Alors que le président béninois Patrice Talon a qualifié, jeudi 18 décembre, les auteurs de la tentative de coup d’État du 7 décembre de « petits terroristes encouragés par quelques acteurs politiques marginaux et des soutiens extérieurs », une voix onusienne appelle, au même moment, à une réflexion plus large sur les causes profondes de l’instabilité politique en Afrique de l’Ouest et au Sahel.
Devant le Conseil de sécurité des Nations unies, Barrie Freeman, représentante spéciale adjointe du secrétaire général de l’ONU pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, a mis en garde contre les effets des réformes de gouvernance perçues comme exclusives. Selon elle, « l’expérience acquise dans toute la région montre que les réformes de la gouvernance perçues comme exclusives sapent la légitimité et alimentent le mécontentement populaire ».
En effet, au-delà de la menace terroriste, régulièrement citée comme un facteur majeur d’instabilité au Sahel, plusieurs analystes relèvent que des dynamiques politiques internes ont également contribué à des coups d’État, des tentatives de putsch et des manifestations violentes dans la sous-région. Parmi elles figurent des réformes constitutionnelles controversées, souvent perçues comme renforçant ou prolongeant le pouvoir en place.
La tentative de coup d’État survenue au Bénin, à l’approche des élections présidentielles et législatives prévues début 2026, illustre selon elle cette fragilité persistante. « Elle souligne encore davantage la nécessité d’une large consultation et d’une transparence totale sur les processus de réforme constitutionnelle et de gouvernance », a-t-elle déclaré devant les membres du Conseil de sécurité.
Barrie Freeman a par ailleurs alerté sur une « érosion des normes démocratiques » dans plusieurs pays de la région, évoquant un rétrécissement de l’espace civique et politique, ainsi que des rapports préoccupants faisant état de détentions arbitraires, de torture et de disparitions forcées. Autant de facteurs qui, combinés aux crises sécuritaires et humanitaires, nourrissent la défiance des populations envers les institutions.
Dans ce contexte, les Nations unies entendent intensifier leur soutien aux processus de dialogue nationaux, en impliquant davantage la société civile, les jeunes et les femmes, souvent sous-représentés dans les mécanismes de prise de décision. L’objectif affiché est de préserver les acquis démocratiques et de prévenir de nouvelles ruptures institutionnelles dans une région déjà confrontée à de multiples crises.
Réformes politiques contestées : l’ONU sonne l’alarme en Afrique de l’Ouest


