Au Togo, le laxisme et la largesse délibérée que le pouvoir de Lomé prend avec ses propres textes ont fini par plomber la gouvernance. Tout se passe de sorte que rien n’est respecté. A cette allure, plus personne ne peut prendre au sérieux l’Exécutif togolais. Ce qui se passe actuellement avec la fameuse Délégation Spéciale Consulaire de la Chambre du Commerce et d’Industrie du Togo est une énième preuve du désordre ambiant incarné par le pouvoir togolais.
En réalité l’arrêté N°052/MCICL/SG portant création de la Délégation Spéciale Consulaire de la Chambre du Commerce et d’Industrie du Togo en date du 14 décembre 2020 en son article 3 stipule clairement « la Délégation Spéciale Consulaire de la Chambre du Commerce et d’Industrie du Togo a pour principales missions : la gestion des affaires courantes et urgentes de la chambre consulaire, l’organisation de nouvelles élections consulaires et le benchmarking dans la sous-région pour s’inspirer des meilleures pratiques afin de procéder à la relecture de tous les textes de la Chambre du Commerce et d’Industrie du Togo. La durée de sa mission est de trois (03) mois renouvelable une fois à compter de la date de la nomination des membres ». Par un autre arrêté N°002/MCIL/SG en date du 05 janvier 2021, il a été mis en place une Délégation Spéciale Consulaire pour un mandat de trois mois renouvelable une fois. Cette Délégation qui a pris fonction le mercredi 6 janvier dernier, a à sa tête Nathalie Manzinèwè Bitho (Présidente), 1er Vice-Président Clément Mawuli Ahialey, 2ème Vice-Président Samuel Tibolieb Sanwogou.
A la cérémonie de passation de charges avec le Bureau Exécutif sortant, Mme Bitho avançait que c’est une nouvelle ère qui s’ouvre et les opérateurs économiques sont en droit d’espérer, car la Délégation Spéciale Consulaire (DSC) travaillera dans le strict respect de son cahier des charges, afin d’organiser les élections consulaires dans le délai fixé, ce qui permettra à la prochaine assemblée consulaire, de se mettre à l’œuvre pour poursuivre les nombreux chantiers engagés par le Bureau Exécutif sortant. Elle s’est félicitée du travail abattu par les membres de ce Bureau Exécutif, afin de donner à la CCIT les moyens de remplir ses missions.
Au bout de six mois réglementaires qui finissaient le 06 juillet 2021, pratiquement rien n’a été fait. Les membres de cette Délégation profitent juste des prébendes et jouent finalement au chrono. A la réunion d’échanges avec les Associations Professionnelles le 17 août dernier, des acteurs ont exprimé leur ras-le-bol relativement à la navigation à vue qui caractérise cette gestion intérimaire.
Alors que certains pensaient que finalement Nathalie Bitho et compagnie allaient enfin s’occuper de l’essentiel, c’est plutôt le conseil des ministres du 22 septembre qui annonce la prorogation de six mois du mandat de cette Délégation Spéciale après « analyses et évaluations de l’objectif final ».
Ceci en violation flagrante de l’arrêté portant création de la DSC de la CCIT. Tout a l’air d’une plaisanterie. Il suffisait d’un suivi accru des activités de la DSC par le ministre du Commerce en toute responsabilité pour que les trois premiers mois permettent de tout finir avec cette exception.
Simple délégation de trois mois, on prend finalement douze mois et rien ne prouve que cette pagaille va s’arrêter dans ce nouveau délai. Dans ce pays, des Délégations Spéciales à la tête de nos communes ont duré près de deux décennies au lieu de six mois avec les dégâts irréparables.
Pourtant, la CCIT est la principale interface entre le secteur privé et les pouvoirs publics. Elle a une mission consultative et représentative, et assure également des missions de conseil, d’appui, d’information, de formation et de gestion de services industriels et commerciaux. Plus cette exception Bitho traîne, c’est le cœur de l’économie qui en pâtit. Parties pour un mandat de trois mois, Bitho et compagnie en feront au moins quatre. Triste Togo !
Honoré Adontui
Source : Le Correcteur / lecorrecteur.info