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De la nécessité de dépasser le concept du panafricanisme !!!

Depuis la résurgence des crises en Afrique, notamment en Afrique francophone de l’ouest, le concept du panafricanisme a refait surface avec une saillance remarquable dans les débats sur les chaines de télévisions, de radios ainsi que dans les réseaux sociaux.

D’aucuns accusent les fameux panafricanistes d’entretenir au sein de l’opinion, un sentiment dénommé “anti-français” qui signifierait une sorte de rejet de la France, en tant que colonisateur d’hier et néocolon d’aujourd’hui qui serait la cause principale des maux dont sont victimes les peuples de cet espace.

Du coup, je me suis un peu intéressé au sens que peut revêtir un tel concept. Il semble que le panafricanisme est le fait pour les intellectuels africains de revendiquer une identité propre à l’Afrique regorgeant des individus ayant droit à une culture, à la liberté, à l’émancipation et la possibilité de décider par eux mêmes de leur propre devenir.

Si c’est vraiment le cas, il me semble qu’il n’est plus convenable de parler de panafricanisme, mais plutôt de l’humanisme tout court. En lieu et place d’être des panafricanistes, cherchons donc à être humains au sein plein du terme. Pourquoi ?Justement c”est parce que les droits inhérents à la vie de l’espèce humaine sont compromis, entamés, torpillés, brimés que toutes les secousses qui caractérisent la vie sociale et politique dans nos pays, ont lieu de nos jours.

Que recherche un être humain une fois qu’il compte parmi les vivants? Assouvir son besoin premier qui est de disposer du pain adéquat, ensuite un logis décent, avoir accès à une éducation saine et jouir d’un écosystème social où sa liberté de penser et d’agir caractéristique de l’espèce humaine lui est garantie sans entraves. Ceci suppose une culture de la justice et de l’équité qui offre aux citoyens, l’environnement adéquat où ils pourront mener convenablement leur vie tout en se rendant utiles par les actions en fonction de leur potentiel, de leurs atouts et compétences etc.

Dès l’instant où ces fondamentaux font défaut, rien que par la faute soit des dirigeants ou des personnes tierces venues de l’extérieur, il est idiot d’empêcher les humains, citoyens d’un pays de les revendiquer, car ce sont eux qui donnent sens et raison à leur existence.

Au regard de tout ceci, le panafricanisme me parait réducteur et même stéréotypé aujourd’hui. L’enjeu pour les peuples brimés, trichés, spoliés et même clochardisés, que ce soit en Afrique ou ailleurs, est d’œuvrer pour retrouver leur humanité qui fonde leur existence. Et c’est simplement de bonne guerre, à moins pour des esprits malins de dire qu’il est normal et acceptable pour un être humain, né avec toutes ses facultés en place, de se faire compter parmi les humains, sans un minimum de droits et d’aspirations. Or que constatons-nous en vérité ?

Des gens, supposés être choisis par leurs semblables, en vue de leur garantir ces fondamentaux donnant sens à une vie humaine minimale, se muent en de vrais traîtres qui pillent les fruits du labeur de leurs propres frères et sœurs, privilégient la richesse matérielle à la vraie richesse que constitue par essence l’être humain lui-même, se confondent au pouvoir au point d’en faire une fin en soi plutôt qu’un moyen de servir la cause humaine et vont jusqu’à se montrer indifférents devant la mort par dizaines et par centaines de leurs semblables à cause d’un fléau non pas naturel mais provoqué, en l’occurrence le terrorisme.

Le drame en vérité se trouve là, car la nature humaine exige de l’homme un sens de responsabilité qui le contraint, une fois qu’il a la mission, d’agir corps et âme, pour sauver autrui et lui garantir la vie ainsi que le minimum vital requis. Celui qui se montre indifférent devant ces défis ou simplement complaisant, qu’il soit français ou africain, n’est pas digne du pouvoir, simplement parce qu’il fait preuve d’inhumanité.

Ainsi, pour le citoyen, chercher à tout prix à assumer son humanité relève en vérité du simple bon sens et y voir un mal au point de trouver à redire, est naturellement inhumain.

Luc Abaki

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Akanga
Akanga
February 16, 2022 7:58 pm

Vaste débat.

L’autre jour, un texte titré “L’Afrique n’a besoin de personne” a été publié sur ce site. Je n’ai pas très bien compris la finalité de cet article au ton assez polémiste qui cherchait avant tout à casser du panafricaniste.

Je me suis demandé pourquoi l’auteur ne commençait pas par définir le panafricanisme!

Ici donc Luc Abaki propose une définition pour ce concept qui peut être compliqué à cerner et peut se décliner sous diverses formes.

L’auteur pense que le panafricanisme s’élargit en devenant humanisme. Mais certains pourraient penser l’inverse. L’humanisme lui-même semble un concept compliqué à définir. On comprend très bien la finalité de l’article. Mais si on ajoute la dimension culturelle et historique, alors de mon point de vue, il faudrait distinguer les deux concepts Humanisme et Panafricanisme.

Car l’humanisme tel que l’entendent les européens revendique un héritage gréco-romain. Or le panafricanisme revendique aujourd’hui un héritage beaucoup plus ancien. Puisque l’Afrique est le berceau de l’humanité., aussi loin que la science peut remonter à ce jour. Des civilisations y ont pris naissance et prospéré au moins jusqu’au Moyen-âge.

C’est cet humanisme qu’il faut répandre dans les pensées.

Le sujet peut devenir rapidement très technique, “un débat d’universitaires” donc !

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