Le chef de l’État malgache, Andry Rajoelina, a annoncé lundi la dissolution de son gouvernement, après une série de manifestations liées aux coupures d’électricité et aux pénuries d’eau, qui ont dégénéré en violences. Le bilan communiqué par les Nations unies fait état d’au moins 22 morts et plus de 100 blessés.
À Antananarivo, la capitale, des milliers de jeunes ont pris la tête du mouvement, dénonçant la dégradation des conditions de vie. Les rassemblements, entamés la semaine dernière, se sont poursuivis lundi, marqués par des chants de l’hymne national et des marches vers le centre-ville.
D’après plusieurs sources médiatiques, la police a répliqué par des tirs de gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc, tandis qu’un couvre-feu nocturne reste en vigueur. Des pillages ont été rapportés dans des commerces et des banques, et des domiciles de responsables politiques ont été attaqués.
Dans une adresse télévisée, Andry Rajoelina a reconnu la colère populaire et présenté ses excuses. « Nous reconnaissons et nous excusons si des membres du gouvernement n’ont pas accompli les missions qui leur étaient confiées », a-t-il déclaré, promettant un dialogue avec la jeunesse ainsi que des mesures de soutien pour les entreprises touchées.
Une crise sociale profonde
Selon la Banque mondiale, 75 % des Malgaches vivaient sous le seuil de pauvreté en 2022. Les pénuries d’eau et d’électricité, devenues récurrentes, alimentent la contestation.
Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme évoque des victimes parmi les manifestants, des passants, mais aussi des personnes tuées lors de pillages menés par des groupes sans lien direct avec la contestation. Le gouvernement malgache a rejeté ces chiffres, parlant de « rumeurs ou désinformation ».
Une mobilisation inspirée de mouvements étrangers
Les organisateurs affirment s’inspirer de mobilisations récentes au Kenya, au Népal et au Maroc. À Antananarivo, certains manifestants brandissaient même un drapeau utilisé lors des protestations au Népal qui avaient conduit à la démission du Premier ministre.
Comme ailleurs sur le continent, les réseaux sociaux, en particulier Facebook, jouent un rôle majeur dans la coordination des actions, à l’image du mouvement kényan de 2024 qui avait contraint le gouvernement à abandonner un projet fiscal.