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Togo – Les inégalités explosent, l’économie stagne et la dette étranglé

Après la Feuille de route 2020-2025, le programme du gouvernement 2026-2027 pour la fin du cycle ? 

Le vendredi 14 novembre 2025, le premier conseil du premier gouvernement de la 5e République s’est tenu sans le rituel de l’assemblée nationale comme le veut la pratique. Au demeurant, le conseil des ministres a adopté le projet de la loi de finances exercice 2026 en violation de toutes les directives et prescriptions de la loi organique en la matière et sans avoir au préalable organisé un débat d’orientation budgétaire (DOB) sur le nouveau programme de gouvernement conformément à la tradition imposée par les directives de l’UEMOA.

Il faut noter également qu’avant le projet de la loi de finances pour l’année 2026, un correctif budgétaire est obligatoire étant donné que plusieurs lignes budgétaires avaient été suspendues pendant la période intérimaire de 5 mois à la suite de la démission de l’ancien gouvernement; à moins de répéter les incongruités de l’année dernière quand le correctif budgétaire de l’année en cours et le budget de l’année suivante ont été adoptés pratiquement le même jour. 

Le communiqué du conseil du gouvernement relève que le budget exercice 2026 est en cohérence avec les orientations du Document de Programmation Budgétaire Économique Pluriannuel (DPBEP) 2026-2027. Il s’agit d’un nouveau programme du gouvernement qui n’a jamais été débattu nulle part avec les acteurs de la vie publique. Ce qui confirme une gestion opaque et un manque de transparence, devenus la norme. Ce qui n’est autre qu’une normalisation des échecs des différents programmes de gouvernement depuis 2008.

Chaque année, depuis la SCAPE, le PND et la feuille de route du gouvernement 2020-2025, les budgets se suivent et se ressemblent. Depuis 2022, c’est devenu une routine. On annonce toujours une croissance du budget entre 11 et 14 % d’une année à l’autre sans aucun débat d’orientation, ni une étude sérieuse du budget à l’assemblée nationale. Ce qui ne rassure pas l’opinion nationale quand on sait que les budgets de l’État ont toujours été adoptés comme une ordonnance médicale à l’assemblée. Ce n’est plus un secret pour personne que l’assemblée nationale, depuis longtemps, soit devenue une chambre d’enregistrement. 

Aujourd’hui, il est question du programme pluriannuel 2025-2027 sans qu’on ait fait le bilan de la feuille de route 2020-2025.

À ce jour, personne n’est informé des résultats de la mise en œuvre des trois axes de la feuille de route 2020- 2025 à savoir:  

1/renforcer l’inclusion, l’harmonie sociale et garantir la paix, 

2/ dynamiser la création de l’emploi en s’appuyant sur les forces de l’économie 

3/ moderniser le pays et renforcer les structures.

 À tous les niveaux c’est un échec. 

En effet, en 2020 le ratio dette publique /PIB était de 51%. Au 30 juin 2025, ce ratio a été évalué à 72%, soit au-delà du soutenable. Le ratio dette /recettes intérieures dons compris, est passé de 45% à 52%. En 2022, le correctif budgétaire adopté le 16 septembre était évalué en recettes et en dépenses à 1875,8 milliards. Pour 2026, il est prévu un budget de 2740,5 milliards, soit une augmentation de 46% sans que ni la grille indiciaire des fonctionnaires et autres agents de l’État n’ait connu une amélioration, ni que le pouvoir d’achat de la population soit impacté d’une manière significative. Même les allocations familiales n’ont pas changé. Tous les indicateurs de l’équilibre économique clignotent au rouge. Tous les projets prioritaires prévus pour la feuille de route du 2020-2025 n’ont pas été effectivement réalisés et personne ne peut mesurer l’efficacité et l’efficience de ce programme sur la base des moyens qui ont été utilisés. 

Parallèlement, pour le programme du gouvernement 2025-2027, la nouvelle trouvaille s’articule autour des thèmes suivants: la compétitivité inclusive, la justice sociale, la modernisation de l’économie et le progrès partagé. Des termes ronflants dont personne ne peut mesurer à la fin de la période d’exécution l’impact sur le bien-être de la population et les performances de l’économie. Tous ces programmes depuis 2014 s’apparentent à une distribution de la rente qu’à un levier propre de développement économique.

Depuis l’avènement de la 5e République, le pays avance apparemment sans boussole. Tout se passe comme si le Togo ne fait que tourner en rond. Les institutions de contrôle fonctionnent sans justice ni responsabilité et donnent l’apparence d’un système bloqué, avec les mêmes méthodes, les mêmes acteurs et les mêmes dérives.

Un pays en fracture institutionnelle marqué par un effritement des liens sociaux et culturels. Tous les piliers de l’État sont presque dans l’immobilisme.

Le pouvoir politique semble être sans vision, sans responsabilité, sans opportunité avec des promesses sans lendemain. Il n’y a que des slogans.

Pour bâtir, il faut un plan. Il y a une différence entre un slogan et un programme, encore moins une stratégie de développement. Pendant longtemps on a assisté à la manipulation de l’émotion à travers les discours sur le plan de développement sans aucune programmation des étapes avec des indicateurs mesurables. 

En tout état de cause, diriger veut dire assumer, transformer les obstacles en leviers d’action pour des résultats. D’où la nécessité de travailler dans la concertation et la conciliation, au risque de trahir et décevoir les générations futures. 

Il faut noter que l’absence d´une vision partagée pour une politique souverainiste est plus que visible.  Tous les intellectuels, tous les cadres de l’État, au lieu de s’engager pour la justice, cherchent plutôt à plaire au pouvoir. D’où la nécessité d’une révolution de l’esprit. Malheureusement, beaucoup de situations qui devraient interpeller la conscience collective sont passées inaperçues. C’est regrettable que le cas de la sage-femme Grâce Koumayi n’a pas interpellé la conscience des juges togolais, de même que les agressions de Guy Marius Sagna et de la députée Kafui Adjamagbo Johnson. Même la grève de la faim des détenus politiques entamée depuis le 8 décembre dernier n’émeut personne.

 La déshumanisation des prisonniers et détenus politiques a atteint un niveau qui les obligés à faire ce sacrifice afin que leur cause soit entendue. 

A cette allure on est en droit de se demander quelle est la vision du pouvoir des dirigeants du pays pour les 5 prochaines années. 

Malheureusement, On se rend à l’évidence qu’apparemment ils n’ont plus rien à construire à voir les prévisions des investissements, alors que tout est à refaire. 

Les inégalités explosent, l’économie stagne et la dette étranglé. De même, le pouvoir ne semble plus rationnel et le peuple traverse une crise existentielle. Dès lors, Il accepte une paix imposée par le silence et par l’épuisement. 

Mais attention, car c’est dans des périodes de calme apparent comme celui-ci que naissent les grandes révolutions, surtout quand personne n´y croit plus. Dans ces conditions, le peuple devient exigeant sur les valeurs de dignité, de liberté et de souveraineté qui deviennent les leviers qu’il lui reste. C’est là qu’il devient incontrôlable. 

La constitution de la 5e République dans son essence ressemble à une arnaque, dont l’application achoppe à plusieurs niveaux. Tout le discours n’est qu’un ensemble de construction des gens qui n’ont plus rien à offrir, si ce n’est la fraude électorale, la fraude fiscale, la fraude financière et la fraude judiciaire. Leur dénominateur commun est le cumul de fonctions, de richesses et la haute trahison. On assiste partout à la violation du serment, au non-respect de la constitution et des dispositions réglementaires. Les partis politiques mis sous éteignoir, les syndicats, la société civile et des familles désorganisées, la grille indiciaire bloquée. Le pouvoir d’achat ne fait que baisser depuis et le sous-emploi endémique gagne du terrain. 

Il est universellement admis que pour une dictature «la fin  justifie les moyens.» Cependant il faut reconnaître que les fruits de la feuille de route gouvernementale 2020-2025 ont trahi l’espoir de la floraison. Elle a plutôt laissé une ardoise très salée pour les générations présentes et futures. De plus, la manipulation, l’indignité et l’indécence sont devenues des chaînes qui maintiennent le peuple togolais dans la soumission, avec la complicité de l’oligarchie internationale. 

En conclusion, nous dirons que la perception du pouvoir est aussi cruciale que le pouvoir lui-même. D’une manière générale, la stabilité d’un pouvoir dépend de sa capacité à combiner la raison et la force, la maîtrise des subtilités de l’autorité et le respect des principes. Depuis 2014, on assiste à une normalisation des échecs de tout le projet de société de M. Faure Gnassingbé entamé en 2008 avec le DSRP-I . Nous osons croire que le DPBEP 2025 – 2027 ne sera pas le cache-sexe malodorant pour la fin du cycle. 

OURO-AKPO Tchagnaou, président du mouvement Lumière pour le Développement dans la Paix (LDP)

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