Avec 118 partis politiques pour moins de 10 millions d’habitants, le Togo présente un paysage politique fragmenté, où l’engagement citoyen semble se dissiper de plus en plus. Dans ce contexte, Jean Anawi propose une réflexion sur une possible reconfiguration du système politique togolais, en consolidant les partis par tendances idéologiques. L’objectif : réduire le nombre de formations politiques, favoriser des coalitions plus cohérentes et renforcer l’intérêt pour la gestion des affaires publiques. Mais cette transformation nécessite également une véritable réconciliation nationale et un renforcement de la souveraineté pour être pleinement efficace.
INVITATION À UNE RECONFIGURATION DU PAYSAGE POLITIQUE TOGOLAIS
118 partis politiques pour une population de moins de 10 000 000 d’habitants, voilà la configuration du paysage politique togolais à ce jour. Malgré cette pléthore de formations politiques, la population, dans son ensemble parait se désintéresser de plus en plus de la gestion de la chose publique. Face à ce contrast, que faire pour sauver l’intérêt général du pays? Ceci nous amène à penser à une reorganisation du paysage politique togolais afin d’obtenir un nombre plus réduit de partis politiques. Pour ce faire, jetons un regard sur l’ensemble des 118 partis politiques. Une vue sous l’angle historique et idéologique laisse apparaitre trois grands ensembles: d’abord les partis politiques de la tendance souverainiste, ensuite les partis politiques de la tendance progressiste et enfin les partis politiques nouveaux.
1 – Les partis politiques de la tendance souverainiste.
Il s’agit des formations politiques nées avant 1960 et qui se réclament de la descendance spirituelle des pères de l’indépendance immédiate: « l’Ablodé ». Cette famille politique a apporté son soutien au projet de création d’une nation pan-Ewé dans les années 50. Cette sensibilité a été successivement représentée par le Comité de l’Unité Togolaise (CUT) et la JUVENTO, par l’Union des Forces du Changement (UFC), par l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC) et par des formations politiques encore en quête de place sur l’échiquier politique national.
2 – Les partis politiques de la tendance progressiste
Il est question des partis politiques nés avant 1960 et qui se réclament de la descendance des défenseurs des intérêts des peuples du Nord-Togo, précurseurs qui plaidèrent pour l’indépendance progressive du Togo. Née avec l’Union des Chefs et Populations du Nord (UCPN) et le Parti Togolais du Progrès (PTP), cette tendance s’est transmuée en Rassemblement du Peuple Togolais (RPT), puis en Union pour la République (UNIR). Autour de ce parti gravitent des formations politiques moins visibles.
3 – Les nouveaux partis politiques
Créés à partir de 1990, ces formations politiques visent essentiellement la démocratie et l’état de droit. En conséquence, elles s’efforcent de se dôter de véritables programmes de societe. Elle ont commencé à s’imposer véritablement à partir de l’an 2020. Il s’agit successivement du Comité d’action pour le Renouveau (CAR), de la Convention Démocratique de Peuples Africains (CDPA), de l’Union Togolaise pour la Démocratie (UTD), de l’Alliance des Démocrates pour le Développement Intégral (ADDI), du Parti Socialiste pour le Renouveau (PSR), du Parti National Panafricain (PNP), de la Force Des Démocrates Républicains (FDR), de la Dynamique Monseigneur Kpodzro (DMK), de la Dynamique pour la Majorité du Peuple (DMP) ainsi que de plusieurs autres formations politiques qui cherchent à se faire de la place dans l’espace politique togolais.
Proposition
Au regard de cette cartographie des partis politiques, l’on peut penser à une reorganisation du paysage politique togolais où se coalisent les partis de même tendance afin d’aboutir à un nombre plus réduit ( cinq à sept) de formations politiques. Cette reorganisation du paysage politique national pourrait contribuer à rendre plus efficaces et plus responsables les acteurs politiques du pays
Mais dès lors, une question se pose. Que peut faire une classe politique ainsi définie sans une véritable réconciliation nationale et sans une souveraineté réelle dans le contexte géopolitique actuel?
Repensons le TOGO
Jean ANAWI
Source : Togonyigba