Le parti des déshérités a sa large base dans les milieux ruraux.
Traditionnel et traditionaliste, son mentor a imposé à ses membres, une culture du débat contradictoire, je dirais consensuel.
Cette manière d’être et de faire tire sa sève nourricière de l’arbre à palabre, de nos villages, sous l’autorité de la chefferie.
Pour organiser ce rendez-vous d’échange et de partage sur les affaires de la cité, le messager de nuit invite la population au son du gong.
L’heure tardive à laquelle il gongonne, épouse parfaitement la ligne du calme nuptial, nocturne et l’annonce d’un débat virile et douce.
Le jour de la rencontre, c’est le messager de jour, chargé de la communication qui est l’intermédiaire entre les administrés et le chef ; logique et mythique, car un roi Ewé parle peu.
Il n’est pas un homme comme tous les autres, mais un être qui est à la frontière des dieux et des hommes.
Le communicateur lui-même est surveillé par la déesse de la parole qui lui transmet l’ART DU DIRE, la beauté divine qui fait parole.
Tous les mots sont choisis avec minutie, chantés et forcent à la réflexion.
Les paraboles qu’il utilise à satiété exigent de l’assemblée qu’elle aille puiser dans ses réserves, c’est-à-dire dans le grenier de l’écoute, de l’actionnement du mental, de l’éveil du corps et de l’esprit.
Voilà la façon dont il communique.
À leur tour, les membres prennent la parole et communiquent en imitant “la langue du roi.” C’est l’apprentissage de la communication respectueuse de l’autre qui est ainsi en marche.
En bon “villageois,” voilà comment le leader du CAR s’est inspiré de la tradition pour outiller ses partisans à la prise de la parole en public.
Dans son langage, il n’utilise pas d’insultes, il ne calomnie pas, apaise, respecte, consent quand il le faut et sans se compromettre, contredit et s’impose sans dénigrer, quand vient l’heure.
Les membres de son parti ont assimilé la leçon. Ainsi, est-il rare de les voir donner des coups de poing en dessous de la ceinture.
Le « legacy » du Maître est donc la Gentlepolitic.
Voilà pourquoi fait-il du dialogue, son arme politique fatale.
Le CAR a intérêt à cultiver cet héritage rare et le partager avec les autres Togolais, surtout en ce temps où dans les échanges politiques, les noms d’oiseau fusent de partout et de nulle part.
Le rassemblement autour de l’objectif de libération du peuple togolais en dépend.
Se Togoata Osagyefo Asafo