Né le 28 janvier 1979 à Mbandaka, en République Démocratique du Congo, Alain Super Ekosa est une figure incontournable de l’art contemporain congolais. Son parcours, jalonné d’expériences multiples entre peinture, sculpture et design environnemental, fait de lui un artiste aux expressions variées, engagé dans la représentation des réalités sociales et politiques de son pays.
Formé à l’Institut des Beaux-Arts de Kinshasa, puis à l’Académie des Beaux-Arts de la même ville, il parachève son apprentissage en design de l’environnement à l’Université de culture et arts de l’État de Belgorod en Russie. Son travail est marqué par une approche innovante : il recycle des chaussures usées en support artistique, transformant des objets du quotidien en œuvres vibrantes de mémoire et d’histoire.
“Désespoir” : Un Cri Visuel Face à la Tragédie de Goma
Sa dernière œuvre, Désespoir, résonne particulièrement dans le contexte actuel de la RDC. Cette peinture, déchirante par son intensité, met en scène un enfant soldat portant une arme et un jeune enfant sur son dos, sous un ciel menaçant. En toile de fond, des silhouettes floues fuient, illustrant l’exode massif des populations piégées dans les violences.
La situation à Goma, exacerbée par l’avancée du groupe rebelle M23 et les tensions entre la RDC et le Rwanda, donne à cette œuvre une force symbolique. Alain Super Ekosa capture le regard désemparé de l’enfance sacrifiée, des vies brisées par les conflits et l’absence d’un avenir stable.
Mais Désespoir ne se limite pas à la seule tragédie congolaise. Elle résonne à l’échelle mondiale, dans tous les territoires meurtris par la guerre et l’oppression. Que ce soit en Palestine, au Soudan, en Ukraine ou en Haïti, les destins dépeints par Ekosa incarnent une réalité universelle : celle des populations dépossédées de leur innocence et de leur dignité.
Un Artiste Témoin de Son Temps
Fidèle à son engagement, Alain Super Ekosa continue de témoigner des réalités congolaises et africaines à travers son art. Ses portraits de figures historiques comme Patrice Lumumba ou Papa Wemba, peints sur des chaussures cousues, rappellent la marche de l’Histoire et les traces laissées par les grands hommes.
Avec Désespoir, il va plus loin en inscrivant son cri pictural dans l’urgence du présent. Face à la passivité internationale, son pinceau devient une arme de résistance, un miroir tendu aux consciences. Son travail nous rappelle que l’art, au-delà de l’esthétique, est une voix puissante pour les oubliés de l’histoire.
L’Art Comme Un Espoir Face à l’Adversité
Dans un monde où la violence et l’injustice semblent omniprésentes, Alain Super Ekosa rappelle que l’art peut être un moyen de résistance et d’espérance. À travers ses œuvres, il offre une tribune aux voix étouffées et attire l’attention sur des crises trop souvent reléguées au silence.
Son approche, mêlant engagement social et innovation artistique, fait de lui un créateur unique dont l’impact dépasse les frontières de la RDC. Son œuvre Désespoir n’est pas seulement un constat de souffrance, mais aussi un appel à la prise de conscience et à l’action.
L’art d’Ekosa s’inscrit ainsi dans une tradition de dénonciation et de mémoire, affirmant que même au cœur du chaos, la beauté et le témoignage restent des armes puissantes pour façonner un avenir meilleur.
Richard laté Lawson-Body