Dans son nouveau livre, titré « Mémoire d’outre-haine » publié en mars dernier aux éditions Locus Solus, le Franco-togolais raconte le racisme qu’il a subi lorsqu’il était maire, député…en France et montre que le phénomène existe et bel et bien.
Kofi Yamgnane, ex-Secrétaire d’État français à l’intégration et à l’action humanitaire sous la présidence de François Mitterrand, révèle dans son livre, les lettres anonymes aux relents racistes qu’il reçut au cours de sa carrière politique. Qu’il continue de dénoncer à travers des contes sur fond de morale dans son ouvrage.
« J’ai opté pour le modèle du conte africain, éducatif et moral, que j’ai connu quand j’étais petit. Cinquante-deux contes pour cinquante-deux veillées hebdomadaires, donc une année. C’est une façon de montrer qu’être intégré, ce n’est pas seulement adopter sa culture d’accueil, c’est aussi l’enrichir », justifie l’auteur.
Et d’enchaîner : « À l’origine, le conte est oral ; ici il est écrit parce que la France est un pays où tout est écrit. C’est une façon de respecter mes deux cultures. Qui ne sont d’ailleurs pas si éloignées l’une de l’autre : en Bretagne aussi il y a une tradition de contes, comme dans le pays Bassar, d’où je viens. Cela a dû faciliter mon adoption ».
L’opposant au régime togolais souligne qu’il a voulu « raconter sans haine ni colère » son histoire vécue « parce que, au final, les gens qui m’ont envoyé les lettres qui sont reproduites dans le livre m’inspirent surtout de la pitié ».
A l’époque, se souvient-il, ces lettres violentes lui ont beaucoup de fait du mal. Il lui a fallu beaucoup du temps pour ne plus ressentir leurs effets, raconte-t-il.
Kofi Yamagnane est arrivé en France en 1964. Ingénieur de formation, il a été élu de Saint-Coulitz sous la bannière du Parti socialiste (PS) en 1989, devenant ainsi le premier maire noir d’origine africaine au pays du Général Charles de Gaulle.