Le Togo ne jouera plus les intermédiaires entre la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES). Cette mission revient désormais au nouveau président du Ghana, John Dramani Mahama, récemment mandaté par ses homologues de la CEDEAO pour reprendre les négociations avec le Burkina Faso, le Mali et le Niger. Ces trois pays, anciens membres de l’organisation, ont fait dissidence après les coups d’Etat militaire à la tête desdits Etats.
Au début de la crise, c’est le chef de l’Etat togolais, Faure Gnassingbé, le jeune-doyen des chefs d’État de la sous-région, qui s’était porté pour trouver une issue durable au conflit. Son ministre des Affaires étrangères, le professeur Robert Dussey, avait alors pris les rênes de cette médiation. Mais malgré son engagement affiché au nom d’un certain panafricanisme, le diplomate togolais a peiné à instaurer un dialogue franc et apaisé entre la CEDEAO et l’AES. Un flop total.
En plus, au fil des mois, la position du Togo dans cette crise est devenue de plus en plus ambiguë. Une déclaration récente de Robert Dussey, dans une interview accordée à un média international, a semé le doute. En effet, le ministre a laissé entendre qu’il n’est pas exclu que le Togo intègre l’AES et que la décision revenait à Faure Gnassingbé. Cette sortie a vraisemblablement éveillé les soupçons des partenaires régionaux. Résultat : la CEDEAO a décidé de retirer le dossier des mains du président togolais pour le confier à son homologue ghanéen.
Le 8 mars 2025, John Dramani Mahama s’est rendu au Mali pour tenter de convaincre les trois États de l’AES de réintégrer le giron de la CEDEAO. À l’issue des discussions, le président ghanéen a plaidé pour « un minimum de respect » entre les deux parties, soulignant que « le manque de confiance reste au cœur des tensions ». Il s’est toutefois montré optimiste, estimant qu’il était « encore possible de trouver des terrains d’entente ». Dès le lendemain, le 9 mars, il a poursuivi sa tournée au Niger, porteur du même message de conciliation.
On note déjà une nette différence entre l’approche adoptée par le Ghanéen et la diplomatie « m’as-tu-vu » de Faure Gnassingbé, qui n’a jusqu’ici donné aucun résultat.
Pour de nombreux observateurs, ce revirement constitue une douche froide pour Faure Gnassingbé et sa diplomatie. Le Togo, qui ambitionnait de s’imposer comme un acteur clé dans la résolution de cette crise régionale, voit ainsi son influence remise en question.