Togo- Municipales 2025: L’opposition entre résistance et paradoxe électoral

À l’approche des élections municipales de 2025 au Togo, l’opposition, incarnée par l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC) et la Dynamique pour la Majorité du Peuple (DMP), dénonce avec vigueur un processus électoral qu’elle juge biaisé par le régime RPT/UNIR. Si les deux formations convergent sur une critique acerbe des institutions et du pouvoir, leurs stratégies face à ce qu’elles perçoivent comme une démocratie confisquée révèlent des nuances significatives.

L’ANC, sous la direction de Jean-Pierre Fabre, met l’accent sur les dysfonctionnements institutionnels, notamment la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI), dont le mandat a expiré en mars 2023. « À la veille de l’organisation des prochaines élections municipales, l’ANC constate avec réprobation, que sous la conduite du gouvernement du RPT/UNIR, la CENI a entamé un processus à marche forcée, sans un chronogramme clair et précis et sans aucune consultation des acteurs politiques », déclare le parti dans lors d’une conférence de presse le 3 avril dernier. Cette opacité, aggravée par le silence sur les résultats complets du scrutin d’avril 2024, est vue comme une tentative d’exclure les citoyens et de pérenniser les fraudes. L’ANC exige, cette fois-ci, une transparence dans le processus.

La DMP, en revanche, adopte une posture plus offensive, liant les municipales à une lutte existentielle contre une dérive autoritaire. « Le combat contre la monarchisation décidée et programmée par le régime RPT/UNIR à travers l’imposition de la 5ème République doit être la principale préoccupation de chaque togolais », affirme la coalition dans sa déclaration du 6 avril. Refusant un simple boycott qui laisserait le champ libre au pouvoir, elle appelle à transformer le scrutin en outil de résistance : « Il faudra à tout prix [les] transformer en des actes de résistance massive ». La DMP invite ainsi les Togolais à s’inscrire massivement sur les listes électorales entre le 7 et le 23 avril, tout en préparant des actions contre la 5ème République.

Le parallèle entre les deux approches est frappant. Toutes deux dénoncent une CENI illégitime et un régime qui, selon l’ANC, « se donne l’opportunité d’orchestrer toutes sortes d’irrégularités et de fraudes électorales », et selon la DMP, « use de tous les stratagèmes pour pousser notre pays dans une impasse politique ». Mais là où l’ANC mise sur une pression institutionnelle pour corriger le système de l’intérieur, la DMP voit dans chaque élection un champ de bataille pour défier le pouvoir sur un terrain plus large.

Reste un paradoxe troublant : en février 2025, l’ANC et la DMP ont boycotté les sénatoriales, les jugeant illégitimes car issues de la 5ème République et encadrées par une constitution qu’elles dénoncent. Mais  les voilà, aujourd’hui, sur le pied de guerre pour les municipales qui seront organisées sous ce même cadre juridique qu’elles rejettent.

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