Au Togo, les autorités présentent la justice réparatrice comme un axe central du processus de réconciliation nationale engagé depuis plusieurs années. À travers le mécanisme d’indemnisation des victimes des violences sociopolitiques, l’État affirme vouloir aller au-delà de la reconnaissance des torts, en privilégiant la réparation des préjudices subis et la restauration du lien social.
Mis en œuvre par le Haut-Commissariat à la réconciliation et au renforcement de l’unité nationale (HCRRUN), ce programme vise les victimes des violences survenues entre 1958 et 2015. Selon les données officielles, les indemnisations accordées s’inscrivent dans une démarche de justice transitionnelle, destinée à apaiser les mémoires et à prévenir la résurgence des tensions sociopolitiques.
Reconnaissance des préjudices et mécanismes institutionnels
Les autorités expliquent que les préjudices subis par les victimes ont été identifiés et évalués à travers des mécanismes institutionnels établis. Les indemnisations prennent en compte différentes formes de dommages, notamment les pertes humaines, les atteintes physiques, les traumatismes psychologiques et les destructions de biens.
Le gouvernement présente cette reconnaissance officielle comme une étape importante du processus de réparation, permettant aux victimes, selon lui, de retrouver une place pleinement reconnue au sein de la République.
Des montants chiffrés avancés par l’État
Sur le plan financier, l’exécutif met en avant des montants qu’il qualifie de significatifs. Selon les chiffres communiqués, près de 30 milliards de francs CFA ont été mobilisés en dix ans pour financer les indemnisations et réparations liées à la justice transitionnelle.
Le fonds spécial d’indemnisation, géré par le HCRRUN, aurait réuni 29,6 milliards de francs CFA sur huit phases de paiement. Sur ce total, 24,8 milliards auraient été consacrés directement aux réparations. Les indemnisations financières représenteraient 23,6 milliards de francs CFA, tandis que 832 millions auraient été alloués aux réparations communautaires, 203 millions aux réparations mémorielles et 144 millions aux bourses d’études destinées aux orphelins des victimes. Les dépenses de fonctionnement sont, quant à elles, estimées à 4,8 milliards de francs CFA sur la période.
Toujours selon les chiffres officiels, 33 331 victimes ont été indemnisées depuis le démarrage du programme en 2017.
Un processus salué par les autorités, observé avec prudence
Le gouvernement estime que ces indemnisations contribuent à la consolidation de la réconciliation nationale et au rétablissement de la confiance entre l’État et les citoyens. Il présente la justice réparatrice comme un outil de paix durable et de cohésion sociale.
Toutefois, des acteurs de la société civile et certains observateurs soulignent que les indemnisations financières, bien qu’importantes, ne suffisent pas à elles seules à répondre à l’ensemble des attentes en matière de vérité, de justice et de garanties de non-répétition. Ils appellent à une évaluation indépendante de l’impact réel du programme et à la poursuite des réformes institutionnelles.
Entre bilan chiffré mis en avant par les autorités et interrogations persistantes sur les effets à long terme du processus, la justice réparatrice demeure un enjeu central du débat sur la réconciliation nationale au Togo.


