Pauvres Togolais ! Ils auront tout vu. Ils auront subi toutes les humiliations possibles par le fait du comportement méprisant du régime Gnassingbé.
Faure Gnassingbé peut parcourir le monde et jouer au papa gentil, à l´homme de la paix, pendant que son peuple subit de plein fouet les conséquences de la mal gouvernance, de la gouvernance d´un clan pour seulement ses intérêts, en un mot, de la dictature, du règne de terreur. Le fils-à-papa togolais peut faire arrêter, envoyer en exil ou tuer tout Togolais qui oserait le défier sur le chemin de son pouvoir qui lui permet de jouir, et non de travailler pour le bien commun. Et si beaucoup de régimes de dictature à travers le continent africain sont tombés et que les différents peuples concernés ont connu la liberté, la démocratie, et ne sont pas arrivés à ce niveau de pourriture à la togolaise, c´est parce qu´un groupe de citoyens disposant d´un statut particulier a compris et a pris ses responsabilités. C´est pourquoi nous disons que les protestations, les soulèvements populaires contre le dictateur et sa clique, partout où ils se déroulent, quelle qu´en soit l´ampleur, n´ont de chance d´aboutir que lorsque ceux qui détiennent la force, aient aussi le courage et surtout la ferme volonté de sortir pour terminer le travail.
Revenant sur la situation socio-politique au Togo plus que dramatique faite, entre autres, de maintien d´au moins 160 prisonniers politiques en détention, dont 37 d´entre eux sont entrés en grève de la faim. En effet, aux 27 prisonniers qui avaient entamé leur action les 8 et 13 novembre 2025 sont venus s´ajouter 10 autres détenus le 16 novembre dernier. Les 37 malheureux, dont Aziz Goma, citoyen irlandais d´origine togolaise, détenu depuis le 21 décembre 2018, paralysé à la suite de tortures diverses, et Grâce Bikonibiyate Koumayi, sage-femme, militante, arrêtée le 6 juin 2025, victime de viol et de torture, entendent par cette action désespérée, attirer enfin l´attention des autorités togolaises et de la communauté internationale sur leur désastreuse situation. Une communauté internationale qui ne connaît que trop le régime togolais avec son peu de considération pour la vie et la dignité humaines des ses concitoyens.
L´autre cas emblématique est celui de notre compatriote Jean-Paul Omolou résidant en Suisse avec sa famille et arrêté le 04 novembre 2021 à Lomé. Il est détenu depuis cette époque au tristement célèbre SCRIC ((Service Central de Recherches et d’Investigations Criminelles). Torturé et coupé de tout contact, Omolou ne serait plus, physiquement parlant, que l´ombre de lui-même. Un citoyen français répondant au nom de Steeve Rouyar, arrêté le 6 juin 2025, d´après les résultats de nos dernières recherches, serait également détenu dans une cellule sans lumière au SCRIC, sans accès à un avocat, ni aux soins.
Voilà en résumé les quelques dramatiques conséquences de la répression impitoyable du régime togolais. Une très alarmante situation de violations des droits de l´homme qui n´est malheureusement pas exhaustive. Inutile de passer par d´autres explications pour savoir que le Togo vit la plus dramatique situation politique, sans alternance, depuis plus de 30 ans parmi les pays de la sous-région ouest-africaine, pour ne pas aller plus loin. Là où des dirigeants soucieux du bonheur et de l´avenir de leurs pays, dans une telle situation chaotique que celle du Togo, se seraient battus pour se poser des questions et trouver des approches de solution, Faure Gnassingbé s´en fiche comme d´une guigne. On aurait l´impression, à voir l´attitude actuelle du « président du conseil » togolais, qui consiste à jouer au pigeon voyageur, au globe-trotter, que notre pays était un paradis démocratique où l´alternance serait une réalité. Pire, Faure Gnassingbé se fait passer pour l´homme de la paix, pour l´amoureux de la vie humaine, alors que chez lui au Togo plusieurs prisonniers politiques sont déjà morts en détention, et qu´il il refuse de libérer plus d´une centaine d´autres, incarcérés dans des conditions inhumaines. Rappelons que son propre demi-frère, Kpatcha Gnassingbé, accusé en 2009 de tentative de coup d´état avec certains de ses supposés complices, condamné le 15 septembre 2011 à vingt (20) ans d´emprisonnement, se trouve toujours en détention.
Togo–Russie : les enjeux de la visite de Faure Gnassingbé à Moscou
On nous dit que la visite de Faure Gnassingbé, la semaine dernière, à Moscou pour rencontrer Wladimir Poutine, aurait consisté d´une part, à parler de la situation sécuritaire dans le Sahel, et d´autre part, à discuter des problèmes des engrais avec le président russe, et de la sécurisation de l´approvisionnement de ces fertilisants pour les pays de l´Afrique de l´ouest. Une très bonne chose, certes. Mais sincèrement, entre nous, avec tous les problèmes politiques qui ont cours au Togo depuis des décennies, doublés d´une persécution terrible sur les populations et des nombreux cas de violations des droits de l´homme, comme la dramatique situation des prisonniers politiques, Faure Gnassingbé est-il vraiment le mieux qualifié parmi ses pairs de la sous-région ouest-africaine pour faire de telles démarches auprès du président russe ? De quoi je me mêle ? Nous estimons qu´un tel activisme trop voyant de la part du supposé président du conseil togolais à l´extérieur est contre-productif au vu de la situation socio-politique catastrophique à l´intérieur du pays, dont il est l´une des principales causes, sinon la principale cause. Continuer sur cette lancée voudrait dire que Faure Gnassingbé, en dehors de la jouissance du pouvoir, n´a pas la volonté politique, ou la volonté tout court, pour faire baisser la tension sociale, en libérant, par exemple, tous les prisonniers politiques sans conditions, et tendre la main aux autres acteurs politiques de la vraie opposition, pour régler les grands problèmes du Togo et remettre le pays sur les rails de la normalité, comme cela se passe ailleurs, pas très loin de chez nous.
Samari Tchadjobo
Allemagne
