Réunis en Assemblée générale extraordinaire ce samedi 5 juillet 2025 à Lomé, les membres de l’Association des Biologistes Médicaux du Togo (ABM-Togo) ont lancé un cri du cœur. Venus de toutes les régions du pays, ces professionnels de la biologie médicale ont dressé le bilan de leurs actions passées, évoqué les nombreux obstacles auxquels ils font face, et surtout exprimé leur volonté de contribuer pleinement à la santé publique à travers un cadre juridique équitable.
Au cœur des discussions, les difficultés rencontrées par les biologistes médicaux togolais dans l’exercice de leur profession, notamment dans le secteur privé. Le président de l’ABM-Togo, Dr. Kossi Kabo, n’a pas mâché ses mots, il a mis en lumière les nombreuses frustrations de la corporation : « Nous contribuons significativement aux résultats des départements de la santé, à la production de données statistiques sanitaires utilisées au niveau national et international. Et pourtant, force est de constater que notre corporation perd progressivement les acquis qui nous permettaient d’exercer avec conscience professionnelle, moralité et expertise. »



Selon lui, les récentes discussions autour de la révision du Code de la Santé ont révélé un désintérêt préoccupant pour les enjeux liés à la biologie médicale. « Des personnes censées comprendre l’importance de notre rôle dans les missions de santé publique sont venues à la disette. Cette situation ternit l’image de notre pays et sabote la vision inclusive que nous avons pour notre système sanitaire. »
Parmi les défis majeurs évoqués figure l’interdiction pour les biologistes médicaux diplômés d’ouvrir leurs propres laboratoires. Une situation que le président de l’ABM juge incompréhensible et injuste : « Un mécanicien formé sur le tas peut ouvrir un atelier, mais un biologiste médical, diplômé d’universités reconnues, ayant suivi des spécialisations et intervenant dans les programmes du ministère de la Santé, se voit refuser ce droit. C’est un non-sens. »
Pire encore, ces biologistes dénoncent des pratiques qui mettent directement en danger la vie des patients. A les en croire, des personnes non qualifiées exploiteraient les cachets de biologistes officiels sans supervision, compromettant la fiabilité des résultats d’analyses. « Ces résultats, souvent produits sans aucun contrôle réel, mettent en péril la santé des patients », a affirmé Dr. Kabo.
Pour l’ABM-Togo, l’urgence est donc claire : il faut que le futur Code de la Santé consacre les droits des biologistes médicaux à exercer leur métier en toute légalité et dans des conditions qui garantissent la qualité des soins. « Ce texte de loi est capital. Il définit les prérogatives de chaque corporation et doit intégrer nos recommandations. Nous allons rester éveillés et mobilisés jusqu’à la validation finale. Ce que nous défendons, ce n’est pas seulement notre avenir professionnel, c’est l’accès universel à des soins fiables pour tous les Togolais », a souligné le président.
Loin de se limiter à une simple analyse critique, l’Assemblée a été l’occasion pour les membres de l’ABM de renouveler leur engagement à œuvrer pour l’excellence, la formation continue et la promotion de la santé publique. Malgré les entraves, le président Kabo se veut optimiste : « Nous partons de loin, mais nous sentons aujourd’hui un vent nouveau, une mobilisation réelle qui nous encourage à aller de l’avant. »
L’ABM-Togo appelle à la solidarité de tous les biologistes médicaux et à un engagement constant pour faire reconnaître leur rôle crucial dans le système sanitaire togolais. Leur combat, ont-ils rappelé, n’est pas une revendication corporatiste, mais une exigence de justice et de responsabilité envers les populations.
« Il y a des zones au Togo où il n’y a pas de laboratoires, où les malades sont traités à l’aveugle, faute de diagnostics fiables. Nous ne pouvons pas rester indifférents. Ce que nous voulons, c’est accompagner le ministère de la Santé dans sa mission. Être des acteurs à part entière d’une santé publique accessible, moderne, et sécurisée », a conclu Dr. Kossi Kabo.