TOGO : LA RÉVOLUTION POPULAIRE QUI CHASSE LE TYRAN
Togo, Bénin, Côte d’Ivoire, Congo, Mali, Burkina, Niger, Afrique du Sud, Égypte, Tunisie, Libye sont des pays qui ont connu un mouvement populaire et qui ont fait chasser le tyran du pouvoir.
Sauf que la suite, pour la majorité des cas, est terrible : les régimes purs et durs y se sont réinstallés plus vampirisant que ceux qui les ont procédés.
Les rares exceptions sont le Bénin et l’Afrique du Sud où on retrouve aujourd’hui un relatif apaisement.
Le Togo notre pays a vécu dans les années 90, une contestation populaire presque parfaite : mouvement citoyen de masse, formation, pédagogie, structuration, discipline, organisation, discussion et un seul mot d’ordre : Conférence nationale souveraine.
Malheureusement, c’est durant la conférence que les choses ont déraillé. La discipline de groupe y a fait place au chaos et aux intérêts partisans.
Il faut dire que la situation socio-politique togolaise est particulière dans la mesure où le pays est fondé sur le crime. Et ce crime a fait émerger un système de gouvernance à puzzles, rhizoïdes qui aspire différents éléments.
Ce sont ces éléments contradictoires qui font finalement que la révolution populaire dans sa conception qui consiste seulement à chasser le tyran et “après trouver celui qui va gouverner” est un raccourci périlleux.
Les concepteurs de la révolution populaire de 90 ont compris le risque. Pour le minimiser, ils ont pensé à un pays où le tyran aurait sa place.
Les chefs de partis politiques ont saboté cette stratégie. Ils ont voulu pour leur part “dégager le tyran.”
Finalement, le tyran est revenu plus fort, plus dur, plus terrible.
Cette erreur qui consiste « à chasser le tyran, le juger, l’envoyer à la CPI » a été commise dans la plupart des pays africains.
Aujourd’hui ces territoires ont tous de nouveaux soudards à leur tête.
Deux exceptions confirment la règle : le Bénin et l’Afrique du Sud qui ont compris que le système qui domine l’Afrique ne se résume pas à la seule personne d’un tyran aussi sanguinaire soit-il mais regarde tout le peuple.
Ainsi, sont-ils allés à la racine du problème, ont dialogué de façon sincère, négocié, se sont pardonnés, ont mis l’armée au centre des discussions.
Le Togo, corrigera-t-il cette erreur des années 90 ? Ira-t-il à une Assise de refondation pour dialoguer de façon sincère, corriger ensemble le manquement de la nouvelle Constitution, dégager un système consensuel de gouvernance et se remettre définitivement sur pied ?
Au contraire, restera-t-il dans le bombement de torse, les cris de guerre et les agitations stériles qui renforcent le système de domination ?
Se Osagyefo Asafo
Kodjo Marius Djegno