrès irréversible au point de devenir un pays qui n’a plus honte de lui-même, mais qui inspire fierté et espoir ?
À cette interrogation, Patrice Talon répond sans détour : « oui ». Selon lui, depuis près de dix ans, le pays a amorcé une mutation profonde dont les signes sont désormais visibles dans tous les secteurs structurants de la vie nationale. Le chef de l’État met en avant ce qu’il qualifie de « nouvel état d’esprit », moteur principal des transformations engagées. « Ce miracle, c’est notre nouvel état d’esprit », affirme-t-il, estimant qu’il a permis au pays d’accepter les efforts, d’innover et de rompre avec les pratiques du passé.
Une démocratie redéfinie comme levier de développement
Au cœur de son message, Patrice Talon revient longuement sur les réformes politiques opérées depuis 2018. Il reconnaît que l’instauration de l’État de droit et de la démocratie pluraliste, héritées de la Conférence nationale, n’ont pas suffi à garantir la bonne gouvernance. « Nous pensions que les acquis de la Conférence nationale suffiraient à produire le développement. Hélas, non », admet-il.
Pour le président, les réformes du système partisan et du modèle démocratique, bien que parfois contestées, étaient nécessaires pour mettre la démocratie « au service des citoyens et non au service exclusif des acteurs politiques ». Dans cette vision, être acteur politique n’est plus un droit acquis, mais un devoir exigeant compétence, humilité et sens du sacrifice.
Sécurité et cohésion nationale mises à l’épreuve
Le discours a également été marqué par un hommage appuyé aux forces de défense et de sécurité, après l’attaque survenue le 7 décembre 2025 contre la nation béninoise. Patrice Talon a salué leur loyauté et leur mobilisation immédiate, tout en rendant hommage aux victimes tombées lors de cette agression qu’il attribue à des « marginaux insensés » soutenus de l’extérieur. Il y voit la preuve que le Bénin a atteint un palier décisif de maturité nationale, capable de faire face aux épreuves sans vaciller.
L’heure du passage de témoin
À l’approche de la fin de son mandat, le président a tenu à exprimer sa gratitude aux députés des différentes législatures, aux institutions de la République et au peuple béninois dans son ensemble. Reconnaissant ne pas avoir « tout réussi », il affirme néanmoins que des progrès autrefois jugés impossibles ont été accomplis et que « désormais, plus rien ne nous est inaccessible ».
Dans un contexte de renouvellement institutionnel à venir – nouvelles élections, nouvelle législature, futur président – Patrice Talon se veut rassurant. Il appelle les Béninois à ne pas craindre l’avenir et à faire confiance aux générations successives pour poursuivre l’œuvre engagée.
« Le bien-être tant attendu est désormais à notre portée », assure-t-il, concluant son dernier message à la Nation par un appel à l’unité, à la patience et au patriotisme. Pour le chef de l’État sortant, le plus important héritage de la décennie écoulée n’est peut-être pas seulement les infrastructures ou les réformes, mais cette conviction désormais partagée que le Bénin peut réussir par lui-même.