Ce 13 janvier 2025, une date emblématique de l’histoire politique du Togo, prend une tournure nouvelle avec les appels des opposants à marquer la journée par des mobilisations pacifiques. Un jour chargé de symbolisme, celui de l’assassinat de Sylvanus Olympio, premier président du Togo, survenu en 1963, devient en cette année un moment fort de résistance et de demande de changement, loin des commémorations habituelles.
Le 13 janvier 1963, Sylvanus Olympio, leader de l’indépendance du Togo, est tué lors du premier coup d’État militaire en Afrique subsaharienne. Cette tragédie marque le début d’une longue période d’instabilité politique, menant à l’ascension de Gnassingbé Eyadéma au pouvoir en 1967, puis à la succession de son fils, Faure Gnassingbé, en 2005. Historiquement, cette date était aussi celle où le régime d’Eyadéma célébrait la prise de pouvoir militaire du 13 janvier 1967. Cependant, en 2005, après la mort de son père, Faure Gnassingbé décide de réorienter la commémoration de ce jour, loin des grandes célébrations nationales. Cette année, les partis d’opposition réinvestissent cette journée pour exprimer leur volonté de changement, transformant ce qui était un symbole de consolidation du pouvoir en un moment de résistance.
Tikpi Atchadam appelle à une journée de deuil national
Depuis son exil, Tikpi Atchadam, leader du Parti National Panafricain (PNP), a publié un message fort en vue de la journée du 13 janvier 2025. Dans un appel à la mobilisation, il déclare : « Le 13 janvier 2025 sera le repli de l’océan avant le Tsunami, le silence avant la tempête ». Exprimant son souhait de voir Faure Gnassingbé quitter le pouvoir, Atchadam souligne l’importance de cette journée symbolique dans « la lutte pacifique » pour la démocratie. Il précise également que son appel n’est pas une invitation à rejoindre son parti, mais à s’unir pour exiger le départ du président actuel.
« Cette journée de deuil est un acte de résistance. Elle annonce l’imminence du changement pour le Togo », affirme-t-il, tout en rendant hommage à Sylvanus Olympio et en attirant l’attention sur la situation politique du pays.
Le MLN opte pour une veillée spirituelle
De son côté, le Mouvement de Libération Nationale (MLN), dirigé par Kofi Yamgnane, privilégie une approche plus spirituelle. À l’occasion de l’anniversaire de l’assassinat de Sylvanus Olympio, le MLN organise une veillée spirituelle dans la nuit du 12 au 13 janvier 2025. Dans un communiqué, Yamgnane insiste sur l’importance de cette date, qu’il considère comme le début d’une longue période de souffrance pour le peuple togolais : « Cet acte odieux a brisé notre indépendance et a ouvert la voie à un régime dictatorial », déclare-t-il. Le MLN invite les Togolais à marquer cette journée par des manifestations de deuil collectif, en portant des vêtements noirs et en chantant l’hymne national en signe de résistance.
Les prières et veillées spirituelles, appelées par le MLN, ont pour objectif de « briser les chaînes maléfiques » qui, selon eux, maintiennent le pays sous l’emprise de la famille Gnassingbé. Ce mouvement appelle également à la prière pour la libération du Togo et à une action pacifique pour retrouver la souveraineté nationale.
Ces appels à la mobilisation ont trouvé un écho favorable parmi de nombreux Togolais, qui ont commencé à diffuser des images et des autocollants à l’effigie de Sylvanus Olympio sur les réseaux sociaux. Cependant, la question demeure de savoir si ces événements se traduiront par des rassemblements physiques, alors que les manifestations politiques et les regroupements d’opposition ont souvent été réprimés ces dernières années.