Togo-L’échec de la concertation impose une autre voie

Il s’est fait déclarer vainqueur de l’élection présidentielle de février 2020 à presque 71% des voix. Une écrasante victoire que Faure Gnassingbé peine à savourer pleinement, près de dix-huit mois après son investiture. Il se sait dans un quatrième mandat illégitime et rejeté par la grande majorité du peuple, comme l’était déjà son troisième obtenu au forceps et dans une immense douleur de ses concitoyens.

Quand on prétend avoir écrasé ses adversaires dans une compétition électorale, comment comprendre que celui dont le président de la Cour constitutionnelle s’est réjoui de la victoire, juge indispensable d’ouvrir un dialogue avec ses compétiteurs ? L’incongruité de la démarque cache mal une reconnaissance de fait, d’avoir créé un désordre qui conduit la société togolaise dans une souricière.

Les résultats insignifiants de ce dialogue ont douché les attentes des partenaires occidentaux à qui le régime voulait adresser un message de responsabilité et d’ouverture politique, histoire de brouiller encore un peu plus les cartes et de vendre l’habituelle illusion de démocratisation du régime.

Les partenaires avaient placé dans cette concertation, sinon un espoir, du moins l’attente de signes tangibles d’apaisement de la vie politique. Confortés par les promesses du régime, ils ont apporté leur contribution publique par un communiqué de soutien à la concertation. Au final, le niveau foncièrement décevant des résultats de ce dialogue jette encore au grand jour la ferme volonté du régime de ne rien céder qui puisse s’apparenter de près ou de loin à une ouverture démocratique qui menacerait son pouvoir.

Les partenaires doivent enfin comprendre que le peuple togolais n’acceptent pas d’être malmené avec des instruments de démocratie pour être davantage enfermé dans un régime répressif et être privé de liberté et des droits les plus fondamentaux.

Actuellement, le régime est à bout de souffle et cela se voit. Pour le moment, l’opposition aussi peine à se relancer dans la lutte et cela est une évidence. C’est justement cet immobilisme général de la vie politique qui est la voie par excellence qui conduit dans la dangereuse impasse où foisonnent tous les risques.
L’échec de la concertation impose une autre voie. Si l’on ne veut pas être surpris par une situation extrême, très prévisible au demeurant, il incombe que le régime trouve le courage de lancer, de la manière la plus solennelle et la plus sincère, les assises nationales qui déboucheront sur une transition démocratique. Et cela est plausible ! C’est la voie de la raison.

Comme les partenaires du Togo se montrent concernés par la situation, s’ils veulent faire œuvre utile, c’est cela qu’ils doivent fortement recommander au régime togolais. C’est cette anticipation salvatrice qui évitera l’autre voie inéluctable, celle de la force brutale – dans certains pays cela prend la forme d’un coup d’Etat – où celle, encore plus imprévisible, de la mobilisation populaire. Beaucoup de Togolais n’en pensent pas moins.

Quoi qu’il en soit, les Togolais qui n’attendent pas que d’autres fassent le travail à leur place, continuent à réfléchir à la manière la plus appropriée de mettre un terme à l’insupportable impasse dans laquelle tout le monde se retrouve aujourd’hui à l’étroit.


Gamesu

Nathaniel Olympio
Président du Parti des Togolais

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