Charles Debbasch, constitutionnaliste français décédé le 08 janvier dernier vivait au Togo depuis une vingtaine d’années. Devenu citoyen togolais, il était le Conseiller juridique du feu président Eyadema, puis Conseiller spécial de son fils, Faure Gnassingbé, qu’il a justement aidé à tour de bras pour hériter du fauteuil présidentiel au décès du père en 2005. Appelé « médecin du droit », Charles Debbasch est l’un des personnages principaux de l’enracinement du régime de père au fils au Togo.
Le juriste mercenaire
Juriste émérite et homme de pouvoir, Charles Debbasch a été l’homme à penser de nombreux chef d’états africains. Au Maroc, il a participé à une équipe de juristes (1981 à 1985) chargé d’assurer la formation en droit du prince héritier et désormais roi Mohammed VI. On le retrouvera également en Côte d’Ivoire aux côtés des présidents Félix Houphouët-Boigny et Henri Konan Bédié.
A la fin des années 90, l’ex-doyen affiche sa proximité avec le président du Gabon, Omar Bongo et participe à la rédaction de la nouvelle constitution de la République du Congo. D’ailleurs, selon certaines informations, c’est l’ex président gabonais qui lui aurait facilité l’entrée dans l’entourage du général Eyadéma. Très vite, il va devenir un homme important du régime.
L’encre Debasch au Togo
Après les élections entachées de violences de 2005, Faure Gnassingbé, s’est empressé de nommer par décret Debbasch «conseiller spécial». Il était tout simplement l’un des ouvriers de l’accession à la magistrature suprême du fils à Eyadéma. « Il va contribuer à lever l’hypothèque de la limitation du nombre de mandats. Il fait modifier la Constitution -article 59 à l’époque- afin que Eyadema père puisse briguer un troisième bail… Et ensuite –et ça c’est l’un des épisodes à la fois les plus théâtraux et les plus révélateurs du rôle et de l’influence de Charles Debbasch– c’est lui qui orchestre la pantalonnade de la succession en 2005, au lendemain du décès de Gnassingbé Eyadema, puisqu’on s’en souvient peut-être, dès le lendemain du décès, il y a modification de la Constitution et du Code électoral », explique Vincent Hugeux, journaliste et auteur de l’essai «Tyrans d’Afrique, les mystères du despotisme postcolonial».
Agrégé de droit public, l’universitaire Charles Debbasch était prêt à assouvir l’appétit glouton du pouvoir de bon nombre de chefs d’Etats africains ainsi que celui de leurs descendants au détriment des aspirations des peuples. Même si Paris disait qu’il ne roulait que pour lui-même, l’homme a été vu « parfois partager la table du chef de poste de la DGSE (direction générale de la Sécurité extérieure), le service de renseignement extérieur de la France ». Il faut dire que Charles Debbasch avec son rang au sein du régime cinquantaine du Togo, « était pratiquement dans la tête des dirigeants du pays », affirme un observateur.
Le décès du gourou crée la panique
En effet, celui qui est surnommé dans l’entourage de Faure Gnassingbé le doyen est au courant de tout. Pour certains anciens caciques du régime, son rôle était même « envahissant ». «Nominations au gouvernement ou au Conseil constitutionnel, projets de loi ou décrets, tout devait être d’abord validé par Debbasch», témoignait Agbéyomé Kodjo dans le journal Libération du 18 février 2005.
De ce fait, le juriste français connaitrait bien de secrets de l’Etat togolais. Il n’est pas étonnant que sa maison à Lomé soit mise sous scellé dès son décès. « Dès l’annonce de son décès, des gendarmes sont allés chez lui pour saisir le matériel informatique et mettre sous scellé sa maison », ont rapporté plusieurs média. Contacté par Rfi, le procureur de la République a laissé entendre que la nécessité de mise sous scellé vient d’une procédure contre sa compagne qui vivait avec lui et de conclure : « je ne peux pas en dire plus ».
Mais selon plusieurs observateurs, la mise sous scellé du domicile du « doyen » ne serait qu’un moyen pour les autorités du pays « de s’emparer des dossiers sensibles et compromettants avant qu’ils ne tombent dans les mains de n’importe qui ». En novembre dernier, certaines informations ont fait état de l’opération en urgence d’une infection abdominale grave de Charles Debbasch au Centre Hospitalier Universitaire Sylvanus Olympio (CHU-SO). Et alors qu’il séjournait à l’hôpital, des individus supposés appartenir aux forces de défense et de sécurité seraient intervenus dans la maison une première fois. Ils auraient emporté certains documents.
De sources proches du pouvoir, il revient que « le vieux » avait pris soin de placer deux jeunes juristes français au service de Lomé quelques années plus tôt avant de passer au trépas. Mais ces jeunes mercenaires seront-ils à la hauteur de l’éminence de celui qui a été l’un des plus jeunes juristes agrégés de l’hexagone, surtout en ces moments ci où le régime de Faure Gnassingbé a décidé de ramer à contre courant de l’élan démocratique en cours sur le continent africain.
Source : FRATERNITE
Debash est mort, vive Debasch. Ce qui est toutefois etonnant c’est la mise sous scelle de son domicile sans aucun respect pour sa memoire encore moins pour sa famille endeuillee et le procureur qui se prononce si maladroitement sur le dossier: qui en voudrait a veuve son epouse. L’ultime question enfin c’est quoi ces secrets d’etat de Debasch detenait a son domicile