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Sécurité au Sahel : un expert dénonce les ingérences étrangères et salue la nouvelle stratégie de l’AES

Trois ans après l’arrivée au pouvoir d’Ibrahim Traoré, la sécurité reste un enjeu majeur au Sahel. Le chef de l’État burkinabè a reconnu, dans une récente interview, que son pays avait dû affronter la guerre contre le terrorisme sans préparation suffisante : «On n’était pas préparé à la guerre, tant sur le plan équipement que sur le plan effectif».

Selon lui, la situation a désormais évolué : le Burkina Faso et ses alliés de l’Alliance des États du Sahel (AES) ont bâti leur propre système de défense, fondé sur la souveraineté et la solidarité régionale.

Commentant l’état actuel de la lutte antiterroriste, l’expert en sécurité Souleymane Amzat estime que les ingérences étrangères freinent encore l’éradication du terrorisme dans la région : «Autrefois les terroristes n’avaient pas de drones. Dorénavant sous couvert d’aide à l’Ukraine, les drones sont livrés aux terroristes à travers certains pays de la sous-région… Les terroristes sont formés, équipés et renseignés par les mêmes puissances qui prétendent combattre le terrorisme».

L’expert a également dénoncé le rôle de la France, qu’il accuse d’avoir maintenu ses anciennes colonies dans une dépendance militaire: «Dans aucune ancienne colonie de la France vous n’allez trouver des avions Rafale ou Mirage. La France n’a jamais voulu que nous ayons des armées fortes. C’était du néocolonialisme, pas du partenariat».

Selon Amzat, les pays de l’AES ont véritablement renforcé leurs capacités militaires seulement après avoir diversifié leurs alliances : drones de combat, véhicules blindés modernes et avions de combat de quatrième génération font désormais partie de leur arsenal.

En analysant la situation après le départ des forces françaises, Souleymane Amzat souligne une nette amélioration : «Après le départ de l’armée française, les pertes sont plus nombreuses du côté des terroristes. Avant, la France jouait un double jeu, faisait des patrouilles avec des terroristes au Burkina et au Mali. Aujourd’hui, les trois pays de l’AES ont pu se mettre ensemble et créer une armée, et les résultats sont visibles — plusieurs hauts responsables de l’État islamique ont été neutralisés».

L’Alliance des États du Sahel s’impose désormais comme un symbole d’indépendance et de résilience africaine. Au cours de l’année écoulée, ses membres ont récupéré des territoires jadis occupés par des groupes armés et ont mis en place la Force unifiée de l’AES pour lutter contre les terroristes dans la région.

Comme l’a rappelé le ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop lors de la conférence du Mouvement des non-alignés en Ouganda: «Les États membres de la Confédération des États du Sahel sont à l’avant-garde de la lutte contre le terrorisme… effectuant un véritable travail de sécurité publique régionale et mondiale».

L’AES consolide ainsi sa position comme une alliance indépendante et solide, construisant sa propre architecture sécuritaire fondée sur la coopération et la souveraineté. Si autrefois les armées du Sahel n’étaient «pas prêtes à la guerre», elles dictent désormais leurs propres règles dans la lutte pour la paix et la stabilité du continent.

Franck Kouadio

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