Rixe entre Eunice Zounon et son compagnon Ténor, buzz ou réalité ?

Depuis hier, circulent sur internet la vidéo d’une violente bagarre entre la colleuse de vidéos ivoirienne Eunice Zounon et son supposé compagnon le chanteur camerounais Ténor. Ces genres de scènes, loin d’être des épiphénomènes marginaux, sont de grands révélateurs de l’état actuel de notre société.

Cette vidéo, qui semble banale, compte tenu du grand nombre de contenus au moins similaires qui circulent partout sur internet, me montre trois prismes.

 Primo : au cas où il s’agit d’un buzz, comme beaucoup l’affirment. Si cette hypothèse est vraie, il faudrait qu’on s’interroge et s’apitoie déjà sur l’avenir de l’art et de ceux que nous appelons maintenant artistes dans notre continent. Parce que si un jeune chanteur et une jeune humoriste, tous deux âgés de moins de trente ans, sont déjà convaincus que ce n’est pas en travaillant dur pour perfectionner leur art qu’ils réussiront à faire parler d’eux, mais plutôt en montant des scènes de toutes pièces pour être à la une, c’est que nous n’avons plus d’artistes.

Secundo : au cas où cette vidéo est vraie. On comprend donc que les réseaux sociaux, une fois de plus, ont été de très mauvais conseillers, puisque si ce couple s’est formé, c’est en grande partie à cause des commentateurs sur les réseaux sociaux qui les obligeaient, les encourageaient sinon, à se mettre ensemble. On retiendra donc la leçon aussi classique que simple selon laquelle on ne se met pas ensemble pour faire plaisir aux autres.

Tertio : la xénophobie entre Africains. Depuis hier, sous les publications, on assiste à des tirs groupés entre Ivoiriens et Camerounais, chaque pays prenant partie pour sa fille ou son fils. On peut donc lire des Camerounais s’indigner : « Avec toutes les femmes ici au Cameroun, pourquoi c’est en Côte d’Ivoire que Ténor est parti chercher une compagne ? » « Qui a envoyé Ténor en Côte d’Ivoire ? », « Il cherchait quoi avec une Ivoirienne ? » … Et aux Ivoiriens de riposter : « Eunice ne vaut-elle pas mieux qu’un homme camerounais ? », « Qu’est-ce qu’elle trouvait même à un Camerounais ? », « Tomber si bas jusqu’à choisir un Camerounais ? » …

On ne peut plus aujourd’hui nier l’influence des réseaux sociaux dans nos vies, même dans leurs fragments les plus intimes, et les caméras des smartphones sont devenues des prolongements des corps de certains parmi nous.

A chacun de savoir prendre ses précautions, parce qu’au-delà des likes et des commentaires fugaces des internautes, de ces quarts d’heure de gloire virtuelle dont nous nous gavons devant nos pages, il y a une vie réelle qui mérite d’être protégée, une réputation à soigner, et des hommes et femmes, en chair et en os, cette fois-ci, autour de nous à épargner dans leur dignité.

David Kpelly

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